Trip 24/24 7:7

Alex De Querzen

PUBLIÉ SUR http://www.alexanderdequerzen.com/texte/trip-2424-77/

07 : 37

Une sirène de bateau retentit. Suivie d’une alarme de bagnole. Et enchaînée avec un battement sourd et basique. Répétitif. Pète couilles. J’émerge, c’est à dire que :
J’ouvre un œil.
Regarde l’heure.
Ouvre l’autre œil.
Décide qu’avoir les deux yeux ouverts en même temps est trop dur à 7h39 et les referme.
Me lève d’un bond à 7h43 après que Sirius, mon chat noir, ait décidé de prendre ma queue pour un hochet. Connard de chat.

07 : 47
Je coupe la radio, lance un mix de DJ Hype, un truc nommé meditation_alongside.mp3 et prends la boîte de Camel (« Fumer provoque une mort lente et douloureuse ») et en sort dans l’ordre : une feuille OCB (bien que foncièrement anti-facho, et malgré la rumeur, OCB Slim est LA marque de référence pour rouler), la boîte « Weed Attack » contenant de la Jack Herrer et une clope. Effritage. Mixage. Roulage. Léchage. Collage. Allumage.
Boum dans ma tête, la beuh est forte, je me rallonge.

08 : 23
PUTAIN DE SA RACE. J’ai 7 minutes pour prendre ma douche, donner à bouffer à Sirius, m’habiller et me tracer de chez moi. C’est chaud. Tant pis, j’irai en taxi, donc j’ai le temps de finir mon joint qui était comme un orphelin solitaire dans le grand cendrier piqué dans un restoroute en Belgique.
Douche.
Café.
Thunes, clopes, feuilles, beuh, coke. Alléluia, je me suis fourni hier.
Me prends un café. Vive la machine Philips Senséo© offerte par mes vieux.
Me casse de chez moi.
Prends l’ascenseur, tombe nez à nez avec une moumoute blanchement violette, puant la lavande et avançant à deux à l’heure. Pas de doute, c’est une vieille. Pour être plus précis, c’est la vieille qui habite l’appart à côté de chez moi. Elle ressemble à un troll. Un troll avec une immense verrue (ou un grain de beauté ultra poilu) et une haleine de fennec. J’ai envie de lui vomir dessus d’un coup. Ce qui a pour effet de lui amener un grand sourire édenté pour elle et un « aaaiiiittttiiiiééénnnneeeuuuu cccoooommmeeennttt aaallleeezzzz vvvouuusss mmmmoonnn ppeetttitttt ???». J’ai un bug auditif là, pas possible : sa voix ressemble à un 45 tours passé à la vitesse de l’âge du Christ.
Je rebrousse chemin pour deux raisons :
1/ Si je reste 7 secondes de plus je lui vomis vraiment dessus
2/ J’ai oublié de donner à bouffer à Sirius

08 : 53
La vie est trop dure. Je vis entouré d’aliens, se cachant partout. La vieille peau de tout à l’heure en est un exemple. Je suis sûr que je suis surveillé. Prenons Sirius par exemple. Il me regarde d’un air attentif, limite prêt à sniffer ma ligne de speed que je me suis préparée. Cet enculé a d’abord gratté sa gamelle (« c’est pas bon ce que tu me donnes à bouffer ») avant de la torcher en 2 minutes 37. Je le sais parce que je l’ai chronométré. Le sachet de Whiskas en sauce (goût volaille) fait 100g, Sirius a donc une descente de 0,63694268 grammes de Whiskas à la seconde. C’est un estomac sur pattes quoi. Mais qui m’observe alors que je prends le rasoir pour réduire en poudre le caillou de speed.
Je ne peux pas.
Pas ne pas me faire ma ligne.
Mais me la faire avec ce chat en face de moi.
Je l’enferme dans le frigo, dans le bac à légumes.
Au moins, il pourra pas me dénoncer aux keufs.
Et moi vais pouvoir sniffer tranquille.
Le rituel commence : cassage, effritage, coupure de doigt (slurp miam, c’est bon le sang), traçage de ligne, prisage de billet (20€, on se refuse rien, c’est mardi, lendemain de lundi) et sniffage.
Puis hop dehors, vite vite, faut se dépêcher, j’suis en retard, hop hop…
Je claque la porte de mon appart et la stoppe en donnant un coup de boule dedans, ma tête traverse la porte, devenant un périscope qui regarde l’intérieur de mon frigo et ma main rouvre la porte, je rentre dans l’appart et libère Sirius qui est complètement déjanté pour la peine, tremblant et crachant. Va encore m’en vouloir cette panthère.

