Suis-je un intello ?
Léo Noël
métatexte 1 : c'est une réponse à Junon
métatexte 2 : lisez Junon !
Je ne sais pas pourquoi j'ai besoin d'arrêter de penser, mais je suppose que c'est un besoin vital, puisque je me suis beaucoup entrainé. Je suis à peu près sûr que j'arrive beaucoup mieux que n'importe qui, à ne penser à rien.
métatexte 3 :
A ne pas penser. Je me tiens là, comme ça...
métatexte 4 :
Pendant longtemps, je suppose. On ne peut pas penser au temps qui passe, de toute façon. Ceux qui pense au temps qui passe ferait mieux de ne pas penser. Moi, je ne vois rien, je n'entend rien.
Ce n'est pas très simple, ça ne fonctionne pas si l'on se dit : "je pense à rien". J'ai développé des méthodes de non-pensée avant. Ensuite, c'est de l'entraînement.
La plus connue, c'est ce que j'apelle l'automatisation. Le principe, c'est d'engager son flot de pensée dans une action qui peut se continuer, sans contrôle de l'esprit. On commence, puis le reste suit tout seul. C'est une technique qui fonctionne bien avec un livre, beaucoup mieux avec un jeu vidéo.
La télé je n'y arrive pas.
métatélétexte 5 : c'est trop... oui ! je prend la lettre C. Lettre C... Trois !
C'est bien fait, la télé, pour massacrer le calme (parce qu'il faut du calme)
métatexte 6 : la parenthèse n'est pas un métatexte
Avec un livre, il y a une limitation. Il faut commencer à lire, puis s'extirper du sens des mots : ça ne vient pas de suite. Au début, il peut arriver qu'on le fasse sans faire exprès. Le mieux étant de prendre un livre ennuyeux, une biographie de Mitterand, un essai sur la littérature ecclésiastique.
métatexte 7 : rires polis.
Tac ! Le temps s'est échappé, et je suis quatre pages plus loin, sans la moindre idée de ce que j'ai pu regarder comme mots. On ne parle pas de lecture.
Le problème que j'ai, avec les livres, c'est la mise en page. Tôt ou tard, il y a un retour à la ligne abrupt, ou un changement de chapitre.
métatexte 8 : je viens de renverser du lait sur mon texte.
Le plus horrible, c'est l'alinéa. C'est la même sensation, lorsque l'on ne pense plus et que l'on rencontre un alinéa, que lorsque l'on croit que l'escalier comporte encore une marche, alors que l'on est arrivé au bout. Un instant dans le vide et une chute terrible.
Je pense, sincèrement, que je déteste les alinéas.
Je pense, sincèrement, que l'alinéa fait subir, au lecteur, une dictature de la pensée. Il est purement esthétique, ce qui prouve sa superficialité. Il ne sert à rien qu'à emmerder le pauvre gars qui lit son bouquin, et qui voudrait pouvoir, de temps en temps, s'arrêter de penser.
Quand on pose des alinéas comme on enfouit des mines à sous-munitions dans un parc pour enfant, il s'agit d'eugénisme barbare et fasciste, et c'est honteux.
Je ne sais pas pourquoi j'ai besoin d'arrêter de penser, mais j'éprouve un réel sentiment de liberté en me donnant le droit de le faire. J'ai des indices de durée parfois.
métatexte 9 : il est 17h30
Je suis rentré à 13h, j'ai reçu un texto à 13h16 : au moins un quart d'heure la tête complètement vide.
Avant la naissance, après la mort, on se demande bien ce qu'il se passe. Ben voilà ce qu'il se passe : la non-pensée. C'est donc plutôt naturel. Je me dis qu'au moins, avant de mourir, je serai entraîné.
métatexte 10 : ne terminez pas de lire ce texte !
