SANS ABRI

Dans un appartement dans lequel s’empile le désordre, j’angoisse. J’ouvre le frigidaire, j’angoisse. La semaine passe, j’angoisse. Deux jours. Deux jours pour pleurer ou trouver une solution. Dans cet instant, les mots ne peuvent guérir les maux. Les mots ne peuvent combattre la réalité. On passe de l’autre côté de la barrière pour se retrouver dans la boue. On essaie de changer la vision des choses. On essaie de penser à autre chose. En vain. J’ai plus les mots, j’ai plus la force. Seul au fond des yeux le mot « malheur ». Le cœur brisé je dois partir. J’ai plus rien, seulement toi mon chien. On va suivre la route qui nous mènera je ne sais où. Ici plus rien n’est possible. Ici tout est seulement inadmissible. Nous irons vers un « ailleurs » avec quelques rêves pour aider à tenir. On s’accrochera à la vie avec beaucoup d’instants de survie. Il faut seulement remercier le ciel de nous donner un peu de soleil même si le cœur est triste. D’ici quelques heures ou quelques jours je serai hanté par la peur ou peut-être envahi par l’amour. Nul ne sait ce qui m’attend. Je sais seulement que je ne suis pas impatient de partir, de souffrir et peut-être de mourir. Je continuerai cependant de me battre, même si je dois espérer peu car la vie n’est pas un jeu. Il faut seulement attraper au passage un sourire d’enfant ou se dire qu’au réveil on est quand même vivant. Je me demande quel avenir se profile devant moi, mais je me dis aussi que je ferai la route avec mon compagnon. Il me comprend, il me soulage par sa présence. Il me surveille chaque jour dans les épreuves et m’aide à affronter le destin. J’ai des cicatrices dans l’esprit mais tu es là, toi mon ami. La vie ne fait pas de cadeaux et les routes sont pleines de cahots.  Cela prend du temps de devenir un résistant  et les nuits sont plus longues que les jours. Demain sera un autre jour, nous serons sur une autre route, nous aurons une autre vie. Mais je te promets que mon seul défi sera de rester en vie.

DUTERRAGE FRANCOISE