TOI, VOTER BLANC ?

Pierre et Paul viennent de se voir et de s'asseoir à je ne sais quel bar. Et leur conversation démarre.

Pierre déclare : « Je viens de faire un cauchemar. C'est le suivant. Un certain Michel Noir se présentait à la primaire d'une élection présidentielle, une élection pour devenir le Président de la Terre et du Ciel, contre un nommé Jacques Blanc. Et cela signifiait que moi, pauvre électeur insignifiant, je n'avais d'autre choix que voter Noir ou voter Blanc. Alors finalement j'ai voté Blanc. »

« Toi, voter Blanc ? » dit Paul qui, depuis le temps qu'il connait Paul, n'en revient pas qu'il vote pour un tel candidat. « Je te savais loin du programme de Noir mais ne te savais pas, mais alors pas du tout, proche du discours de Blanc ».

S'ensuit un blanc sonore. Et Pierre, qui est un homme d'honneur, s'honore en s'expliquant.

« Je n'ai pas voté Blanc » dit-il. « J'ai voté blanc. »

Et Paul comprend de moins en moins. Et comprenant que Paul comprend de moins en moins, voilà que Pierre explique de plus en plus. « Je n'ai pas mis dans l'isoloir un bulletin sur lequel est écrit noir sur blanc le nom de Blanc. J'ai mis dans l'isoloir un bulletin blanc. »

Et le malentendu, bien entendu, comme le brouillard très matinal ce matin-là, fut dissipé.

D'où l'importance, capitale quelquefois, d'une majuscule, voire même d'une minuscule ponctuation. Sauf que, dans une conversation orale, on ne met pas, en général, la moindre majuscule ou le plus petit signe de ponctuation.

Post scriptum: toute ressemblance avec un homme qui, par hasard, se nomme Jacques Blanc ou Michel Noir, serait purement fortuite.