Solitude & Compagnie

"Tableau de rêve" :



Parfois c'est amusant de voyager en rêve

d'inventer l'horizon, d'ajouter le décor

d'une nouvelle vie à cette vie trop brève…
Bien qu'il reste sans doute quelques temps encore
pour découvrir un monde tout juste entr'aperçu
on a le sentiment qu'il faut chercher ailleurs.
Un jour on est lassé d'être souvent déçu,

on se prend à rêver à une vie meilleure

et on découvre alors la route du voyage.



D'abord c'est hésitant, on n'est pas sûr de soi.

Sur une toile blanche on dresse un paysage :

une prairie, un arbre sous lequel on s'assoit.

On médite un moment. On ajoute un sentier,

une rivière à gauche, une forêt à droite.

Et voilà dessiné le tableau tout entier.


On s'aventure un peu sur la portion étroite 

du chemin qui au loin s'enfuit vers l'horizon

sous la douce tiédeur d'un soleil matinal.


On s'aperçoit alors que l'on a eu raison :

que ce tableau en fait est plus original
qu'il ne pouvait paraître au tout premier abord.
Les couleurs se transforment et peu à peu se fondent,

très bientôt de la toile on ne voit plus les bords…

Rêve et réalité maintenant se confondent.
Et s'ajoutent les sons aux mille et une nuances :
les bruissements du vent, le chant de l'eau qui coule

et le chœur des cigales qui battent la cadence…


Mais tant de perfections un jour ou l'autre soûle :

on invente le beau et on crée l'irréel…

À trop jouer au sorcier on est l'ensorcelé

et c'est pourquoi à tous je lance cet appel :
Vous, mathématiciens qui savez morceler
et puis décortiquer chacun de vos problèmes,

et vous, les philosophes à l'esprit sans détours,

vous, les mages obscurs, et vous, les anathèmes…
Pouvez-vous m'indiquer le chemin du retour

REVENIR... AU SOMMAIRE ?
Remonter... au sommet ?
Commençons
comme en songe :

ADOPTION
Il est venu, elle était là.

Il était nu, elle l'éleva.

SOLITUDE ET COMPAGNIE
 : ABÉCÉDAIRE
Ah !
Faire l'abécédaire des solitaires :

A comme Amour, B comme Baiser, C comme Caresse, D comme Désir,

oui… pour les solitaires amoureux.
Autrement : Angoisse absolue, Besoin banal, Communiquer comment ?

Délibérément donc :
À…à l'aide ! Bé…bégayer,
C…c'est commencé, D… détail.
E, F, G, H : Éternel féminin, genre hermétique,

I, J, K, L : Idéal judicieux, karma lisible,

Masculin nostalgique,

Objectif photo,

Question, réponse, solitude…



"Seul…"
quatre petites lettres…

Mon baromètre indique "Tempête"
Mon ciel est sombre,

Tout n'est plus qu'ombre.

Mes illusions ? je les jette,
Je n'y crois plus !

Mon cœur est nu trempé par la pluie,

Transpercé par la grêle ;

seul dans la nuit,

Je me rappelle…

Aventure, Bidon, Cafard



"LE CAFARD" :
Le cafard est une bête noire,
ça a la peau dure, le cafard.
Et ça s'endort tard ;
ça vit surtout la nuit
et ça ne fait pas de bruit.
Mais ça vous ronge dedans,
alors on serre les dents.
Il recommence le lendemain,
alors on serre les poings, mais ça n'y fait plus rien.
Oui, le cafard progresse
même si on serre les fesses
et on fait des grimaces
en attendant qu'ça passe...
Et tout à coup : l'ami(e)
ou alors "le" sourire qui nous va droit au cœur...
Et le voilà parti.
Et voilà, peut-être, le bonheur...

Bonheur, Choisi, Délire…
Entre !

(…Entre crever et mourir… Il m'avait fallu faire un choix)

Choix, Deux…



"Deux yeux dans le vague"

Aujourd'hui l'esprit me manque, mais je ne manque pas d'esprit.

