SEULE DANS DEMAIN

Tu me diras comment soufflait le vent d'hier, de ces « brises-bises » à n'en plus finir, mordantes et plaignantes. Tes mains s'agitent autour de moi, j'ai l'impression à une volée d'oiseaux rares, à des larmes d'un doux duvet. J'ai la sensation de devenir un petit soldat de plomb  attendant la main experte d'un enfant doué. Qu'est-ce donc le mal de vivre ? Vivre après la turbulence, toute cette force au creux de ma main, répétant, sans cesse, l'étonnante résistance qui résiste. De ces sanglots refoulés, de mon amour. Ce salaud de temps se trouve tout autour et il guette sans répit, trop heureux de côtoyer la peur, la détresse, des mains jointes, des prie-Dieu tout usés. Les remblais de mon château-fort s'effritent sous d'épileptiques forces démoniaques. Poreuse, je laisse ma folie me secouer de ce moment, de sa peine, de sa douloureuse affliction. Des pieds s'incrustent de traces que je ne suivrai pas. Le devrais-je?

Les aubes me fuient. Que des nuits pleines des ces chagrins qui s'égrènent et deviennent aussi lourds que tous mes passés rassemblés, si lourds d'un hier si lumineux. Mes journées, si longues, comme une corde molle qu'on m'étire sans fin. Je tente de toucher le puits de ma douleur. Elle me paralyse de toutes cette putain de réconciliation, de souffrance que personne ne peut savoir, ni consoler. « Je me marche » contre la rafale. Je veux augmenter ma peine lui donner une forme, sentir mon corps se plaquer contre cette cloison – celle nommée la vie.

Au plus fort de ma tempête, s'écrouleront les vertus, les prières, la foi, l'indigente beauté et bonté, tout ce qui saura alimenter ma révolte, – car je suis l'émeute de cette pauvre armée si peu armée. Je cris, j'assassine une noirceur où je me dépossède. Pieds devant, je marche et je tombe. Je me relève tout épuisée. J'aimerais qu'on me transperce de mots sincères, de mots qui seraient les miens, des reflets de mon désarroi. Mais je deviens ce qui se cache secrètement. « J'invisible », «  j'incapable » et « je pluies » d'émotions tendres et vives. Ma révolte devient aussi  puissante que mon amour. Les yeux fermés, je me décramponne. Tant d'amour en si peu de temps. Où se trouve la clé du bonheur. Elle s'est enfuie, perdue  tout au fond d'une mer « vaguante » et noire. Sur les galets je me meurs de cet inconsolable demain de toi.