REMERCIEMENTS

mylou32

Lettre à l'absente... Il fallait que je l'écrive un jour...

                                    Ma Chère Mamour, Je t'écris ces quelques lignes, car cela fait bien longtemps que je ne l'ai pas fait et j'ai envie de le faire aujourd'hui. Je veux juste te dire que tu me manques, c'est par à coup, comme un éclair, fulgurant. Là où je suis, j'ai  travaillé dur et mon travail est usant et fatigant mais le résultat est que j'ai pu avoir, avec ma compagne, une belle maison en bois (qui me rappelle la tienne) et surtout du terrain autour, oh! comme j'aurais aimé que tu la vois! que tu t'y promènes au lever du jour car je sais que tu te lèves au même moment que le soleil et ton labeur commençait par moudre le café consciencieusement , fraichement torréfié pour le mettre dans la vieille" grègue"au cul noirci par les flammes d'un foyer alimenté par du bois. Le feu prenait vite sous ton souffle et une bonne odeur de café se répandait dans toute la maisonnée endormie. Mon jardin t'aurait plu, il est fleuri comme l'était le tien, en son temps... Ce n'est certes pas tout à fait les mêmes fleurs, mais dans l'hémisphère nord, j'arrive à avoir au printemps le même parfum doucereux des oeillets embaumant l'air chaud de mon enfance, cette année ils sont blancs, tes préférés je crois, car je marie mon grand garçon au mois de juillet et peut-être fleuriront-elles encore pour lui en mettre une à la boutonnière, arrivé le grand jour? Là aussi, ton regard bleuté me manquera, tu as un don pour faire pousser toutes ces fleurs! et dans un mariage, avant même d'apercevoir les mariés, le public voit bien plus vite les jolies fleurs qui décorent les voitures. Comment te serais-tu habillé? Quelle capeline aurait fait sensation sur ta tête? A moins que tu aurais abhorré un bibi et sa voilette? Quand je me promène dans le jardin, je te vois partout, la moindre plante me ramène à toi telle ce canna aux longues feuilles vernissées, tu en avais toi aussi pas très loin de la treille de raisin aux grappes pendantes. Parfois ta présence m'est si forte, qu'en fin de journée, là où on dit que c'est "entre chien et loup", dans la maison, fugace, je distingue ton ombre. Ta photo est à gauche de l'ordinateur, et nos regards peuvent encore se croiser... j'ai cinquante trois ans et comme j'aurais aimé ta présence à mes côtés! à me conseiller pour telle ou telle chose! mais je suis grande maintenant et la petite fille espiègle et pleine d'amour pour toi ne t'a pas oublié. Merci car grâce à toi, à trois mois tu m'as recueilli et élevé comme si j'étais ta fille, insufflé le désir de vivre . Merci pour tout ce que tu m'a appris: Le respect des autres, le goût du travail bien fait, le désir d'apprendre, la soif de vivre envers et contre tout. Merci de m'avoir inculqué de trouver ou de chercher ce qu'il y a de meilleur partout, en toutes choses, en toutes situations, d'aimer les gens pour ce qu'ils sont et non pas pour ce qu'ils paraissent, c'est toi qui me l'a appris et toujours merci! Quelle patience as-tu eue!, quel dévouement! et surtout quelle abnégation pour toi que de me rendre à ma génitrice sans crier, sans hurler ta douleur, car moi je sais: "Comme tu as dû souffrir de mon départ!" car tu as économisé sur ta maigre retraite de maraîchère pendant 14 ans pour faire le grand voyage, sortir de notre île, à ton âge prendre l'avion pour la première fois pour me voir une dernière fois. Quatorze ans après j'avais 28 ans et 3 enfants; tu n'as passé que 2 petits jours auprès de moi et tu es repartie; obligée de suivre le périple des gens rencontrés à la va vite à l'aéroport mais qui t'ont gentiment mené jusqu'à moi. Pour cela aussi je te dis merci, pour tout je te dis merci! Tu m'as donné ce qu'une mère ne pouvait m'offrir pour grandir. De là-haut,(tu es partie 7 ans après ton voyage en France) regardes moi encore et dis-moi si tu aimes l'adulte que je suis devenu... Eh bien tu vois tout l'amour que tu as déposé en moi, eh bien maintenant je le redistribue, car je sais maintenant qu'il est infini et éternel... Car la grande Dame qui a su m'aimer pour ce que j'étais, se nomme... Vous ne le croirez jamais... Mais c'est vrai: MERCI MADAME "ODETTE DAMOUR"... DU TAMPON... DE LÎLE DE LA REUNION...  

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