Théorie du Chaos, loin des cordes.
sadnezz
- Hé Doc', ça a tapé...
L'appartement était sans dessus dessous. Partout où se posaient mes yeux il régnait un chaos innommable orchestré de cannettes de bière vides, de cendriers vomissant leurs mégots froids et biscornus et de restes de bouffe formant de grandes auréoles de gras sur les papiers glacés. Ceux là d'ailleurs, - mes yeux - étaient largement cernés de noir, maquillage foutant le camps comme le vernis écaillé sur mes ongles. Là juste dans un recoin du canapé qui n'avait plus de couleur Docky regardait son âme s'échapper de chaque orifice de son visage en volutes épais et âcres, et moi, je regardais Docky. Son sobriquet lui venait d'une sale manie de disséquer tout ce qui pouvait l'être, y'avait qu'à regarder sa façon de manger... Ma main triturait une mèche de mes cheveux platines, comme celle de Docky, enfin, celle qui n'était pas occupée à tirer sur un joint en souffrance. Il me disait souvent: " Putain, j'adore tes cheveux...". Moi je m'en tapait, j'aimais ses yeux. Délavés et emplis de fumée, un bleu sans nom et sans couleur. Lui il s'en tapait, il vivait sa vie en mode veille, comme si tout le monde pouvait comprendre qu'une tête vide valait mieux qu'un crâne plein de merde.
- Putain, j'adore tes cheveux.
- Y'a quelqu'un à la porte, t'entends?
La radio crachotait quelques reliques de Gun's & Roses et lui il crachotait ses vapeurs comme une vieille cafetière encrassée.
- J'entends, j'entends tout beauté. " Say woman take it slow.. It'll work itself out fine! ... All we need is just a little patience..."
Je soupirais. Tandis que je me levais, vaisseau de fer brisant de mes pieds la calotte bordélique je foulais la terre que j'avais choisie. Ou plutôt qui m'avait choisie. A la porte tout était devenu silencieux, tu parles, dix minutes que ça avait tambouriné...
- "..Say sugar make it slow and we'll come together fine.."
Docky chantait affreusement faux. Je le regardais à travers la lumière bleue de cette journée où les heures allaient à reculons. Son corps mince et nu, sa barbe de trois jours. J'attrapais un cadavre de bouteille estampillée Cherry Coke et la lui jetait au visage, partant avant même que le projectile n'atteigne sa cible dans un rire exutoire. L'objet émit un 'Bong' sonore sur sa tête, ou peut être était-ce le contraire.
- Hé Doc', ça a tapé.
C'est le titre qui m'a attrapé à la lecture, Théorie des Cordes si près du Chaos... (de l'esprit... ?)
· Il y a presque 7 ans ·Marcus Volk
Ca toc, ça tape, ça bong et tout et tout. Ca ressemble au chaos. Parce que nous n'écoutons pas la musique, ni assez longtemps, ni d'assez loin. Ton texte me donne le sentiment d'être dans le caissons de batterie, à sentir le ravage tout près des vibrations. C'est que la musique du monde est écrite pour des oreilles plus larges que les nôtres. J'aime beaucoup ton texte.
· Il y a presque 11 ans ·Catfish Tomei
Original...
· Il y a plus de 11 ans ·Sonia Lescobert