The Cure - Pornography

Colin

Laissez passer la vague froide.

Amis amateurs de musique enjouée, rebroussez chemin. Autres âmes perdues, curieux et badauds, asseyez-vous un instant. Posez votre manteau sur vos genoux, et laissez passer la vague froide.

Quatrième album des anglais de The Cure, Pornography trône en roi dans l'empire de la cold-wave, du post-punk et de toutes ces appellations étranges qu'on a donné aux albums des années 80 drapés de lignes de basse qui donnent froid dans le dos. Le folkore (épi)curien (probablement le jeu de mot le plus malheureux de l'histoire du groupe) voudrait que Robert Smith ai hésité entre composer un album et se foutre en l'air. Histoire de marquer le coup, il entame le huit titres par un glorieux "It doesn't matter if we all die". Bien bien bien.

Une fois passé l'atmosphère-enterrement qui glace les oreilles du premier venu, autre chose vous saisit. Un sentiment terrible, introspectif, hypnotique. La complainte du loup solitaire. Une transe cauchemardesque, véritable out-of-the-body-experience. Tristement relégué à l'archétype du style gothique, Pornography est un album envoutant, qui s'écoute d'un bloc, en s'imaginant les paysages lugubres d'Edgar Allan Poe, période Fall of the House of Usher.

Des lignes de basse incroyablement hypnotiques, des guitares épurés, une voix qui sonne comme une complainte. Le tout porté par une batterie dont l'impassibilité remue dans la plaie la placide mélancolie de cette lamentation qui vous habite morceau après morceau.

(8/10)

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