Le corps, c'est la clé. Il est opposé à l'esprit, c'est pas pour rien. Personellement, je me concentre sur mon corps, puis sur son intérieur. Le ventre, l'aine, l'anus, l'intérieur, et on ne bouge plus.
métatexte 11 : en étant gémeaux, et en rentrant dans votre propre corps, vous rentrez à deux, dans deux autres vous-même. Vous pouvez alors pratiquer l'auto-partouze.
Le cerveau s'éteint lorsquel'on est plus qu'un corps.
Bref, pour être en vie, il faut rentrer dans un corps (déjà installé dans un autre corps). Et pour sortir de la vie, il faut y retourner. Doit y avoir une logique.
métatexte 12 : "Là ! Louise !"
La lumière lorgne le libraire lascif, lentement, le lobe luit, lanterne louvoyante, larme loqueteuse lamentable.
"Là ! Louise ! Lit la lancinante logorrhée latine. Lit-là ! Là !"
Louise lit : "La la la la la la la la"
métatexte 13 : mes textes sont rangés n'importe comment.
Le meilleur ami de la non-pensée, c'est le jeu vidéo. C'est le plus grand allié de l'automatisme. Je choisis mon personnage, toujours le même. Au début de la partie, j'écris : "GL all". Cela signifie : Good luck all. Bonne chance à tous dans vos démarches pour sortir de la pensée réelle. Sus à la vie vécue. Je mets mon premier point de compétence en furtivité, et j'achète l'épae de Doran pour 475 pièces d'or.
La suite ne change jamais.
Quand le rituel s'accomplit parfaitement, on est réveillé qu'à la fin de la partie. Bon, et puis cette fois, j'ai de la chance : je m'arrête pour écrire (et repondre à Junon). Une évasion pour une autre. Dommage que je sois obligé de laisser place à mes pensées, d'aller me chercher un verre de lait.
métatexte 14 : femme : "moi, je trouve ça trop intello."
Je relis un peu tes textes, ben oui, vaut mieux. Celui-là, il est quand même space, ou alors je suis en moins bonne forme qu'à 7h30, le matin.
· Il y a plus de 12 ans ·Je suis presque tout sauf les deux métatextes (pffff) l'un sur la lettre C, l'autre sur le ou la libraire qui lolotte en lisant.
Bon, on n'est pas rendus, hein Léo ;)
eaven
Bon, ouhlàlà bis....
· Il y a presque 13 ans ·N'ayant pas compris l'ensemble de ton texte (sans doute ne suis-je pas assez intello...), j'en suis venue à me demander si ma réaction n'avait pas été tout à fait à côté de la plaque...??
Ahrgggggggg.... le doute me taraude... ;-)
junon
Maintenant que j'ai lu Junon, la dernière phrase ne m'agace plus elle me fait éclater de rire. Très charmants vos dialogues.
· Il y a presque 13 ans ·eaven
Léo, à 7h30, le matin, c'est pas une partie de vélo dans la campagne avec route en descente, mais j'ai quand même aimé beaucoup. Arrêter de penser, c'est un truc fascinant et très utile.
· Il y a presque 13 ans ·Je suis fâchée, un peu ;) avec la dernière phrase, tu vois pourquoi !!! maintenant je vais lire Junon.
eaven
Mouais. Trop intello. J'irais lire le texte de Junon. :)
· Il y a presque 13 ans ·Pseudo Pseudo
Ouhlàlà...
· Il y a presque 13 ans ·La pensée atomisée, entrecoupée, le fil qui se perd, c'est un peu déjanté, mais j'ai beaucoup souri en te lisant...
... et puis carrément rougi de me voir citée ainsi. :))
Merci donc.
junon
ah, on s'est croisé. je vais aller le lire.
· Il y a presque 13 ans ·Karine Géhin
bon, bref, pas grave. j'ai aimé. c'est l'essentiel! bravo!
· Il y a presque 13 ans ·Karine Géhin
le texte de junon : http://www.welovewords.com/documents/la-litterature-et-moi
· Il y a presque 13 ans ·Léo Noël
c'est une réponse à Junon. d'accord. mais à quel texte?
· Il y a presque 13 ans ·Karine Géhin