Souvenir : Promenade à Honfleur

Lydie Laurence

Concours de la peinture à l'écriture

Perchés en haut de cette colline, c'est le cœur léger qu'ils observent ce beau paysage en contrebas, souvenirs de leurs périples passés. La vie ne leur a pas souvent fait de cadeaux, mais aujourd'hui, main dans la main, c'est avec fierté qu'ils repensent à leur réussite.

Prise tout à coup de vertiges, sûrement dû à un trop pleins d'émotions, la femme d'âge mûr s’agrippe à son mari comme à une bouée de sauvetage, avant de perdre connaissance...


La veille du dix-septième anniversaire de Caroline, une grosse dispute avec ses parents avait éclaté alors qu'ils lui reprochaient d'être avec ce mec pas assez bien pour elle. Quand est-ce qu'ils comprendraient que leur fille n'était pas aussi parfaite qu'ils le pensaient ? Elle en avait plus que marre qu'ils la surestiment. Elle était timide à l'extrême, inintéressante, petite et se trouvait moche. Alors pourquoi fallait-il que ses géniteurs lui gâchent son plaisir, quand enfin quelqu'un daigné s'intéresser à elle ?

— Tu ne dois pas choisir ton partenaire par désespoir de cause ! Lui avait reproché son père.

— Arrête papa ! Hurla-t-elle folle de rage. Tristan est un garçon sérieux, je ne vois pas où est le problème ! De toute façon c'est toujours pareil avec vous, avait-elle pesté avant de partir en claquant la porte.

La nuit commençait à tomber mais il faisait encore très doux pour un début de mois d'octobre. Enroulant ses bras autour de ses épaules, Caroline tremblait de colère. Elle traversa énergiquement son petit village pour se diriger vers les sentiers destinés aux marcheurs. Un bruit de feuillage la sortie soudainement de son entêtement. Réalisant qu'elle s'était beaucoup trop éloignée de la civilisation, elle angoissa de se retrouver seule avec si peu d'éclairage.

— Y a quelqu'un ? Hasarda-t-elle sur ses gardes.

Les branches bougèrent un peu plus et un homme d'une cinquantaine d'années en sortit de derrière. Caroline sursauta, surprise. Malgré sa demande, elle ne s'attendait pas à ce que l'on réponde à son appel.

— Désolé, je ne voulais pas vous faire peur, je cherche mon chien. Expliqua-t-il.

— Oh... Oui bien sur, y a pas de soucis. Je peux peut-être vous aider à le chercher si vous voulez ?

— Avec plaisir.

— C'est quoi comme chien que vous avez ? Lui demanda Caroline en ouvrant la marche.

N'ayant aucune réponse, elle s'apprêtait à se retourner lorsqu'une douleur fulgurante lui traversa le crâne. Elle perdit connaissance avant même que son corps ne s'écroule sur le sol...


— Caroline ? Caroline ? Tu m'entends ?

Reprenant tout doucement ses esprits, la vieille dame a du mal à réaliser ce qui lui arrive. Comment cela se fait-il qu'après tant d'années, la mémoire lui revienne enfin ? Penché au-dessus d'elle, son mari Tristan l'observe avec inquiétude.

— Comment te sens-tu ma chérie ? Lui demande-t-il.

— Tu ne devineras jamais ce que je viens de voir, répond-elle troublée. Je me rappelle exactement du visage de l'homme qui m'a violé, tu te rends compte ! Aujourd'hui ! Alors que cela ne me servira strictement plus à rien ! Il est sûrement mort de vieillesse à l'heure qu'il est...

  • Honfleur .... le Honfleur de Brel ou celui de la ferme saint Siméon ?

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    yfig

    • C'est le Honfleur du tableau de Félix Vallotton : "Promenade à Honfleur"

      · Il y a plus de 10 ans ·
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      Lydie Laurence

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