09 : 17
Station de taxi. Logiquement, la règle veut qu’on prenne le premier. Mais vu la tête de con – on aurait dit mon oncle Jean Marie avec une gueule encore plus avinée – je préfère prendre le suivant.
Çà me botte, c’est un jeune en baggy avec les yeux rouges qui est en train de lire un magazine porno à l’avant d’une 406 blanche. Massillia Sun Powered.
« La ZAC du 109 s’il vous plaît, merci » dis-je en m’écroulant sur la banquette arrière.
J’ai à peine dit ça que le tacos fait une embardée sur la droite, démarre et qu’un compteur apparaît en bas à droite du pare brise. Il indique la vitesse ou quoi ? Il indique la vitesse. Un chrono de temps défile au milieu, et un truc de score semble apparaître en dessous du pare brise. Compteur bizarre, augmentant de 0.10 toutes les 5 secondes. Je suis où ? Dans un putain de jeu vidéo ou quoi ?
Je prends mon échantillon de parfum Calvin Klein dans la poche intérieure de ma parka, l’ouvre, le porte à ma narine droite, bloque ma narine gauche et inspire. Re-boum dans ma tête, le speed explose dans mon cerveau tandis que le taxi défie une vieille sur le passage piéton à Carmageddon. Il frôle un bus, puis zigzag entre deux 38 tonnes avant de se stabiliser à 328km/h sur la voie de droite. Virage sur deux roues ( les deux roues gauches vu qu’on tourne à droite) avant de passer la quatrième et de piler devant mon taff.
Le compteur indique 14.70. Pas mal, le score reste à battre.

09 : 38
Je me pose devant mon bureau, enlève ma veste, allume le Dell, puis vais me chercher un café. Et fait un détour aux toilettes pour me rouler un petit stick de bienvenue dans l’exploitravail.
La secrétaire de direction ressemble à une vache ruminant un chewing-gum et mugit qu’il y a du café fait exprès au Brésil. La vache, ton café doit être froid s’il arrive de Rio de Janeiro !
Je lui réponds que je préfère la samba ou le carnaval à la rigueur et vais me fumer mon spleef en bas, près d’un champignon.
Les Inconnus disaient : « les insectes sont nos amis, ils faut les aimer aussi tralalalalaaa » mais ça n’a rien à voir.
Sauf pour le champignon qui et en train de se faire bouffer par les fourmis. Le pauvre. Il a déjà survécu à un champignonicide il y a peu : un après midi d’automne, des jeunes avaient trouvé un moyen de locomotion, et étaient partis à la cambrousse pour le trouver, lui, ses frères, ses sœurs, ses parents et ses potes. Les champs sont humides, acides et tout ça pour se faire bouffer ou fumer ! Pas glop la vie d’un champignon. Je tire la latte du cow-boy et j’abandonne PsyloQuiSupplie à son triste sort, en lui promettant de revenir. Les plantes, c’est comme les gens, sauf qu’ils ont pas de bras, ni de jambes. Et qu’ils communiquent par la pensée. Tout ça je le sais parce que j’ai eu le mode d’emploi en regardant les Monstroplantes quand j’étais petit.

10 : 57
Je mongolise devant la machine, les caractères Verdana size 10 formant des lignes ressemblant à du morse. Je vois pas trop quoi faire pour le site à créer pour la fin de la journée. Comme d’habitude, j’ai eu les infos il y a ¼ d’heure, et la mise en préprod est prévue pour ce soir. Parallèlement à ma prise de conscience, j’écoute la commerciale parler de sa môme qui s’est fracassée une dent. Ou la lèvre. Ou les deux. J’imagine bien une tête blondinette avec la dent dans la lèvre, forme primitive de piercing. C’est soûlant à force : travailler avec des gens qui ne sont pas vos amis mais dont vous connaissez toute la vie, du début à la fin, de l’heure à laquelle elle s’est levée jusqu’à l’heure où elle a sucé son mari avant de dormir et de faire un rêve où elle refaisait son mariage parfaitement idéal.
Je me motive : ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, donc… patientons encore 3 minutes.

