Souvenir d’enfance I

Hervé Lénervé

Bien sûr qu’avant, je fus un enfant, moi aussi ! Enfin, c’est insultant à la fin !

A Pernesiau, moi, j'étais le parigot tête de veau et mon copain, c'était Ferdinand, fils de paysans et bourguignon tête de nichons.

Bref, il faut savoir, qu'à la campagne, à part la chasse, il n'y a que le travail. Donc, les hommes sont tous chasseurs par obligation. Oui, car celui qui ne chasse pas, continue de travailler, c'est écrit sur un décret de la Fédé de Chasse. Quant aux femmes, elles préfèrent la mer.

Bref bis, nous étions, Bertrand tête de... vous savez quoi...et moi dans une chasse de propriétaires-chasseurs, de pedzouilles, quoi ! Là, où, ils parquent le gros gibier, éléphants, hippopotames, othorinoféroces, phacochères à bas prix... non, j'déconne, juste des sangliers et quelques chevreuils pour faire joli.

Quand, ne voit-on pas, c'que l'on voit ? Une guirlande de marcassins qui se suivent l'groin dans l'cul. Ils étaient trop mignons ces petits à la queue groin, groin. Eh, on était des gamins, nous aussi et entre jeunes, c'est connu, on joue.

Mon copain, il arrivait à jongler avec trois marcassins sans trop en faire tomber, avant que...

Moi, je me défendais pas mal au lancé de marcassins, avant que...

QUEL SUSPENS ! !

Je ne sais pas si vous fréquentez beaucoup de laies parmi vos familiers, mais sachez que la laie n'est pas une fille facile. Déjà, la laie n'aime pas qu'on le lui dise, admettons. Mais surtout, elle a une sainte horreur qu'on s'amuse et qu'on joue avec ses marcassins. C'est comme ça, appelons cela, un soupçon de jalousie, un instinct de la propriété privée, que sais-je ? On ne le sera jamais, aucun analyste n'a daigné en prendre une comme patiente, de toute façon c'est scrupuleusement interdit par la Déontologie des Psychanalystes : « Pas de cochonnerie sur le divan ! » 

 

Le fait est que sans aucun préliminaire de sommation aucune, elle nous charge dessus, direct. Oui dessus, direct ! J'ai bien regardé alentour, on était tout seul, comme deux cons, s'il y avait eu foule, on se serait dit : « Regarde, il se la prend, direct, pleine poire, le Marcel ! » Mais là, non !  Inutile de se mettre Marcel en tête de gondole, il n'était pas là.

Et sais-tu, que même gamin, quand une laie te charge, tu sais qu'elle te charge toi et pas le voisin, à moins qu'elle ait un strabisme convergent-divergent très, très, très prononcé.

On restait, donc, là, plantés, là, comme deux cons, à regarder charger la laie qui nous chargeait. Sur nous, sûr ! Là, je crois qu'à ce stade de la progression dramatique, le doute n'était plus permis, c'était une évidence qu'il fallait bien admettre comme une certidude, même s'il elle ne nous arrangeait pas trop.

Donc, les deux cons se mettent à courir, à l'opposé de la laie.

Oui, quand je dis « les deux cons », ce n'est qu'une expression comme une autre, mais on ne l'était, quand même, pas assez pour charger une laie. Ça ne s'est jamais vu et ça ne se fait pas. D'ailleurs, je ne sais même pas, si ce n'est pas interdit par le règlement de la Fédé de Chasse.

Comment « les deux cons » se sortiront-ils de cette situation critique et Ô combien périlleuse ? Vous le saurez en lisant la suite des aventures extraordinaires des deux couillons de la campagne, demain, si aucune laie ne me charge  dans mon lit, cette nuit...

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