TRIBUS DU SOLEIL

gun-giant

Leur esprit, tel une lente corolle, s'élève, pétale majestueux, gonfle tout son volume et s'étale au soleil, fleur entièrement ouverte qui s'étire en toutes directions, au maximum de son espace - vertical cervical ! Complètement tigé, ramifié, circulé, frémi, tissé, comme un liquide respirant jusqu'au bout de son lit glougloutant, et aspirant, simultanément, la lumière cristalline. La pensée des tribus du soleil ne se profile pas comme un avoir. Comme se limitant à une science, une connaissance objective ou son objectif à objecter, d'ailleurs (ou d'ici ?), sans arrêts, de nouvelles expériences. Ce qui présuppose que l'on ait, d'abord, globalement, jaugé, contenu, imbibé, absorbé cette réalité ou le phénomène que l'on veut connaître. Pouvons-nous envelopper ce qui nous enveloppe ? Et puis, en descendant les diverses escales de ces escaliers qui se décomposent en analyse (de chaque détail du phénomène, de ses relations, mécanismes, engrenages, causes, poulies), démontage et démantelage (comme explosion par destructions, creusement de tunnels, brûlages, fonderies, épluchages jusqu'à avoir désarticulé, démembré chaque élément, puis, il ne reste plus que la synthèse, essayer de remonter le courant vers l'origine, de revisser les mécanismes en espérant qu'ils tiennent, se contiennent, se retiennent, se détiennent, se soutiennent. Atomisant, ainsi, la réalité en innombrables miettes, en minuscules morceau de verre foudroyé, éparpillant tous les intègres ingrédients tâtonnant vers vaine structure pour y adosser, ensuite, les îlots épars des compréhensions isolées, cadastres jonchés d'astres dévitalisés, hoquetant leur tourniquet fébrile de "toujours prouver mes connaissances", cartes muselières des arts, aiguillages divers, étagères étagées à gondole de vue, armoire où ternissent toutes les moires des œuvres de vie, granges, hangars, entrepôts, salles hautes et vastes, toutes pièces tapissant, quadrillant de nombreuses murailles du "palais de la réalité", dont ce cerveau est l'habitation. Travail de parcelles par celles là même où, à part celles que tu étudies, tu ne vis, ni présentement, ni prochainement, ni, peut-être jamais, le tout vibrant de vie, dans lequel vient, vitalement, s'enchâsser le détail étudié, et puis le bétail de détail que tu auscultes, puis occultes sans cesse. Une vue d'ensemble tu n'en as point sinon ensembles nous serions dans ces vues d'ensemble, il semble. Chaque détail trottinant, congestionnant, embouteillant le circuit fluide et régulier de l'énergie qui se dit toujours mieux que connaître ce que tu vis, si tu le vis intensément c'est extensible, c'est ex-statique...

Et voilà l'esprit des tribus du soleil en plein parcouru de l'intense Nature, le sempiternel et moelleux rebond de cet esprit sur le caoutchouc ruisselant d'énergie. Une perception totale, solidaire et intuitive, bref une perception solaire des formes…Cet esprit à vaste forme irradiante, une ramification réunie de milliers de rapides ruisselets et, plus instinctivement, encore plus physique, d'un aspect tout plongé et enraciné qu'il est dans le corps organique et organiciste. Ce sautillement qui en est le pétrissant mécanisme, en révèle tout l'ensemble vibratoire et pulsatif. Car, pour cet esprit qui, certes, ondoie tel une anémone de mer , selon la direction comme vaporisée de lait de brume, puis, comme rembobinée dans le spray de l'ensemble qui, déjà, y trouve ses équilibres, régulations, distances, chaleurs, énergies...etc Cet esprit comme un nageur fulgurant, mais, aussi, comme un attentif et mol récepteur, réceptacle, laisse les fleurs en pollens de compréhension dense se déposer lentement sur l'immense ramification palpitante, comme moteur au ralenti, s'y tâtonner selon de fines touches de parfums et goûts et trouver sa juste place comme révélée par une perspective perspicace. Y trouve son exacte longueur d'onde.

C'est un esprit totalement magnétique, aimantant ce qu'il cherche à saisir, sentir, happer ou connaître. Ce qui compte c'est cet esprit entièrement déployé et non pas la méthode atomisante de connaissance séparée et isolante et, en fait, explosant chaque élément afin de le construire artificiellement par la suite. Lorsque cet esprit est complètement développé, la structure étant partout posée, chaque chose vient, automatiquement, s'y intégrer, se former, fleurir en sens soudain. En la structure complète les lentes zones de silence s'évaporent par lassitude. Chaque chose prenant sens, peu à peu, sans aucun démontage sinon la rapide circulation dans toute la sève du circuit de la structure mentale harmonisant ses rapports avec le corps, la Terre, l'univers etc...en une forme, ainsi, tissée et dont, soudain, surgit la solaire intuition. Fulgurance ouvrant tout le corps en une vision plus profonde, vaste, stable et durable...La pensée des tribus du soleil cherche à tâtons ses différentes longueurs d'onde. Les différentes longueurs d'ondes étant comme les antennes de ce monde, basse ou aiguë, vibration à laquelle la pensée parvient, un jour, au parfaitement coïncidé, collé, s'y adapter c'est adopter...La pensée des tribus du soleil se voit dans tous les mouvements de la Nature, ondulations des plantes, musculatures de l'eau ; nulle part ailleurs n'est à chercher sa structure que dans le soleil...

(à suivre)

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