11 : 01
Yes. Direction les toilettes, je baisse la cuvette, sors mon paquet de clopes, ma poudre magique de perlimpinpin et m’octroie une trace.
Je m’applique consciencieusement afin que le rail soit bien droit, bien équilibré, faisant approximativement 3mm d’épaisseur. Je l’étire, l’affine et le rectiligne. Sors un billet, le roule, et on essaye d’ouvrir la porte. Hochement de la clenche, discussion physique entre la porte et la main, finalement la main déclare forfait et se casse avec son propriétaire. Je me fous le billet dans le nez et snif snif direct dans mon cerveau. Me fous à genoux directement après, regardant les restes de poudre scintiller comme autant d’étoiles. J’essaye d’en récupérer encore et encore, d’accord d’accord, mais je m’arrête : je ne suis pas un toxico. Je pisse et me casse.

11 : 11
Quelle perfection. Il y a des heures comme çà. 00h00. 11h11. 22h22. 10h01. Palindromes horlogers numériquement parfaits. J’aime. Je bloque. Puis me décide de m’accorder une petite demi heure de surf sur le web, histoire de trouver l’inspiration pour le site de cul à faire. En théorie, c’est facile à faire. Le client dit « on vise les mecs de 20/30 ans ». Le client dit « les nanas doivent être belles, regardez les américaines ». Le client dit « je veux un truc sexe ». Moi je dis « je veux une vraie meuf et pas une virtual girl ». Des noms me reviennent à la mémoire : Tania Russof, Jenna Jameson, Rocco Siefredi, Houston, Clara Morgane, Ovidie, Laure Sinclair, Estelle Desanges… Mon esprit s’érige comme mon sexe à la vision de ces corps (siliconés ?) et de ces textes vénalement provocateurs. La coke commence à attaquer mon cerveau, les petites étoiles la formant se cristallisant devant mes yeux, et je vois bientôt Estelle Desanges se mettre dos à moi, relever sa jupe et s’empaler sur moi, poussant des petits gémissements. Le porno a au moins l’avantage d’être plus parlant que l’acte réel en lui-même. Je commence à bander et change de place : si la commerciale me voit avec la trique, elle pourrait croire que c’est son lèchement de lèvre sensuellement pouffiasse qui me fout dans cet état. Le croire et le faire croire aux autres. C’est pas parce qu’elle est en jupe et que ses jambes sont bien qu’elle y arrive, sa connerie étant rédhibitoire. Je songe à mon ex, une suédoise blonde parlant mieux l’anglais que le français et décide que finalement, mieux vaut que je finisse le rapport demandé par mon boss sur les nouveaux formats de pub sur le net.

11 : 56
J’ai pas trop faim. Mais faut manger. Miam miam obligatoire, même si… Je serais assez capable de passer en mode jeûne sans y faire attention.
Si la coke est un excellent coupe faim, la beuh permet d’ouvrir l’appétit, donc… Je prépare mentalement mon planning : bédo à 12h30GMT et repas ¾ d’heure après.
Calcul : il est presque midi, mon joint est dans une demi-heure, conclusion, j’ai une heure et demi pour boucler le rapport, l’imprimer, et pour songer à une interface graphique pour le site de GirlsNextDoor.

12 : 20
Encore une heure. La commerciale parle culottes, strings et porte-jarretelles avec une des ses amies. Je crois comprendre que c’est pour l’anniversaire de son mari. Y’en a qui ont de la chance : je viens de recevoir la photo de la copine de mon meilleur pote, on dirait un mannequin de papier glacé. Sur le coup là, je me demande si on s’est pas promis lui et moi de TOUT partager.

