Première fois

Véronique Pollet

Quand ma plume se fait sensuelle

Julie avait trouvé l’annonce dans le petit journal local : « si la première fois vous inquiète, contactez-nous – discrétion garantie ». Elle l’avait découpée soigneusement et mise dans son portefeuille. Depuis, elle ne cessait d’y penser, connaissait le numéro par cœur, l’avait déjà composé fébrilement des dizaines de fois tout en raccrochant précipitamment dès la première sonnerie. Aujourd’hui, c’était son anniversaire. 25 ans. Il était temps. Aujourd’hui elle avait tenu bon et résisté à la tentation de claquer une fois de plus le téléphone. Un peu prise de court, une voix féminine et chaude lui avait proposé un rendez-vous pour l’après-midi même, 16h. Plus moyen de reculer. Elle avait pris une longue douche, s’était lavé les cheveux avec soin, coupé les ongles court et propre. Une légère touche de maquillage, et la voilà devant la porte d’une petite maison bourgeoise, géraniums aux appuis de fenêtre, sonnette à l’ancienne avec corde de cuivre à tirer. Elle hésitait encore, légèrement tremblante, quand le regard autant réprobateur que curieux du vieux monsieur passant sur le trottoir, la força à se décider. La porte s’ouvrit immédiatement avec un léger clic. Elle pénétra dans un couloir assez sombre, quelques marches en marbre blanc et la voilà dans une pièce à la lumière tamisée, épaisse moquette qui avale les talons et assourdit les bruits. Une table basse en bois et des canapés en cuir souple et profond. Assise d’une fesse timide, genoux serrés, mains sur son sac comme une petite vieille, elle attendait tout en sentant la sueur couler le long de ses reins. Elle n’entendit pas entrer la toute jeune fille, habillée de noir, pantalon moulant, chemisier en soie légèrement échancré, chaussures plates, les yeux et les cheveux tout aussi noirs, mais un sourire avenant. « Bonjour Julie, lui dit-elle d’une voix chantante, vous venez pour votre première fois ? Je m’appelle Aïcha» Malgré sa jeunesse, Julie se sentit immédiatement en confiance et lui répondit oui timidement.

« Suis-moi, dit Aïcha, nous allons te préparer » Elle prit Julie par la main, sa peau était douce et soyeuse. Julie avait presque envie de la goûter. Dans la pièce à côté, la même moquette, la même lumière, un banc et porte manteau. « Je vais t’aider » dit Aïcha en déboutonnant le manteau de Julie et le posant sur le porte-manteau. « Laisse-moi faire ». Tout en lenteur et délicatesse Aïcha déshabilla Julie, prenant le temps de plier soigneusement chaque vêtement. Elle dégrafa le soutien-gorge de coton blanc de Julie en effleurant sa poitrine menue avec tendresse. Pour lui enlever sa petite culotte blanche de petite fille sage, elle s’agenouilla la fit glisser tout en en douceur. Comme des plumes légères, ses doigts survolèrent sa toison blonde et humide.  Julie frissonnait sous ses caresses légères, sa respiration se faisait plus lourde. Bouche entrouverte, elle avait perdu toute notion du temps. Aïcha l’enveloppa dans un épais peignoir blanc et l’emmena dans la pièce principale dont la luminosité fit cligner Julie des yeux. Grande baie vitrée donnant sur un jardin minutieusement entretenu, plantes vertes luxuriantes et musique douce aux sonorités orientales mais pas envahissantes.

Julie ne voulait plus lâcher la main d’Aïcha. Elle se laissa guider jusqu’à un large et confortable banc de travail dans le même cuir souple que le canapé de l’entrée, mais tout en blanc cette fois-ci. Aïcha y étendit un essuie moelleux et y posa un coussin blanc. Elle ôta le peignoir de Julie et l’étendit sur le dos tout en la caressant. Ses mains passèrent sur chaque parcelle de peau, l’examinant de près, la respirant parfois. Elle écarta légèrement les jambes de Julie pour avoir accès à son sexe gonflé et tremblant.

« Ne t’inquiète pas Julie, la première fois est toujours un peu douloureuse, mais après, tu te sentiras tellement belle et légère. Tu es déjà tellement belle. Ton corps appelle la main et la caresse, à partir d’aujourd’hui, il sera ton meilleur ami et toi-même tu ne pourras te passer de le toucher » Ces paroles, prononcées sur un ton un peu hypnotique, amenèrent Julie à un niveau d’excitation inconnu pour elle. Elle était maintenant impatiente, ouverte et demandeuse. Quelle faim, quel désir.

Une odeur douce et sucrée envahit la pièce. « Encore cinq minutes de patience Julie et je m’occupe de toi ».

Les cinq dernières minutes. Julie ferma les yeux et attendit.

L’odeur se faisait plus pressante, presque écœurante.

Les mains expertes d’Aïcha la caressèrent encore un peu avant de la laisser seule avec son émoi.

« Maintenant » dit Aïcha

Le caramel chaud posé sur sa peau frémissante la fit gémir. Le geste sec d’Aïcha lui arracha un cri de plaisir. « Ne t’inquiète pas Julie, la première fois est toujours plus douloureuse, mais épilés au caramel, ta peau, ton sexe auront une douceur et odeur sucrés auxquels personne ne pourra résister. Pas même moi »




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