The Haunted Doll House

Juliet

Grand frère,
dans le miroir
j'ai peur de mes grimaces ;
je crains qu'elles ne m'effacent.
Grand frère,
que faire
quand la maison est hantée ;
je crois avoir tout tenté.
Grand frère,
j'ai vu l'enfer,
son rouge passion et sa contrefaçon.

Grand frère,
et si je pleure,
alors étreins ma douleur,
serre-la jusqu'à l'étouffer ;
le Diable me cuit à l'étouffée.
Grand frère
tu sais j'ai vraiment tout fait
mais le conte de fée est défait ;
Grand frère alors ,
aime-moi
et quand je dors,
sème-moi.

Amant j'ai peur de mes grimaces ;
si elles devaient laisser des traces
ce serrait tellement terrible !
Je croyais être sans cible
mais la cible c'est moi ;
la cible de mes émois.
Amant aime-moi
comme si j'étais un enfant ;
même si le diable me défend
ce n'est rien d'autre qu'une ruse ;
C'est de toi que je suis la muse.

Amant j'ai peur de mes sourires,
il veut en faire son Empire ;
moi je voulais devenir le tien
mais tu vois, comme il m'a mis ces liens.
Dis-moi, mon désir, toi mon amant,
c'est toi qui m'attires, toi mon aimant.
J'ai peur des trains fantômes
et son entrain m'assomme,
je ne suis pas un jouet
mais lui il a un fouet.
Dis-moi grand frère
comment m'en défaire ;
quand j'écoute mon cœur, ses battements,
je n'entends que son chœur, à ce Satan.

Grand frère j'ai peur de l'école,
amant je crois qu'elle m'envole.
Regarde mes ailes blanches,
elles sont belles mais pas étanches ;
il pleut sous le ciel du Diable,
mon vœu s'est réduit en sable.
Amant, mon grand frère,
Satan, c'est l'enfer.
Grand frère, protège-moi,
Amant, héberge-moi ;
chez lui il fait si sombre,
j'y ai laissé mon ombre.
J'ai toujours peur de mes grimaces,
elles n'osent même pas me faire face.

Grand frère je vais fuguer,
Amant viens m'irriguer ;
je suis sec du sel des larmes,
je me souviens de ses armes.
J'attends si fort la nuit
car c'est là que je fuis,
et sagement je vous attendrai ;
s'il le savait il me descendrait.
Même si ce n'est qu'un jeu
je ne joue pas avec le feu.
Grand frère j'ai peur de mes grimaces,
je ne suis plus de la même race.
Amant je voudrais m'en aller
mais il y a des ronces sur l'allée.
Grand frère si je regarde le miroir
je n'y vois que la face de mes déboires.

Aimez-moi comme un enfant,
bercez-moi comme en l'ancien temps ;
nous qui dansions la farandole,
voilà la sienne qui m'enrôle.
Elle m'emporte
et me déporte

mais ce n'est pas très légal
qu'il garde le rôle du mâle.
Grand frère, je suis aussi un garçon !
Amant, tu le sais de toute façon !
Tu vois grand frère,
je suis à terre.
Tu le vois Amant,
que dirait Maman !
Ce mal qui a toqué à ma porte,
mais que le Diable un jour l'emporte !

Grand frère, viens à moi me sauver,
Amant, laisse-moi me lover ;
j'ai encore peur de mes grimaces,
elles ont pris toute la place.
Faites comme s'il n'y avait rien eu,
aimez-moi comme un ange non déchu.
Tu vois, mon précieux grand frère,
je suis sage et vais me taire
mais tu vois mon Amant
comme le Diable est dément.
Mais je vais le tromper ;
sa ruse est pompée,
moi je suis un enfant
encore transparent ;
je vais disparaître,
je saurai renaître.

Grand frère,
dans le miroir
moi j'aime bien mes grimaces,
elles ne laissent aucune trace.
Amant,
dans le train fantôme
je deviens un homme.
Et lorsque je reviendrai vers vous, enfin,
j'aurai laissé le Diable sur sa faim.

(écrit le 16 mars 2011 sur une impulsion)

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