Soleil

Premier jour de panique.

Affolés, nous courrions en tous sens, car quand on est affolé, quand on ne comprend plus rien à rien, on courre en tous sens, c'est comme ça ! Mettez un coup de pied dans une fourmilière, vous verrez, les fourmis fourmillent de partout chaotiquement. Nous étions donc des fourmis, nous avions perdu le sens de la vie, alors on courrait dans tous les sens pour en retrouver un, peut-être ?

Deuxième jour d'incertitude.

Fatigués à cause de courir ainsi, nous tentâmes de réfléchir. Le Soleil s'était toujours levé, du bon ou du mauvais pied, mais il s'était toujours levé. De mémoire d'homme, pas un jour, il nous avait fait faux bond, jamais de lapin, contrairement à mon amour, mais c'est un autre sujet. Oh, combien dérisoire aujourd'hui où le sort de l'humanité se jouait sous nos yeux apeurés.

Troisième jour d'absence.

On avait bien essayé de réfléchir, mais en fait, on parlait surtout sans grande réflexion. Tout le Monde commentait, se lamentait, mais personne n'expliquait quoi que ce soit, sur ce qui aurait bien pu arriver au Soleil. Il s'était couché le soir de la veille de sa disparition comme d'ordinaire, puis plus rien, plus personne ne savait ce qui lui était arrivé.

Quatrième jour de doute.

Les politiques eurent enfin l'idée de téléphoner à leurs homologues antipodales. Paris tombe en plein océan pacifique, merde ! Les îles de Nouvelle-Zélande sont les terres les plus proches. Personne n'avait vu le Soleil, là-bas non plus, merde ! Le Soleil s'était bien fait la malle.

Cinquième jour de nuit.

Le gouvernement français rassembla tous les éminents chercheurs en cosmologie et oublia de m'appeler. Ça peut        arriver à tout le monde, en période de crise, on pense rarement au meilleur et encore moins à moi. Ils expliquèrent aux citoyens que c'était la Terre qui tournait autour du Soleil. Oui ! Je sais, c'est dur à avaler, mais il parait que c'est comme ça et pas autrement. Donc ce n'était pas le Soleil qui était parti en virée, mais la Terre qui s'était libérée de son orbite et avait fugué au hasard des systèmes en quête d'une nouvelle étoile. Les deux avaient dû se brouiller pour une broutille, sans doute.

Sixième jour de l'apocalypse.

Les scientifiques nous expliquèrent que le Soleil n'était pas que seulement décoratif, mais qu'il était la seule source d'énergie du biologique sur Terre. Le Soleil et ses photons, espèces de poussières de lumière corpusculaires élémentaires, qui vibrent comme un parkinsonien et dont les végétaux peuvent capter l'énergie grâce à la photosynthèse. Comme un con, j'avais opté pour la photopaysagiste comme hobby, si j'avais su !

Septième jour allégorique.

Ayant mangée, toutes les réserves alimentaires, animaux et végétaux de la planète, l'humanité s'éteint dans sa nuit. Mais les hommes, avant de sombrer, avaient ressorti des malles, toutes leurs vieilles croyances monothéistes ou animistes. Quand on ne sait plus, on prie. On prie, qui ? On prie, n'importe qui, n'importe quoi ! On pria, donc, mais comme d'hab, cela ne servit à rien et on périt en priant.

C'est fini pour aujourd'hui, à demain peut-être, si demain il y a ?