Relativité

Je n'ai vu les humains qu'en deux dimensions,
Esclaves des idées comme des abstractions,
Tout n'était que cloisons, équations et problèmes,
Sans relief, ni contours, au diable les poèmes.

Tracés au compas, des cercles de molécules
Réduisaient la vie à une simple formule,
Et tout autour de moi, montaient les grandes digues,
Barrages en béton et que le temps fatigue,

Des racines carrées aux faisceaux atomiques,
Des ondes radios aux vibrations quantiques,
Voyage en théorie dans les cordes du temps.
Fissions des noyaux dans les bobines d'aimants,

Danse triste électron, crépite en étincelles,
Virevolte au hasard en lambeaux de ficelles,
Disloque-toi en grains, démembre ton jouet,
Résonne sans raison, tu ne vois pas les dés !

L'intelligence est là, tapie dans la matière !
Le progrès se fissure en bombes nucléaires.
Si tout est relatif, on manque d'envergure,
Que vivent les cancers et meure la nature !

Si nous ne sommes que des amas de cellules,
Qu'agonisent rayons et toutes particules,
Que le monde s'embrase en torches de phosphore,
Et goûte le fracas des pluies de météores !

À se croire immortels, divins ou prodigieux,
Nous finirons robots brinquebalants, boiteux !
Et pendant tout ce temps, dormant sous les déchets,
Pourrissent au soleil, nos âmes desséchées.