Sobriété heureuse

Ma copine ne veut plus vivre au village. Ça ne fait que huit ans qu'elle est là, mais elle n'en peut plus. Elle dit que l'Univers lui a montré que ce n'était pas sa place. Il faut qu'elle s'en aille, et vite. Il y a deux ans, elle a eu un grave accident en glissant sur une plaque de verglas. Elle est restée dépendante des infirmières pendant six mois. Elle a détesté cette période. Alors je lui ai dit que je l'aiderai à trouver un autre endroit pour vivre. Elle a jeté son dévolu sur le Canton du Jura ou les Franches Montagnes. Mais en plaine cette fois-ci.

Nous avons pris sa voiture, l'autre jour, pour faire le trajet. C'est à deux heures de route tout de même. À la sortie de l'autoroute, nous avons découvert de belles forêts, et entre-deux, des paysages vallonnés, tout en courbes douces, pas taillés au couteau comme dans les Alpes.

Nous avons visité quelques studios, mais rien ne lui a plu. Il est vrai qu'elle est en totale révolte contre le système. Elle recherche la simplicité, l'ascétisme, la sobriété, or, rien de tout ceci ne semble compatible avec le mode de vie actuel. Les gens savent pourtant que nous allons dans le mur. Ils ont conscience du fait qu'il va bien falloir que ça s'arrête un jour… mais parlez-leur de décroissance, et il n'y a plus personne !