Rue du prodélétère
petisaintleu
J'ai sorti de ma bibliothèque un ouvrage que j'ai lu il y a 35 ans : Rue du Prolétaire rouge. Il s'agit du témoignage de deux français membres du PCF qui vécurent deux ans dans les années 70 en URSS et de leur désillusion face au mode de fonctionnement soviétique.
Ce qui m'a frappé à sa relecture est que certains passages peuvent être transposés à notre monde hyper connecté et individualiste, à une nuance près. Dans le paradis communiste, la désespérance du peuple était organisée par le Parti. De nos jours, elle est devenue plus incontrôlable, dans la mesure où elle est fragmentée au sein des entreprises.
Quoi qu'il en soit, les moteurs sont relativement similaires. Nous sommes face à des machines à broyer les individus. Elles sont toutes deux porteuses d'une même maladie : l'ineptie portée par le refus de l'encadrement à se remettre en question et à persévérer dans des décisions qui mènent droit dans le mur pour ne pas perturber l'ordre établi. Dans les deux cas, des pis-aller pour donner l'illusion que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes : Maison des Pionniers dans un sens, baby-foot et happy chief managers dans l'autre avec le même objectif d'infantiliser et d'encadrer un ersatz de bonheur à marche forcée.
Je note : « Par contre mes réactions — mon caractère, diront d'autres — allaient étonner dans un monde ou le système hiérarchique et l'organisation du travail sont de nature à sécuriser l'individu à condition qu'il joue la règle du jeu. Il suffit d'obéir, de ne jamais poser de questions, et tout se passe sans accroc. La discrétion est un atout majeur : à tous les niveaux, il y a des gens qui pensent pour vous et pour votre tranquillité. ».
Je trouve ce parallèle attristant. La fautive n'est pas la doctrine mise en place mais une minorité d'opportunistes qui ont bâti des alibis par le biais de tactiques pour accaparer tous les attributs du pouvoir.
Nous sommes, dans notre immense majorité, devenus des prolétaires 2.0 biberonnés à l'opium des GAFA. Jusqu'au jour où quelques arrivistes renverseront la table pour reconstruire, sous couvert de promesses de lendemains qui chantent, une nouvelle hydre pour toujours et encore nous rouler dans le pétrin.
Comme Christian...
· Il y a presque 5 ans ·arthur-roubignolle
Sous Staline, nul était à l'abri, même les bien-pesants de l'orthodoxie totalitaire. Tous tremblaient devant le tyran ! :o))
· Il y a presque 5 ans ·Hervé Lénervé
Les organisations ( quelles qu'elles soient d'ailleurs état, entreprise, famille...) nous vendent de la sécurité (alimentaire, financière, médicale, etc..) parce que c'est ce que nous désirons et dont nous avons besoin, ensuite c'est comme tout piège, il faut être assez lucide sinon effectivement le piège est fatal, il vous enferme à jamais !
· Il y a presque 5 ans ·Christian
J'oubliais, merci pour ce retour de textes salvateurs sur welovewords, j'y reviens pour lire ceux-ci ça réveille !
· Il y a presque 5 ans ·Christian
Fort bien analysé...presque dans l'obligation d'etre des moutons de panurge...quel affreux constat...
· Il y a presque 5 ans ·marielesmots
Presque. Tout est dans la nuance que l'on veut bien y mettre.
· Il y a presque 5 ans ·petisaintleu