Tac! Tac! Tac!
Francesca Calvias
Il faisait chaud. Le train était bondé. Ce voyage en Espagne apparaissait à la petite fille comme un véritable cauchemar. Elle avait peur, depuis l'annonce de son père : "Cet été on part en vacances en Espagne!". Sa mère avait vaguement acquiescé.
On avait pris le train jusqu'à Paris, correspondance pour Hendaye. Puis on était monté dans un train espagnol. Il faisait chaud. Le trajet semblait interminable.
Tac! Tac! Tac! Le coeur de l'enfant fit un bon dans sa poitrine. Qu'était-ce donc que ce bruit? Tac! Tac! Tac! Etait-elle la seule à l'entendre? Elle n'osa pas regarder ses parents par peur qu'ils ne la traitent de folle une fois de plus. Tac! Tac! Tac! Des voix. Des mots qu'elle ne comprenait pas. La peur l'envahit. Mais la peur de quoi? La peur de qui? Tac! Tac! Tac!
- Mais qu'est-ce que tu as à la fin à toujours sursauter comme ça? Finit par s'énerver son père.
L'enfant était livide. Que répondre? Qu'elle avait une fois de plus une crise d'angoisse sans la moindre raison? Elle ouvrit la bouche pour demander si personne d'autre n'entendait le bruit, puis se ravisa. Tac! Tac! Tac!
La porte du compartiment s'ouvrit. La fillette réprima un hurlement de terreur en voyant s'encadrer dans la porte une silhouette avec un pilon de bois. Elle réalisa que ce n'était que le contrôleur. Mais sa peur ne s'effaça pas pour autant. Elle voulait rentrer à la maison. Quelque chose de terrible l'attendait dans ce pays. Une tragédie allait se produire, elle en était sûre.
Tremblante, elle se rencogna dans le coin fenêtre en face de son frère, incapable d'avaler quoi que ce soit. Le train roula toute la nuit. Tac! Tac! Tac! Elle poussa un gémissement dans son demi-sommeil.
Le train s'arrêta brutalement. Des cris retentirent dans le couloir. La petite fille sentit l'angoisse familière lui monter de l'estomac vers la gorge. Les cris que poussaient les voyageurs étaient des cris de terreur. Maman voulut la faire rentrer sa fille dans le compartiment mais il était trop tard. Elle avait vu. Des tôles déchiquetées. De la fumée. Des cris, des hurlements. Du sang, beaucoup de sang... Des blessés qui gémissaient, des gens qui appelaient, des morts que l'on extrayait péniblement de leur prison de fer.
La petite fille resta figée. Elle vécut le reste du voyage comme un cauchemar qui n'aurait jamais de fin.
Arrivés à l'appartement, le cauchemar continua. Elle voyait sans cesse des corps déchiquetés. Ils la hantaient jour et nuit dans des rêves sanglants. Elle sursautait à chaque bruit. Une angoisse indiscible la possédait.
L'enfant se sentait devenir folle. Comment échapper à ces visions d'horreur ? Ces chairs éparpillés. Les gens qui gémissaient...
Tac! Tac! Tac!
On se promenait en montagne. Conchita qui les logeait tenait à leur montrer ses terres. Une vaste étendue et tout au bout du chemin, une colline rocailleuse.
"Tout en haut il y a une grotte" expliqua Conchita. La petite fille grimpa jusqu'en haut et découvrit la merveille. Une grotte taillée dans le rocher. Personne à part Conchita et sa soeur Carmen durant leur enfance n'y avait mis les pieds. Conchita montait plus lentement. Elle rejoignit l'enfant.
"Je te donne ma grotte. Elle est à toi. Ne l'oublie pas."
La brave femme fut récompensée par un sourire. Le premier depuis près de trois semaines.
Trente ans plus tard...
Tac! Tac! Tac!
Plongée dans ses pensées, elle sursauta quand il lui demanda son titre de transport. Il n'avait pas de jambe de bois. Où était-il aujourd'hui, celui qui hantait toutes ses nuits depuis des années? Hier matin elle avait tout quitté.
Tac! Tac! Tac!
Elle traversa les rails et se retrouva sur le chemin de terre, gravit la colline jusqu'à la grotte.
Tac! Tac! Tac!
Elle avala le contenu d'une boîte de tranquillisants, ensuite se coucha et ferma les yeux. Le Tac! Tac! Tac! S'estompait, les chairs sanguinolantes s'effaçaient, les membres ensanglantés ne tentaient plus de l'emmener. Pour la première fois depuis l'accident, elle s'endormit sans angoisse et sans rêves...
Bravo,jolie nouvelle compostée,et au tunnel des ballasts,le clic du titre,a l éclat gravier,de par dessus un pavé,ou l imper d un clavier,l encre dé,croise,éé,fer,éé,de ouattt
· Il y a plus de 11 ans ·moleskine,des lagons wagons d I,nuit,Bonne journée a vous.
Fil,Hip,Oohhh, 18 Rockin Cher