Rehausser l'instant

poulpita

Les choses sont grandes pour peu qu'on les encourage...

La tasse bascule, il ne reste qu'une goutte qui ruisselle sur le bord. La cueillir du bout de l'index. Savourer. La  substantifique saveur. Du café.

L'attente. Le feu. Le retard. L'aiguille qui avance trop vite. Respirer et penser à ce qui nous attend de l'autre côté de l'épreuve. Des bras,  du calme, du grand art - il s'en présentera sûrement un jour.

L'imbécile, méprisant. Lui sourire,  le laisser louper sa cible. Regarder immobile, sa flèche mordre la poussière.

Le courrier qui fâche. Fertilisant de contrariété. Prendre ses feutres rouge, orange et bleu, et dessiner un pied de fleurs, un pied de nez. La mauvaise humeur repassera.

Dans la foule bruyante. Entendre une phrase, pressentir une idée, l'attraper au bond, la faire valdinguer entre son âme et son coeur. La ranger dans une boîte,  sans couvercle.

Si non.

Si nulle facette ne peut être caressée et grandie. Si l'instant ne se laisse pas rehausser. Solution radicale. Refuser de jouer si les règles chahutent (et s'y tenir).  L'extraction, de la course, du monde. Jouer la montre, les interstices d'humanité. Le supplément chantilly. La pause comptoir avant le saut de haie. Y aller à pied plutôt qu'à reculons.

Et toujours, régulièrement. S'ebrouer, se libérer de ses petits poids aux crochets indélicats. Défaire les agrafes, ce sera plus confort. Passer et repasser sous la douche de l'innocence.

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