Trajet matinal
dreamcatcher
L'horloge indique six heures. Je quitte ma grotte pour aller travailler. Tout est noir ici. Un peu comme dans un film d'épouvante, du moins un avec pas mal de suspens, je marche rapidement et tente d'observer le monde sans lever la tête. J'ai l'impression d'avoir des yeux dans le dos, filmant la scène que je vis en direct. J'entend un bruit. Je me retourne brusquement. Mais ce ne sont que les bruits de la ville qui doucement se réveille. Et le chant des oiseaux berçant les enfants dans leur sommeil. Les lampadaires se courbent à mon passage, je sens la lumière traverser mes paupières. Elle se loge dans ma tête, me réveille. Je bâille. Pense à mon lit, chaud et doux. Ce lit si froid hier soir, tellement agréable ce matin.
Je n'ai que vingt minutes de trajet mais cela me fatigue déjà. Mes jambes s'essoufflent alors qu'elles n'ont pas encore bougé. Sur le béton mouillé, mes pas se font plus dynamiques. Je vais plus vite une fois quitté cet état second dans lequel j'étais plongé, après avoir laissé mon nuage de coton à la maison. Entre les rêves et la réalité. Comme après avoir pris quelques substances illégales paraît-il.
Le ciel se lève on dirait. Les nuages prennent place. Il redevient couleur. Gris ou bleu qu'importe. Il prend vie. Moi aussi. La nuit tout est différent. Les gens ne parlent pas. Les quelques personnes croisées ce matin ressemblent à des fantômes. Le pas léger, le teint blanc, le souffle court. Et je suis comme eux. Je le sens. Je m'observe. Les yeux dans le vague. Marche automatique. Les vingt minutes s'écrasent sous mes bottes. Sous la lune qui s'en va. Elle laisse place au soleil, parfois à la pluie. Parfois juste à une centaine de nuages gris.
Je passe ces voitures, longe ces magasins. Parfois je change de route pour casser la routine. Tenter de voir d'autres choses. Une pie qui se ballade. Des gens matinaux comme moi peut-être. D'autres fantômes. J'ouvre les yeux plus grand à chaque nouveau pas. Je traverse ces rues désertes. Au feu rouge, qu'importe, il n'y a personne. Voilà le bus que je croise chaque matin, à deux pas du travail. Je suis donc à l'heure (enfin s'il est lui-même à l'heure?!). Pour vérifier, je saisis mon téléphone. La lumière de l'écran ne me blesse plus les pupilles. Je suis dans les temps. Je franchis cette grille blanche, entre dans le monde du travail. Puis parcours ces quelques mètres qui me séparent des machines bruyantes et de toute cette bouffe à mettre en boîte. Vive l'odeur à six heures du matin. Changement de tenue, lavage des mains. Trois, deux, un: partez. Les vingt minutes sont écoulées.
Pareil ! J'aime beaucoup cette tranche de vie que tu dépeins, C'est le genre de texte que j'aime beaucoup lire !
· Ago over 10 years ·J'aime beaucoup tes métaphores, tes tournures de phrases...
Bravo !
rafistoleuse
Pourtant j'ai pas passé tellement de temps dessus :p
· Ago over 10 years ·Merci beaucoup :)
dreamcatcher
le côté ou tout le monde s'y retrouve, la rapidité du texte en terme de fluidité, le réalisme. bijes et stoppe les mercis
· Ago over 10 years ·Christophe Paris
coool j'adore ce genre de coms ça m'aide beaucoup (PAS MERCI ALORS)
· Ago over 10 years ·dreamcatcher
:-)
· Ago over 10 years ·Christophe Paris
oh classe jolies expressions bien trouvé, universel tip top
· Ago over 10 years ·Christophe Paris
C'toi qui est tip top, tu me donnes le sourire jusqu'aux oreilles!
· Ago over 10 years ·dreamcatcher
Faut marcher c'est bon pour la santé!!! Belle description de beaucoup de vécus... Bravo J'aime! kiss
· Ago over 10 years ·vividecateri
Merci beaucoup pour le coup de cœur! Je ne pensais pas que ce texte allait y avoir droit.. :)
· Ago over 10 years ·dreamcatcher
Si si belle émotion!!! Pour moi c'est une belle tranche de vie.... Kiss A+ Je file!
· Ago over 10 years ·vividecateri