12 : 46
Encore 3/4h.
« Je peux résister à tout, sauf à la tentation. » Ce bon vieux Oscar avait raison. J’imagine Oscar Wilde avec la tête d’un Jack Russel : le frère de ma grand-mère en avait un appelé Oscar. Un vrai chien de cirque. Du genre a faire des loopings pour une baballe.
Ça ne résout pas mon problème : je veux fumer.

12 : 54
Je craque.
Je veux sentir le THC couler dans mes veines et faire des bulles dans mon cerveau.
Palliatif : une Camel. J’aime pas les clopes en fait !

12 : 59
Encore 1/2h. Pour fêter ça, hop, re-pause clope.

13 : 05
J’ai bien dit « bédo à 12h30GMT » ??? Donc rien ne m’empêche d’aller me faire une trassounette (petite trace) ? Dont acte. Je croise Alexandra qui a l’air de déprimer à moitié, je me fais un post-it mental (« proposer une pause bédo à Alexandra tout à l’heure ») et m’enferme dans les chiottes.
Re-cérémonial.
Re-poudre de perlimpinpin.
Re-traçage de ligne droitement blanche.
Re-boum dans ma tête.
Retour à mon bureau, je renifle tout en observant mon cerveau loin devant moi carburer à toute vitesse sur une mise en page de GirlsNextDoor.

13 : 27
Enfin ! Je n’ai pas vu le temps passer : j’ai pu répondre à mes mails, discuter par messenger avec Alexandra (je sais pourquoi elle est triste : son mec l’a lâché) et appeler mes parents pour les rassurer, « Mais oui, tout va bien, c’est de la balle le boulot en ce moment, je m’éclate (surtout le cerveau pensais-je in petto), life is cool… »
Je retourne aux WC, et là, décidé à optimiser mon temps (ça sert aussi à ça la cousine Cécile) : je vais rouler mon joint tout en déféquant. Une scène de Jackass me revient : Steve’O plongeant dans une piscine pleine de merde. Je charge volontairement le joint en beuh, Alexandra venant fumer avec moi, comme disait l’autre, sur un malentendu, ça peut marcher. Comme c’est de l’herbe, j’octroie 1cm pour le filtre (un reste de ticket de métro), je roule et je tasse. Puis j’agite le joke et souffle sur la cuvette histoire de supprimer toute trace…

13 : 30
« Go ? » propose donc Monsieur Moi-même à Alexandra, via cet outil magiquement moderne de communication globalement locale qu’est le messenger (MSN pour ma part). Réponse de « ALEX100DRAPS » : « go go go gadget ! »
Now, it’s break time.
J’ai une heure de pause. Ou du moins, je m’accorde une heure de pause.

