Soupe de crottes de bique

selig-teloif

Nous voilà rassurer, nous allons manger. Pas qu’une grande faim s’empare de nous, mais il est bon de sustenter quand l’équilibre même du corps le réclame.

Aujourd’hui, c’est notre enfant de quatre ans qui prépare. Il est adorable. Poli, patient et courageux. Il sait parfois être drôle.  Aujourd’hui il est en forme, c’est donc lui qui nous régale :

«  Papa, maman, p’tite sœur, j’ai préparé un soupe de crottes de bique.
- Hhuumm, crions nous tous en  chœur, comme c’est alléchant, me permettais-je d’ajouter pour signifier mon contentement.
- Dedans, j’y ai ajouté de la crotte de nez et du sel de baleine »
Rehhummm.

« Et exprès pour ma sœur parce que je sais qu’elle aime ça, la soupe est aux larmes de croco du pays magique. »

Et de nous servir dans nos bols, toujours propres.
Nos enfants riaient de bon cœur.

« Allez, dis-je, après ce repas de fête, allons nous promener, tant que nos jambes nous le permettent ! Nous trouverons peut-être quelques ingrédients pour le gâteau de ce soir ! »

Nous sortons tous et prenons l’avenue. Nous rejoignons la longue queue de chalands  qui attendent pour franchir la Ligne. Une fois passée, nous rejoignons tous, en silence, le « marché » et attendons à nouveau.

Les camions bennes, de 15h, arrivèrent à l’heure et déposèrent la marchandise. Tout le monde se mit à courir pour dégoter la pièce de choix ! Peut-être allons-nous tomber sur les restes d’un grands restaurants et d’une famille bourgeoise de l’autre côté de la Ligne de Misère.

Encore une fois, la chance ne nous souriait pas ! Ce soir, nous ferons une autre tarte de crottes de bique.

« La marchandisation gagnant tout, jusqu’à l’homme lui-même, le monde deviendra une foire parcourue de bandes rivales »

Jacques Attali

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