Technologie de la charge électrique positive, 45 ans

Caroline Hopkins

L'amour au temps du Corona, rencontres Tinder en temps de pandémie.

Voilà un mec à propulsion. En temps de pandémie, il n'y a pas à tergiverser quand on veut satisfaire ses envies et lui, son profil l'indique, a besoin de faire voyager ses électrons. Génial, ça tombe bien, moi aussi j'ai besoin d'un bon coup de jus. Eh bien j'ai été servie. En télétravail à la campagne chez de vieux parents dont il doit s'occuper, le beau gosse en pleine forme physique a besoin de se défouler. Le footing dans un périmètre d'un km limité à une heure quotidienne ne lui suffit pas. Alors, après quelques bavardages sur Tinder, des blagues, des jeux de mots, des suggestions. Il insiste pour avoir mon numéro de téléphone. Je cède. Bang ! Cinq minutes plus tard, on discute pour de vrai. J'aime sa voix. Elle est enjouée. Le type a l'air vif et marrant et quand il me demande s'il peut passer, je dis oui… Je raccroche et je me dis que je suis dingue. Mais comment passer par la case « bar » ou « resto » quand tout est fermé ? Rendez-vous sur un banc publique du jardin des Plantes ? Au rayon pinard du Carrefour Market ? On va pas passer par quatre chemins, on sait bien ce qu'on veut tous les deux. Je préviens quand même un ami. J'ai besoin d'un avis masculin et d'un queutard tant qu'à faire. Il examine le profil Tinder, y voit un « serial lover »  - oh dear… - et m'encourage à accueillir l'étalon. 


Le fameux dimanche après-midi arrive. Jusqu'au dernier moment, j'ai envie d'annuler. Je flippe un peu. Un inconnu sur mon territoire. Lui, il se libère entre le déjeuner dominical et le dîner du dimanche soir. Prétexte : achat d'une pièce d'occase sur le bon coin qui nécessite un déplacement. Le bon coin, c'est chez moi. Il brave les éléments, la demi-heure de route qui nous sépare dure une éternité : je me ronge les ongles, j'essaie de bouiner deux trois trucs pour m'occuper l'esprit, puis l'interphone sonne… Aucune rencontre fortuite sur la route qui aurait pu écourté la belle affaire. Ouf, premier soupir de soulagement. Deuxième bon point, le type est souriant, avenant, le regard malin. Il arbore cependant quelques kilos de plus que sur les photographies de son profil électrique. Ca va le faire. Il est tout de suite tactile. Moi, j'ai du mal, il me faut le fameux Dutch courage des Anglais, à savoir un verre. Je lui serre aussi une bière, on s'installe sur le canapé. Il se rapproche à chaque gorgée ou presque, je finis une fesse dans le vide. Je me lève pour éviter la catastrophe. Il m'emboîte le pas. Nos corps se rapprochent inéluctablement. On monte dans la chambre. La lumière d'une après-midi d'hiver ajoute au charme de cette première fois prometteuse et qui tient ses promesses. Oh pétard, le type est en forme et sait y faire. Récemment victime d'un autre amant peu intéressé par ma personne physique, je me retrouve aux antipodes de mes dernières aventures plumesques. Là, je suis le centre d'intérêt. Et je suis gâtée. Aux gestes et aux actes se greffent les mots. Je suis totalement détendue, je prends tout ce qu'il donne et je fais de mon mieux pour faire preuve de réciprocité. Une heure de bonheur suspendu. C'est la nuit tombée qui nous rappelle à l'ordre. Il ne faut pas être en retard pour le dîner familial. « Je ne sais pas ce que je vais inventer comme excuse aux parents », dit-il en souriant avec un air adolescent. Car c'est un peu ce que nous sommes. Mensonges, interdiction, nous avons fait l'amour en douce et le contexte Corona n'a sans doute fait qu'ajouter au piment de cette rencontre… qui s'est d'ailleurs reproduite dans les mêmes circonstances béates de jouissance physique une semaine plus tard. Y aura-t-il une suite ? Aucune idée. Les amours confinées n'auront sans doute plus la même saveur lorsque nous serons revenus à nos vies déconfinées.


  • C'est la nuit tombée qui nous rappelle à l'ordre. Il ne faut pas être en retard pour le dîner familial. « Je ne sais pas ce que je vais inventer comme excuse aux parents », dit-il en souriant avec un air adolescent.... hohoho....

    · Il y a presque 4 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

  • Avec tout le respect qu'il se doit, j'espère que ce super Man ne prend pas son épouse pour ses parents ;)

    Ravie d'avoir suivi cet écrit bien décrit, merci :)

    · Il y a presque 4 ans ·
    Ange

    Apolline

    • Qui sait ??? On n'est jamais sur !!! Merci pour le commentaire.. Mais dans ce cadre particulier, c'est un super man !

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Caroline Hopkins

  • Au bon coin-coin, j'ai croisé le Commissaire Magret :)

    · Il y a presque 4 ans ·
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    Edgar Allan Popol

    • haha je retrouve mes compères ici

      · Il y a presque 4 ans ·
      One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

      vividecateri

  • il y a donc des bons coups dans "Le bon coin" ! :o))

    · Il y a presque 4 ans ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

    • C'est quand même la première fois que ça m'arrive !

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Caroline Hopkins

    • Si j'ouvrais un motel, le l'appellerais Le Bon Coin et un motel, pour canards, le Bon Coincoin. Vous êtes assez inspirants dès le matin en sortant de la marre

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Caroline Hopkins

    • Et il nous arrive même de croiser le coq. Alors on lui demande de chanter plus fort, parce qu'il n'y a pas de raison que nous soyons réveillés pendant que les autres dorment encore :)

      · Il y a presque 4 ans ·
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      Edgar Allan Popol

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