Protection

Cathy Galliègue

J'ai ouvert la porte et je suis tombée nez à nez avec un cheval de course, un pur-sang, un être solaire aux grands yeux jaunes-verts. Son casque de moto à la main, il a fait une sorte de pirouette sur mon paillasson, m'a offert un vrai sourire gentil.

Je l'ai vite fait entrer pour pas qu'on me le pique, mon homme idéal et tellement imprévu.

Il est fin, il est puissant, il est touchant. C'est un danseur étoile, un chat sauvage avec un regard d'enfant. Des cheveux châtains mi- longs caressent sa barbe de trois jours, un t-shirt laisse apparaître un bout de tatouage sur son biceps, et je devine à travers son jean râpé un petit cul à damner toutes les saintes. Pas une once de gras qui dépasse mais une grâce naturelle qui attrape chacune de mes cellules pour faire de moi une part de lui. Instantanément.


J'ai servi du Pommard dans des gros verres et je me suis assise face à lui dans le fauteuil crapaud bleu. Vautré dans le canapé, il buvait des petites gorgées, faisait tourner le pied du verre entre ses doigts, parlait peu, écoutait beaucoup et il souriait franchement.

Je le séduisais avec des mots assaisonnés, çà et là, de toutes petites manières.

C'était un homme d'une infinie sensualité, un homme qui ne drague pas, qui ne s'écoute pas parler, mais qui entend tout ce qu'on lui dit. J'avais ferré un contemplatif aux grands yeux bien ouverts et au sourire gourmand.


Pendant qu'il farfouillait dans la boîte à musique, je coupais des dés de fromage, les accompagnais de confis d'oignons, délicieux avec le Comté, présentais les tomates dans un joli bol, la terrine dans une petite assiette, je tranchais le pain et présentais le tout sur un plateau.

Massive Attack chantait « Protection ».

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