Quand entre deux voyages je poserai mes valises...
bluefrog
Quand entre deux voyages je poserai mes valises, de retour de Shanghai, de Hong Kong ou Séoul, je voudrai retrouver le meilleur des deux mondes. Je serai parisienne, ou j'essayerai de l'être – la ville est un remède au silence de l'âme, et mon âme je le sais tend à la solitude.
Au sortir du métro, entre une boulangerie et une librairie, un parking à scooters et une station Vélib', je pousserai la porte de bois d'un immeuble bourgeois. Dans la petite cour pavée, un voisin à la main verte – à moins que ce ne soit l'air libre, la pluie, ou mon absence ? – aura fait renaître les plantes mourantes que je lui aurai confiées. Un chat à la fourrure luisante me regardera entre deux pots en terre. Un escargot venu d'on ne sait où évitera de peu mes talons. Je ferai deux pas en avant, puis je reviendrai décoller le malheureux rampant et le mettre à l'abri pour quelque temps. Je croiserai les doigts pour ne pas entendre le lendemain matin le son écœurant d'un craquement de coquille.
A travers les grilles en fer de l'ascenseur, les étages défileront jusqu'au dernier, le mien.
Et lorsqu'enfin j'ouvrirai la porte de mon appartement, l'odeur familière de ma bougie à la figue ne masquera pas complètement le parfum pimenté du curry cuisiné la veille – promesse gourmande des repas à venir. La cuisine sera d'ailleurs dans le salon – ou le salon, dans la cuisine. Dans un coin de la pièce, une statue balinaise en bois sculpté sourira, énigmatique, entre deux plantes rescapées.
Le parquet tiède et vivant craquera sous mes pieds dénudés. Les murs blancs, hauts et lumineux, contrasteront avec les couleurs chaudes de mon ameublement.
La chambre sera petite mais confortable et il n'aura pas fallu user d'ingéniosité pour faire rentrer dans le placard l'ensemble de ma garde-robe.
Il n'y aura pas de baignoire dans la salle de bain. Mais depuis la douche, par la fenêtre sans vis-à-vis, je verrai les toits, les magnifiques toits en zinc gris de Paris, s'étendrent sous mes yeux dans toute leur immensité. Et lorsque la nuit tombera, lorsque les lumières unes à unes s'allumeront, à défaut d'apercevoir dans le ciel les étoiles noyées par la lueur de la ville, c'est dans la ville elle-même que je compterai les étoiles.
Une solitude très tendre, j'aime beaucoup.
· Il y a presque 9 ans ·isk
J'aime bien cette écriture : )
· Il y a presque 9 ans ·austylonoir
j'aime ton texte….. il me fait voyager dans le calme …..
· Il y a presque 9 ans ·nombredor75