TON REGARD, PLANTÉ SUR MOI.

Adelphine

Qu'étais-je, durant cette nuit là ?

Cette nuit de fête et de musique, de musique et de bière.

J'errais, avec toi, parmi eux, dans tous les regards.

Parmi les gens.

J'errais, perdant sur la route la moitié de mes principes, la moitié des règles du jeu.

Tu m'enlevais chacune de mes limites.

J'étais une nuit de courbe et de douceur.

J'étais bloquée contre toi, contre un chasseur prenant sa proie.

Mais j'étais bien dans tes bras qui me voulaient.

Peu importe si ça n'était sans rien, sans lendemain.

Je marchais, sans plus aucune bagage.

Sans plus rien de pesant.

Je marchais seule, sans plus aucune conscience.

Et tes mains, elles m'enlaçaient.

Elles me serraient.

Elles me jetaient contre toi.

Me balançant dans un vide, un vide comblé d'attentions.

Tu effleurais, la paroi de ma sensibilité, de mon cou, mes joues.

Et tu frôlais, mes lèvres.

M'embrassais.

Autour de toi, autour de nous, je perdais tout.

Mais quelle importance ? Puisque j'aimais ça.

J'aimais ta peau, et ta voix.

J'aimais le rôle que j'y jouais.

La passion.

Ton regard planté sur moi.

Je ne veux plus de retour à la réalité.

Je ne veux plus être seule.

Car je hais, être l'âme qui erre dans sa solitude, qui s'abandonne de tout le monde.

Et c'était marrant de voir que j'aimais perdre cette fille sage.

De savoir que demain viendra, sans rien pour moi.

C'est trop compliqué pour deux personnes différentes de s'unir.

C'est inconvenant de donner, pour une perte de jours qui se suivent.

Trop dur de se battre pour un éternel, qui de toute évidence se serait consumé jusqu'au dernier jour.

Jusqu'au dernier morceau.

Jusqu'à la dernière larme.

Jusqu'à souffrir.

Alors tu ne te mélangeras pas à moi.

Tu n'y verras pas d'inconvénient.

Tu n'y verras pas qui je suis.

Et je ne verrai plus qui j'étais pendant cette nuit là.

Je me réveille, les rayons du soleil tapant sur mon corps.

Le jeu reprend ses règles.

Et les limites battissent des murs nous éloignant dans un vide, un vide comblé de solitude.

J'étais bien, contre toi.

Mais je reprends ma valise, mettant à l'intérieur, le souvenir de tes mains dans mon cou, celles sur mes hanches.

Et de celles sur mon ventre.

De ton regard, planté sur moi, me dévorant de l'intérieur.


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