Tes photos sont formidables.
Olivier Sun7
Tes photos sont formidables.
Elle me dit que mes photos sont formidables... formidables... Je ne réponds rien, je ne la regarde même pas et me contente de porter mon verre à mes lèvres, non pas que j'ai soif mais parce que cela ajoute un naturel air détaché tandis que j'analyse cette autre fille au fond de la salle. C'est dingue cette habitude que j'ai d'accélérer le casting que je vole à la vie chaque jour et qui du coup en devient mon quotidien lorsque je m'emmerde... Je m'emmerde toujours d'ailleurs... Je suis comme ça..... cela me vient de cette faculté de tout prévoir, d’analyser facilement une situation ou une personne et instantanément en connaître l'aboutissement... Alors comme pour un film, plongé devant l'évidence, je zappe ou me laisse aller à cette fin téléphonée en espérant être surpris. Ce qui n'arrive jamais. Donc par dépit, j'éteins le poste de ma vie, m'isolant avec moi-même, tantôt triste, tantôt énervé, parfois en en voulant à cette vie de ne pas m'avoir fait con, d'être trop conscient, trop sensible....
Tu es blasé ? me demande-t’elle. Blasé de quoi connasse ? d'être porté aux nues par une nana que j'ai trop facilement détournée de son chemin? Par celle qui sans références me dit formidable alors que ce qui est tout juste formidable c'est cette éventuelle possibilité qui lui traverse l'esprit de se faire prendre en photo puis de se faire démonter sur le coin d'un lavabo d'un petit rade parisien lors d'un vernissage sous champ et exta ? puisque c'est forcément cela la vie d'artiste non ? . À moins que ce ne soit en ordre inverse ...... oui la surprise ne peut venir que dans l'ordre des choses.... comme pour le grand prix d’Amérique quoi ! Où chacune y va de son plus beau chapeau avec son billet serré dans sa petite main gantée et crispée. L’émotion artificielle monte au rythme du martelage des sabots sur la piste pour arriver à son paroxysme lui faisant lâcher un contrôlé « oh j’ai gagné » comme un « oh j’ai joui » navrant.
-Moi blasé !? non pas du tout…. Heureusement d’ailleurs.
-Tu penses que tu pourrais me prendre moi ? ….. En photo.
-Pourquoi préciser ? l’un n’interdit pas l’autre…..
Si je peux la sauter, elle et surtout l’étape précédente il n’y aura pas de prix d’Amérique, d’ordre des choses et elle ne garderait éventuellement que mon petit chapeau et le souvenir d’un martelage plus ou moins rapide, plus ou moins bon car il est clair qu’on en restera là. A t’ont déjà vu garder son ticket après une course ?
Voilà que ma remarque l'à fait glousser, puis elle se reprend, insistant sur le coté sérieux du fait qu’elle a toujours rêvé de poser nue et d’avoir de jolies photos d’elle avant que le temps ne l’outrage. Le temps….
-Moi ce dont j’ai toujours eu envie, c’est de baiser une grande rousse aux yeux verts dans une Rolls dont l’auto radio diffuserait du Gainsbourg en boucle et ainsi de prendre l’avantage sur le temps… De lui voler son outrage.
« Mais je ne suis pas rousse » dit elle en essayant de contenir son bouleversement par une évidence dont je me fous. Voilà, qu’en plus de son artiste aux allures de rock star, elle vient de trouver le héros de ces nuits solitaires, issue d’un article de jeunes et jolies précisant les différents types de baiseurs potentiels sur le marché du cul. Décidément cette fille au fond de la salle à vraiment un truc qui m’interpelle…Celui sûrement de ne pas l’être par moi. Elle resta stoïque.
-Alors je ne te baiserai pas !
je me lève sans attendre sa réponse, sans la regarder et me dirige vers le fond de la brasserie où se trouve à droite cette brune en tailleur et lunette affairée sur son ordinateur portable et, plus loin à gauche, les toilettes. En direction de ces derniers, je m’arrête à sa table et lui lâche presque à l’oreille « vous aussi je vous baiserai bien » puis sans attendre sa réponse je reprends le chemin de ma destiné. Tournant le verrou, je défais mon pantalon pour m’asseoir et démouler ce que je suis, une merde d’artiste en pleine remise en question…Heureusement aujourd’hui il y a du papier.
Olivier Legendre Dépôt SACD.
détestable, c'est qui est délectable.
· Il y a presque 12 ans ·sadnezz
Merci à vous deux.
· Il y a presque 12 ans ·Olivier Sun7
j'aime bien le côté Henri Miller, dense et blasé ...
· Il y a presque 12 ans ·woody
j'aime cdc, pourtant je suis une difficile!!
· Il y a presque 12 ans ·l'animelle
lanimelle