Ton bonheur avant le mien

mamselle-bulle

Tu as raison tu sais, j'ai changé.

Mais ce que tu ne sais pas c'est que je n'aime pas celle que je suis devenue.

Tu m'aurais connu il y a quelques années, pas très belle déjà en ce temps là mais amoureuse de la vie, toujours souriante, avec des rêves, des tonnes de rêves.

Tu m'aurais connu tu m'aurais aimé c'est sur.

Peut être pas autant que là mais crois moi je valais le coup.

Tu me connais là, détruite, écorchée, pleine de haine, c'est tellement con.

Mais je t'aime tu sais, il n'y a que dans tes bras que la colère s'amenuise.

Que dans tes bras, que je ne me sens toujours pas belle, mais que mes complexes et ma rancoeur s'envolent un peu.

Tu as raison, parfois il m'arrive aussi d'avoir peur de ce que je suis.

Un espèce de truc volcanique prêt à exploser à tout moment.

Tu sais je l'aime pas cette fille, je l'aime pas ce corps et cet état d'esprit.

Tu sais je ne m'aime pas, je ne mérite pas de m'aimer au moins un peu.

Mais toi, je t'aime, à un point que tu ne peux même pas imaginer.

J'ai jamais aimé comme ça moi, ça fout la trouille.

Le bonheur c'est flippant tsé.

Parce que chaque fois que je l'ai laissé rentré dans ma vie, il s'est barré.

Faut que tu comprennes le pourquoi du comment, il faut pas que tu doutes.

Je n'ai pas peur de t'aimer, c'est juste tout ce rien à côté de tout que tu m'apportes qui me fait peur.

C'est juste cette putain de solitude qui est là, partout autour de nous.

Ces déserteurs et ces fantômes qui rodent dans chaque coin de mon âme.

Tu crois qu'à se sentir trop seule on peut devenir fou ?

Tu crois qu'à se sentir trop seule on finit par mettre toutes les stratégies en place pour le rester ?

Tu crois que c'est cette solitude qui m'a rendu si sombre ?

Je suis navrée,, tellement navrée de t'imposer ce spectacle oh combien traumatisant...tellement navrée que tu ne m'ais pas connu plus tôt. Tu m'aurais aimé peut être encore plus.

Si tu savais comme je m'en veux de péter des cables comme ça d'une seconde à l'autre.

Pourtant parfois je réussis à appercevoir celle que j'étais avant.

Au boulot par exemple, je suis cette ancienne personne que j'aimais bien finalement. C'est plus facile de donner le change.

Si on avait bossé ensemble tu l'aurais su.

Nan je dis pas que j'ai eu une vie de merde, je déteste les gens qui disent ça, je dis qu'elle a été faite de hauts et de bas, comme pour tout le monde.

J'ai juste du mal à remonter la pente tu comprends ?

Parce que chaque fois que mes pieds se replacent bien au sol, que mon dos se redresse, et que mon esprit se vide de toute cette merde, y'à toujours un truc qui vient m'écraser la gueule. Me courber le dos à m'en rendre bossue comme quasimodo.

Toujours un truc pour venir me rappeler que la vie est fragile...

Je devrai vivre tu dis ? La vie est courte ? Si jamais j'me faisais éclater par un bus demain en traversant la rue ?

Oui tu as raison, je devrai vivre...

Mais je suis tellement envahie par tous ces morts, toute ces absences, ces gens qui t'abandonne comme ça, en un claquement de doigts que j'en oublie l'essentiel.

Tu sais, si ça devait m'arriver de me faire éclater par un bus comme tu dis, je n'aurai qu'un seul regret, ne pas t'avoir expliqué tout ça avant, ne pas avoir pu passer plus de temps à tes côtés, ne pas avoir pu te crier chaque jour combien je t'aime.

Ce serait ça, pas toutes ces choses futiles pour lesquelles on perd du temps bêtement : se lever, chier, bouffer, se laver, mettre une plombe à se préparer, courir pour pas être à la bourre, aller au sport, sortir du sport, se laver à nouveau, bouffer, courir encore, à en être essoufflée, épuisée...

Et tout ça pour quoi ? Pour ne pas prendre le temps de te dire tout ce que je viens d'écrire ici. Ne pas te dire à quel point j'ai mal de voir dans le miroir celle que je suis devenue, ne pas te dire que parfois j'aimerai me gifler tellement je m'agace à dire des trucs que je regrette, ne pas te dire...que tout ce qui m'importe c'est ton bonheur, avant le mien.

Ton bonheur, avant le mien...Promis, je vais essayer de vivre, pour toi, pour nous, pour moi.

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