Je suis allé à la banque, la banque des yeux et j'ai pris
deux très beaux yeux, des yeux gris-bleus.
J'ai pris des yeux un peu gris qui devaient avoir l'air malheureux,

des yeux un peu bleus je pris : c'est la couleur des amoureux.
À pleurer, comme ça, leur ai appris mais ce n'étaitque des yeux

et ils ne m'ont pas bien compris. Ils n'ont pas compris et d'ailleurs 

je crois que cela vaut mieux : Me regardant d'un air railleur,
ils m'auraient dit ; "Mon pauvre vieux, 

Tu as l'amour plus gros qu'le cœur,

les larmes plus grosses que les yeux…"

Je leur aurait gardé rancœur.

(“Rancœur rend cœur amer… Et recommence l'abécédaire”)

Absoute, Blêmir, Crise, Dérive,
Échouage, Fragile,
Garder, Humour,

Intelligence, Jeu,
Kafkaïen, Lien,

Métaphore, Noir, Obscur,
Percevoir,
Quelqu'un, Retour, Souffrance… Tout.

("Tout comme l'arbre attend la venue du printemps,
… moi, je t'espère et je t'attends")

Aspiration, Boucle, Cercle,
Dureté,
Électricité,
Fringale, Glauque,

Hurlement,

Indigo, Jaune, Kaki,

Liaison, Message, Nommer, Opération, Probabilité,

Quelque chose, Raison, Sentir,

Tenter,
Union,
Vainement,

Wapiti, Xérus, Yéti,

Zoo !

Ara… 



"Blaireaux" :


Après m'être rasé,
sur ma chaise paillée,
le cheveu encore beau et noir,
je tenais à la main mon blaireau et un miroir.
Un fou survint à jeun qui cherchait aventure 
et que la faim en ces lieux attirait.

On sonna à ma porte et ce fut l'ouverture :

Il était grand et presque beau, comme qui dirait
il ne sentait pas le croissant chaud,

ne ressemblait ni à Brando, ni à Rambo,
le blaireau, il était pâle et il tremblait.

Je n'étais pas à cran mais son couteau l'était :
“Je suis pas un loubard, je vais pas au bistrot,

mais si t'as pas cent balles à m'filer mon coco,
je pourrai rien grailler : rien dans l'estomaco
on peut pas travailler. J'ai cherché du boulot
mais j'ai rien dégoté. Dix jours que j'bois que d'l'eau !

J'vais t'dire : un jour de plus ce s'rait un jour de trop.”


À ces mots un sanglot s'échappe de sa voix,

il se touche le front et tombe dans mes bras.


Sans retard je saisis… un pot de fromage blanc,

comme on fait maintenant 

c'est-à-dire à l'ancienne ! un fromage onctueux

sans trop de matière grasse, il est bon, savoureux
avec du sucre en poudre ou de la confiture… Quand on y a goûté
c'est sûr : on en reprend ! c'est vite préparé…

mais attends un moment il faut que je l'égoutte.

Pendant ce temps, écoute ,

c'est pas pour me flatter
mais je suis bon cuisinier et très hospitalier,

j'étendis ce pauvre hère dans ma chambre à coucher, retirais

ses chaussures et je lui demandais ce qu'il préférait

comme confiture "Marmelade d'orange ou confiture de mûres ?"

"La mûre… toujours la mûre…" répondit-il dans un murmure.

J'ajoutais, soyons francs, quelques gouttes de cyanure…

Après deux cueillerées, il passa l'arme à gauche. Bien.
Il était dans de beaux draps puisque c'était les miens.

Je l'ai entortillé dans une couverture
et m'en suis déchargé sur un gros tas d'ordures.
Oh, depuis c'est évident je n'ai plus de moralité !

J'ai des mythes au logis mais plus de mort alité.


Sources d'inspiration, vous êtes limitées :

La Fontaine est tarie, les autres sont tarés,
le flux et le reflux monétaire

ne font plus "marée"… ni nous taire !



Taire, Universalité,

Volupté, Wagon-lit, Xénophylle, 

Yucca, Zygomatique…


Attirance, 
Bras-dessus bras dessous,

Croire, Douceur, Énergie, Femme…