Synopsis new wave

dechainons-nous

Texte écrit à quatre mains lors d'un défit , les vagues peuvent faire des histoires seul le ressac les rend éternelles. (Version Harry)

Première vague

Cela faisait déjà quelques années que je m'étais installé sous ce rocher. Je l'avais choisi à proximité de ce petit banc de sable qui ne se découvrait qu'aux grandes marées. Ma coquille ne suffisait plus pour me mettre à l'écart de toute cette population aquatique, et j'aspirais à plus de solitude. J'avais même résilié mon abonnement à "la nouvelle du large" et largué l'ancre au goût amer de ce quotidien qui ne cassait pas trois pattes à un calamar. 

De cette retraite, je prenais le temps de buller à loisir et pouvais me dégourdir le pied sans avoir à craindre l'épuisette malsaine d'un bipède venu du continent. Je passais mes journées à regarder les pinces sans rire, les maquereaux et les morues qui se prélassaient sur les bancs de sable côtiers.

Je me rappelle de cet été là où je fus tiré de ma sieste par un bruit qui ne m'était pas familier, une colonie de crevettes vint prendre ses quartiers estivaux, et installa un camp de nacres et de turquoises près de mon habitacle. Toutes ces cabines de plages ceignirent un bassin de nage, et des installations de remise en forme.

J'appris quelques temps plus tard, que c'était l'équipe régionale de natation synchronisée qui venait s'entrainer en altitude sur notre plateau armoricain. Toute cette jeunesse frétillante était plutôt attirante, et j'allais de temps à autres coincer quelques bulles du côté de leur aire de détente. Il me sembla qu'il y avait une naïade parmi ce bouquet de sirènes qui crut assez en mon admiration bien que je jouais la farandole avec ses amies feignant de ne pas la remarquer. 

Deuxième vague

Lors de leur deuxième camps, la môme émeraude ne pouvait s'empêcher de rosir dès qu'elle me voyait. Elle s'en défendait me faisant croire à la simulation et un soir me fit une démonstration de son registre orgasmique lors d'une dégustation de varech dans un bar de corail sur la côte d'opale. Elle me joua même l'indifférence, mais je voyais bien sa chair pulpeuse se gonfler sous son corset chitineux quand je frottais délicatement ses antennes pour électriser ses écailles. 

Avait-elle peur de s'engager dans une relation qui la rendrait dépendante ou préférait-elle me faire mitonner à feux doux pour me déguster d'ail au lit. Personnellement je n'avais pas envie de me jeter dans le grand bain en premier, je savourais mon plaisir de la voir fondre au creux de ma main et laissais monter la mayonnaise dans cette descente abyssale des sentimensonges.

Troisième vague

La troisième fois ce fut la marée du siècle, ma côte monta haut dans le creux de la vague. L'écume marine en longs drinks nous avait enivrés, et désinhibés de nos différences caractérisées, sa robe d'opaline incrustée de nacres glissa sur ma coquille silicée, tout mon corps s'extirpa de son tabernacle, se mit à nu et enlaça la crevette en colimaçon. Maintes fois nous bûmes la tasse tchintchin, replongeâmes dans l'idylle animale, et chevauchâmes les océans sur les hippocampes.

 A trop buller dans la nasse, nous nous éreintâmes et assurément, nous en pincions l'un pour l'autre.
Elle s'en défendit longtemps, la crevette est prétentieuse, mais jour après jour, je la décortiquais et l'apprivoisais sur un lit d'étoiles de mer.


Lcm

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