Ton navire

Laurence Malabat

Ton navire.

Tel un cuirassier ayant bien souvent trop bataillé. 

Un vieux rafiot. Qui se traine un peu, c'est vrai,

Il a connu les océans en liesse, les canons des attaques de pirates,

 Le repos à quai et les voyageurs de passage.

 Pour le rhum et l'aventure, dans le port, tu l'as  souvent délaissé. 

 

Mais pour autant sans ce bateau, tu ne pourrais rejoindre la berge. 

Il te porte, te supporte, il est fait de voile et de bois, il est si frêle.

Mais il peut être aussi fort que le roc face au éléments qui se déchainent.

 

Connais tu ce court instant où tout s'accélère. A l'horizon se prépare à un raz de marée, 

Les heures se découlent au ralenti, dans une brume céleste, tu attends que la tempête se calme. 

Les vents s'apaisent mais ils ont eu bel et bien le temps de te faire chavirer

As tu déjà ressenti ce corps qui est le tien, que tu pense connaitre et qui t'échappe, 

 

Il flotte dans une réalité hallucinée, seul au fond de son lit

 Car, maintenant tu n'es plus à même de le sauver, les jeux sont faits, les cartes sont battues. 

Pour un coup au poker, on t'a dit que la vie ne tenait que par un fil. 

Mais tant que tu ne l'as pas touché du doigt tu l'imagines solide et tendu. 

 

Tu savais bien que quelque chose clochait depuis des années, les voiles abimées, ton bateau a bâbord ballotait. 

Tel le phare qui empêche les navigateurs de s'échouer.  La lanterne s'était allumée, tu n'y voit plus rien mais  tu la laisse te guider, 

Il n'est plus que ruines, il n'avance plus, ne répond plus, ne voit plus. 

 

Le monde alentour n'est que souffrance. Comment cette femme supporte elle cette robe, ces talons, ce maquillage, comment lui peut il sourire? 

Comment fait il pour courir?.

 L'autre est le reflet de soi-même et lorsque celui ci diffère trop, la bascule est irréelle. 

Tu te réfère à ce capitaine au long court et cela te renvoi à ta faiblesse. 

Ton navire, ton corps te lâche heures après heures. 

Les alertes il t'en a donné mais tu n'as pas su les esquiver,

SOS, homme à la mer!! 

Le temps passe tu ne sais que faire de ce corps dont tu sens que le souffle de la vie s'échappe petit à petit. 

Il se passe quelque chose là, en dedans ,tt au fond tu ne sais pas où mais tu as mal d'attendre que ça passe... d'accord ....attendre que ça casse... plus simple .... Attendre 

Ton corps, ton rafiot, t'abandonne, ton esprit le suis. La survie prend le dessus dormir ou mourir. Manger n'est plus utile l'océan a besoin de calme pour se reposer. 

La douleur... cette brûlure ce coup de poignard ce déchirement intérieur qui amène les plus durs à verser leur larmes 

On dit que la vie ne tient qu'à un fil mais qui se trouve à chacun des deux bouts ? Qui le tient tendu qui tire trop la corde jusqu'au point de rupture.

Tu as passé le relai, tu as demandé de l'aide : à l'officier qui prendra ton sang, au barreur qui t'accompagnera dans ta douleur, et au mousse qui prendra ta température.

Ton corps, Ton rafiot, ne tient qu'a un fil. 

Prend en soin, écoute ses signes.

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