T.o.c pas en toc

oserlesmots

J'ai ce qu'on appelle des tocs. Sympa non ? Hum quelle jolie caresse que ces trois mots : trouble...obsessionel...compulsif. Au singulier ou au pluriel ça revient du pareil au même. C'est pas la joie même si j'ai bien souvent fait sourire. Sauf que moi ça me glace. Je n'y prend ni plaisir ni véritable répit quant aux angoisses qui m'habitent. A la bonheur d'avoir l'air d'une toquée fantaisiste qui ne fait qu'à tout bout de champ bousculer l'ordre des choses. Comme si soudainement j'étais investis d'une mission, pire d'un record. J'aimerai en rire. C'est loupé. Je ne fais que ruminer. On dirait que je suis habitée par une entitée surnaturelle qui me force à rentrer dans ce rituel, qui me souffle à l'oreille une sorte de mantra qui ne fait que me maintenir dans ma prison. Vaste prison de mes pensées où je me bute aux mêmes murs, où je cherche une fenêtre.

Je veux faire le plein d'air. Je sature. Poitrine oppressée. Respiration difficile. Besoin urgent de tout chambouler. Je l'ai déjà fait hier. Tant pis, encore une fois je recommence. Je ne trouve pas ma place. Besoin de m'inventer un nouvel espace où pourquoi pas je saurai enfin trouver quelque apaisement. Lorsqu'on vient chez moi, on relève avec malice que les meubles ont navigué à vue et on ne sait plus trop à quel saint se vouer pour se repérer. 

"Oh tiens, ça a changé ici !!!"

Oui je sais. Encore!

On en sourit. On se demande à quoi ça ressemblera la prochaine fois. On se dit que c'est une perte de temps. On en pense je ne sais quoi mais pour sûr rien ne reste en place avec moi. Pourtant j'en rêve quand je vois la dispositon parfaite d'un salon tout aussi parfait au gré des allées d'Ikéa. Seulement la vérité, c'est qu'il n'y a rien de parfait. D'ailleurs loin d'être maniaque, on a tôt fait de constater que le bazar et moi on semble fait pour s'entendre si on s'aventure de trop près de ma chambre. Je ne rêve pas de perfection, j'aspire juste à cesser de me sentir oppressée. Sensation que tout ceci ne fait que trahir l'urgence d'un changement auquel j'aspire. Là où ça m'inquiète, c'est que ça fait un sacré bout de temps que j'ai développé cette manie. Sans compter que j'en ai eu d'autres, d'autres que j'ai réussi à canaliser. Pas la joie je vous ai dit.

Alors je me suis déjà demandé d'où ça vient tout ça, peut-on y trouver ses racines dans son histoire surtout quand on a observé sa maman avoir des rituels qui pour les yeux d'une enfant sont très étranges à constater. Les rares fois où j'ai eu l'occasion d'en parler, je n'ai fait que parler de ce que j'ai cru racontable car le fait est qu'il y a des rituels qui pour moi sont très très étranges. Je ne suis pas psy mais je pense qu'on en ressort pas indemne d'en avoir été témoin.

Je n'ai jamais compris pourquoi il fallait compter et sentir l'éponge (étrange et dégoûtant...Et pourtant authentique). Pourquoi soudain elle tourne le dos et dis je ne sais quoi dans sa barbe ? Pourquoi tellement de petits détails qui te font comprendre que c'est pas comme ça que ça devrait être ? Pourquoi ça prend un temps fou, pourquoi elle faisait ça. Pourquoi ? Etait-ce aussi un moyen de juguler ses propres angoisses, ses errements émotionnels suite à une histoire pas simple ? Hein c'est quoi tout ce bazar. Pourquoi j'ai conscience de faire parfois des choses bizarres et d'avoir autant de mal à enrayer cette manie ? 

Pendant longtemps j'ai maladivement vérifié que j'avais bien mes clés, mon porte monnaie...des choses ridicules mais sans mes multiples vérifications j'étais mal. Depuis plus d'un an je suis inscrite dans un club de sport, j'ai eu besoin durant des mois de faire mon sac, de le défaire, de le refaire, de le redéfaire etc...oui c'est risible. Tant pis. N'empêche à force, j'ai réussi à me raisonner et un soir comme hier, j'ai balancé mes affaires dans mon sac en ne vérifiant qu'une unique fois. Le progrès je le vois et ça me fait du bien. Petite victoire face à un rituel qui vole sa confiance et son énergie car aussi folle que je puisse être, je ne perd jamais la conscience de ce que je fais. Jamais coupé de la réalité, sorte de distance tout en étant l'actrice et la cause de tout ça. J'aurai beau vouloir raconter l'histoire, le fait est que j'ai le choix. Celui de ne pas subir, celui de choisir.

Pas un gramme de nicotine dans mes veines mais depuis des années une accoutumance s'est installée mais désormais je n'en veux plus. J'ai mis le doigt sur ce qui ne va pas. Je suis à l'aube de ce jour où il suffira que je sois consciente du geste accompli pour m'éviter de vérifier que je l'ai réellement accompli. Et en ce moment, lasse de me sentir oppressée, de ne pas savoir trouver ma place j'ai décidé de souffler. Oui juste ça. Tout simplement !! Je crois qu'à un moment donné, je n'ai pas su prendre ma place et j'ai fini par m'encombrer des envies des autres...d'où ce manque d'air auquel j'aspire tant.

Toc toc toc...

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