Victime pour une nuit

mamzelle-plume

Recroquevillée sur un matelas sans forme,

La demoiselle éreintée par ses dernières pulsions.

Fuit le souvenir de ces joyeuses libations,

Ôtant son masque de nonne.


Elle espère en secret essuyer le tourment de ses passions, histoire d'en changer la donne.

 Mais ce ne sont que de futiles aspirations.

 

Alors avachie parmi les cadavres de bière.

Les dernières volutes de fumée,

L'englobant de leur grands bras élancés.

L'oisillon s'offre la chance d'une ultime prière.

 

Entamant son chant nuptial,

Elle prie pour que ses erreurs ne lui soient pas fatales.

Des relents mélange d'alcool et de tabacs froids,

La laisse, seule en proie.

 

Prise de nausée,

Un mousse d'aigreur s'insinuant le long de sa gorge rosée.

L'assaillant par millier de souvenirs ravageurs,

Agrandissent le fossé creusé dans son cœur.

 

Frappant sa petite caboche,

Elle s'insurge, se traite de sale mioche.

Pourtant rien à faire,

La douleur demeure, loin d'être éphémère.

 

Persistante dans son crâne,

La laissant toute piteuse.

Malgré ses attentions pieuses,

La demoiselle reste cloitrée dans son vague à lame.

 

Toujours au crépuscule,

Les souvenirs se pressent, se bousculent.

Cruelle réminiscence,

D'une nuit concupiscence.


Des images lui reviennent,

Perverses et cruelles loin d'être anciennes.

Elle se souvient de la blancheur du mouchoir,

Du début du cauchemar.

 

De la main puissante sur sa bouche,

Lui ôtant le droit d'être farouche.

Elle se souvient de l'odeur du chloroforme,

Non loin de l'alcool et de celle de l'éthanol.

 

Ce gout perfide emplissant ses narines,

L'enivrant au possible.

Tandis que les battements s'affolent dans sa poitrine.

Elle se rappelle de ses cris inaudibles.

 

Quasiment imperceptibles,

De l'Homme déroulant sa longue bobine.

Elle se souvient des coups de couteaux dans le ventre,

De la douleur se propageant hors de son épicentre.

 

La douleur vite chassée par la haine et le dégout.

Tout, elle se souvient de tout.

 

Des grognements de l'Homme en sueur,

Mais également de sa peur.

Sa terreur lui tordant le ventre,

Alors que l'homme la touchait en plein centre.

 

Puis lui revient la violence du désespoir.

Tandis qu'elle sombrait dans le noir.

Une cavité béante

Dans laquelle la demoiselle demeure impuissante.

 

Le film s'arrête,

Se stoppe net.

Il se rembobine,

Bientôt prêt à relancer à fond ses turbines.

 

« Stop, par pitié » elle implore.

Emplissant la pièce de ses litanies sonores.

Ayant pour seule exigence,

De stopper ses affreuses réminiscences.


Seulement persiste un chant funeste,

Très largement indigeste.

Une mélodie résonnant dans son crâne,

Contre laquelle elle s'acharne.

 

A ce moment précis,

La bible ne semble plus faire partie de sa vie.

 

Le silence pesant, laissant place à sa litanie.

...

 

« Religieuse d'une nuit.

 

Ta sainte beauté,

Ne pourra plus m'altérer.

Ce fruit du démon,

Que tu portais en diapason.

 

N'aura jamais plus raison de ma bonté.

 

Religieuse d'une nuit.

 

Ce soir est mon grand soir.

Je vais te purifier,

T'ensevelir de baiser.

Je retrouverais ainsi ma gloire.

 

Jubilant de ton désespoir.

Je parviendrais à chasser le démon de tes entrailles,

Y Semant mes graines blasphématoires.

Je t'éviterais de prochaines funérailles.

 

Religieuse d'une nuit.

 

Ne me remercie pas,

Je l'ai fait pour toi.

Ce ne sont que les mots d'un homme normal

Cherchant à te rendre moins banal. 

 

Religieuse d'une nuit.

 

Ce soir entre mes mains épanouies.

Je vais te reluire, t'enduire.

Tu retrouveras de ta chasteté envolée.

Promis, juré, même si pour cela il me faut te baiser.


Religieuse d'une nuit.


Chasse ses vilaines larmes.

Pardonne moi cette nuit-ci.


Après tout je ne suis qu'un Homme banal,

Cherchant à t'atteindre sur ton piédestal. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Difficile réalité ! Hélas, tant de femmes se font piéger et si elles n'y laissent pas leur vie, elles y laissent leur âme...

    · Il y a presque 4 ans ·
    Louve blanche

    Louve

  • Intriguant... laisse un goût de dégoût et de fascination. Je relirais dans un murmure.

    · Il y a presque 10 ans ·
    10712727 927438223957778 7773632960243052824 n

    cerise-david

    • Merci beaucoup pour ton passage. Dégout et fascination...? Effectivement, il y règne une ambiance paradoxale.

      · Il y a presque 10 ans ·
      Img 3458

      mamzelle-plume

  • La noirceur qui vous empêche de toucher une femme consentante pendant des jours et des nuits. Dur très dur.

    · Il y a presque 10 ans ·
    Bonnet d ane ecolier 768x1024

    dary-crawl

    • Certainement plus dur que de retenir ses pulsions primaires... merci pour votre lecture.

      · Il y a presque 10 ans ·
      Img 3458

      mamzelle-plume

    • J'aime beaucoup ce texte. Mais il me fait mal. Mal d'être un homme. D'être de la race de ces ordures.

      · Il y a presque 10 ans ·
      Bonnet d ane ecolier 768x1024

      dary-crawl

    • Heureuse de savoir qu'il vous plait, malgré la triste noirceur y résidant.
      Tout les Hommes ne sont pas les mêmes. (Encore heureux ! ) N'ayez point mal, le monde peut-être bien assez cruel déjà, pour se flageller de maux qui ne sont vos faits. Mais œuvrer afin que ces comportements inhumains soient éradiqués est une sage décision.

      · Il y a presque 10 ans ·
      Img 3458

      mamzelle-plume

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