Reflexion personnelle

Dominique Capo

Pensée philosophique

Ce matin, je souhaiterai partager cette petite réflexion personnelle ; à l'intérieur de laquelle je m'inclus évidemment :

  Quand on lit ce qui se publie sur les réseaux sociaux - images, textes ou vidéos -, chaque personne qui en est à l'origine part du principe que ce qu'il a à partager est intéressant. Elle s'imagine que ce qu'elle diffuse est susceptible de susciter la curiosité, la sympathie ou la colère. Chaque individu pense que ça a une certaine valeur ; qui n'est pas forcément financière, cela va s'en dire. Quand on se penche sur ce qui est divulgué, on se rend compte que chacun ou chacune est persuadé d'être original, différent, et donc méritant l'attention du plus grand nombre, méritant louanges ou vindicte puisque l'un ne va pas sans l'autre.

  Puis, quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit que tout ce qui est propagé n'est que banalité, insignifiance, platitude, quotidienneté. Rares en effet sont les personnes qui écrivent, montrent des images ou des vidéos sur lesquelles elles ont travaillé des heures, des jours, des semaines, davantage peut-être, durant, requièrent éloges ou condamnations. Rares sont les idées, les imaginaires, les réflexions, les raisonnements, les points de vue religieux, philosophiques, sociaux, humains, écologiques, économiques, etc. qui méritent d'être mis en avant. Tout le reste est à oublier aussitôt colporté. Et je ne parle même pas des fausses nouvelles, des rumeurs, des fake-news, de la désinformation, ou de la propagande qui y est propagée.  

Le pire est que tellement de gens ont besoin, ont envie, de croire à ces dernières. Comme s'ils s'y accrochaient viscéralement, désespérément, afin de donner un sens à leur existence. Comme si leur avis, comme si leur façon de considérer le monde, les autres, avaient plus d'importance que ceux de leur voisin, ou de l'inconnu qui poste quelque chose juste après eux. Comme si leurs commentaires, comme si leurs remarques, comme si leurs ajouts, comme si leurs explications, comme si leurs observations, avaient un quelconque poids ; une quelconque portée.  

Car il ne faut pas se leurrer, ceux et celles qui publient sur les réseaux sociaux ne sont là que pour flatter leur ego. Ce qu'ils diffusent n'a de signification que pour eux ; et éventuellement que pour leur entourage proche ; voire leurs connaissances. L'immense majorité de ses utilisateurs(trices) s'en moquent, s'en détournent, survolent ce qu'ils y ont mis parfois. Ce qu'ils y partagent, en fait, alimente leur désir de reconnaissance, de légitimation, de gloire. Ils ont l'impression que si le plus grand nombre se penche sur leurs textes, illustrations, court-métrages, leur vie n'en n'a que plus de prix. Leur réalité se transforme en vérité absolue. Leurs certitudes deviennent infaillibles, impossibles à remettre en cause.  

En fait, ils se croient devenir le centre du monde... Alors qu'ils sont isolés. En permanence penchés sur l'écran de leur téléphone portable, de leur tablette, ou le clavier de leur ordinateur - j'en fais parti car je ne suis ni meilleur ni pire que quiconque -, ils sont seuls face à eux-mêmes. Ils sont convaincus de partager des aspects remarquables de qui ils sont, de ce qu'ils font, de ce qu'ils pensent, au quotidien.

  Pourtant, non seulement, ça ressemble le plus souvent à des millions d'autres fractions de destinées, mais également ça se perd immédiatement parmi les monceaux d'éphémérités et de superficialités qui s'y croisent continuellement. Pourtant, ils s'acharnent jusqu'au ridicule, jusqu'au grotesque, à s'en démarquer. Déterminés, coute que coute, à se hisser au-dessus de cette masse d'individualités aux ardeurs exacerbées, ils contribuent à magnifier leur médiocrité. Ils se laissent bercer par la simplicité et la facilité teintée de trivialité. Ils se rendent complices de la marchandisation de leur existence ; transformés en consommateurs autant qu'en consommables à outrance. Tout en jurant leurs grands dieux qu'ils n'ont rien de commun avec ceux-ci. Et finalement, ils participent de leur plein gré à la déshumanisation de notre société, de notre civilisation.  

Oh, je suis convaincu que bien peu de gens prendront le temps de lire ce que j'ai rédigé ci-dessus. Ils ne trouveront pas d'intérêt à ce texte. Certains estimeront qu'il est trop long. D'autres penseront qu'il n'a pas sa place sur les réseaux sociaux. D'autres encore estimeront qu'ils n'ont pas de temps à perdre avec de telles futilités ; qu'ils ne sont là que pour se distraire ou publier leurs propres sujets. Tous et toute en tout cas, se précipiteront pour le remplacer par leurs propres publications qu'ils jugeront plus importantes, plus captivantes, plus drôles, ou plus portée sur l'actualité du moment...  

Je ne les blâme pas. J'ai écrit ce texte, je l'ai partagé ici. J'appartiens donc à cette masse qui essaye de susciter la curiosité, l'empathie, l'attention. Je ne suis qu'un homme du commun, comme tout un chacun. Je ne prétends pas me singulariser. Je n'en tire aucune fierté ou aucune honte. Je n'ai pas l'outrecuidance de croire que je suis supérieur à ceux et celles qui en font autant. D'ailleurs, peu importe s'ils me jugent et me condamnent, m'encensent ou fustigent mes propos. Car, je le répète, leur avis a autant d'efficience que le leur ; ni plus ni moins.

La seule différence peut-être, est que j'en ai pleinement conscience, et que j'ose le revendiquer ouvertement.   Car combien ici se considèrent plus importants, ayant plus d'autorité, ayant plus de prestige ou de prépondérance, s'estiment être une plus grande source d'inspiration, que les autres ; mais qui ne se remettent pas en perspective vis-à-vis de leur petitesse ou de leur médiocrité  ?

Ah, vanité, quand tu nous tiens...    

Dominique Capo

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