Ribaldie (1) Amour champêtre

Susanne Derève

 
Autrefois les mots, autrefois le verbe, extases désertées.
 
Je n'étais pas sensible à la pluie, elle se muait en gorges de soleil.
 
Oh ! C'était un excès de vie, l'eau d'un corps merveilleux pétri de rire tranquille, et je savais encore des musiques.
 
Ah, le rêve, l'étreindre une fois encore !
 
Soleil ! D'une seconde que j'ai tenté d'arracher à l'espace, fais éclater l'invraisemblable joie qu'irise le carrousel de tes mémoires et de ta folle imagination.
 
Retiens ton souffle.
 
C'est là, au fil de ta prunelle, à son scintillement de métal froid que s'aiguise la lame, et tu coupes de grands pans d'étoffes et de rires au fil des jours qui t'environnent, et tu m'offres des après-midi de campagne avec de petits soleils froids. L'amour folâtre dans les prés.
 
A ces présents, tu n'as pas mis de barrières. Inévitablement, lorsqu'à bout de souffle, ivre de tous les éclats de ta folie ma vue se brouillera, lorsque je n'aurai plus l'impudente raison de croire aux remparts de l'imagination contre le monde, je choirai contre ton corps, et c'est le monde alors qui viendra briser les digues de ma  mémoire.
 
J'aurai l'océan de ton rêve infini dans la tête, sans entrave, corps oubliés, pour confondre en un instant unique cette seconde avec l'éternité.
 
 
 
 
 
 
 
 
1980 –RIBALDIE
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