14 : 37
Re.
En langage Internet, ça veut dire « je suis de retour ».
C’était plutôt pas mal.
Déjà le oinj a bien détendu les choses.
C’est rigolo, on dit que les jeunes se désocialisent en fumant. J’y crois pas trop personnellement… J’aurais plutôt tendance à dire qu’on se socialise différemment. On se regroupe en clans. D’un côté, « Eux » et de l’autre « Nous ». Les fumeurs et les non fumeurs. Les cokés et les non cokés. Mais c’est pareil que pour la religion, y’a presque autant de sous-clans que de personnes. L’un peut écouter Assassin, l’autre Laurent Garnier, les deux se retrouvent autour d’un joint. Mais cela peut avoir un impact positif, le cross-over entre les deux : le technoman va se mettre à écouter du rap, et le rappeur de la techno. Je le sais parce que je l’ai fait. A grand coup de cross-over, ma connaissance musicale à évolué. Devenant de plus en plus éclectique au fur et à mesure que le temps passe.
Bref.
J’en reviens à Alex.
Bédo dans sa voiture, une Golf métallisée, où elle m’explique qu’en fait c’est un mal pour un bien, son mec n’étant pas du tout l’homme de sa vie, tout au moins l’homme qui partage son lit et tout au plus un mec cool avec qui elle a passé 8 mois de sa vie. Elle m’avoue chercher quelque chose, quelqu’un qu’elle ne connaît pas, ou qu’elle ne sait pas qui il est. On parle, enfin surtout elle, et nos doigts se frôlent lorsqu’elle me tend le pétard. Sourires. Elle est mignonne dans le genre « première de la classe qui fait des efforts pour ne pas ressembler à la petite fille propre sur elle ». Elle me demande où j’en suis de mes amours, moi, je lui réponds que j’alterne entre ma main droite, ma main gauche et des bouches plus ou moins anonymes. Elle éclate de rire, et démarre.
Direction le Quick.
Simple, facile, rapide. Et me convenant assez bien.
Le moment de la commande est épique : avec tout ce que je me suis pris dans la tête depuis ce matin, c’est assez folklo. Je commence par demander un Super Menu (c’est la promo du moment) avec une super frite, un super coca et un super Giant. La serveuse, enseigne vivante pour Biactol, ne comprend rien et me demande de répéter. Alex est morte de rire et m’engraine dans son fou rire, résultat, j’ai encore plus de mal à m’exprimer et au final Alexandra prend la commande pour nous deux tandis que je bloque sur un duo de pétasses blondement brune qui ne font que « hihihi » et « MatthieuJérômeLaurentVincentPaulKarimGrég ».
On se retrouve donc face à face, sur une table pour deux (si vous allez au Quick, vous voyez la surface que ça donne over et under la table) et forcément… on se rapproche.
Après, le cerveau en stand by, on mange en se racontant des tranches de vies entre deux gorgées de coca : « la vie c’est comme une boîte de chocolat » disait le Forrest, je crois plutôt que la vie est comme un hamburger. Les tranches de pain pour l’enveloppe, la garniture pour le cerveau (les oignons), l’apparence (la salade), la culture-confiture (les tomates) et les opinions (la sauce) et la viande parce qu’au final, tout n’est qu’histoire de chair. Vers 14h15, Alex speede : elle a rendez-vous à 14h30, donc on décide d’un commun accord de remettre le café à une date ultérieure (genre dans l’après midi ou dans la soirée, en fonction des affinités) et on lève le camp.
Retour dans la Golf, trajet Quick/boulot effectué en 8 minutes chrono, au son des Red Hot Chili Peppers.
Détour aux toilettes, histoire de me faire une petite trace de speed : je dois assure pour GirlsNextDoor. J’en sors complètement déphasé, le cerveau en vrac, un mælstrom d’idées-sentiments, assez flou voire obscur, tourbillonnant inconsciemment dans ma tête, l’idée principale émergeante se résumant à « me faut une meuf ».
Re.

14 : 45
Planning de l’aprèm’ : GirlsNextDoor GirlsNextDoor GirlsNextDoor !!!
Je fais la créa graphique.
Faut qu’elle soit terminée dans deux heures.
Puis break, c’est l’heure du thé, donc café et bédo ou coke selon le rush.
Fin des hostilités vers 19h.
Je prends mon casque Sony, le plugge sur la prise en façade du Dell et lance un mix énergique de Manu Le Malin, outlaw_mix.mp3, size 120 026 958 octets, soit 101 minutes et 41secondes de hardtek/hardcore et hop, MSN devient mon seul lien avec le monde réel, monde devenant virtuel pour la peine.

15 : 53
Étienne content : sur les 8 pages que dois compter le site, j’en ai déjà designé 5. Dont la structure, ce qui est un avantage monstrueux.
Et Alexandra semble ok pour prendre une pause tout à l’heure avec moi. Comme on met sur nos sites, on verra pour un verre ce soir « et plus si affinités ».
En attendant, la môme de la commerciale a bien mangé.

16 : 07
Me fumerais bien un spleef. Résiste mon petit, résiste, il n’en sera que meilleur. Par Messenger, again, une nana de 35 ans me propose de passer boire un coup chez elle. Sachant qu’elle est célibataire… ça laisse entrevoir et présupposer certaines choses plus ou moins physiquement sportives.

16 : 16
Le doute m’habite et ma bite me ronge : coke ou Jack Herrer ? Question crucialement cruciale a laquelle je ne m’auto-réponds pas pour éviter la tentation.

16 : 17
Mmmh, un bon spleef après avoir fini le maquettage, ça pourrait le faire, cadeau de fin de session.

16 : 18
Quoiqu’une trace de coke, pour me motiver dans le rush de l’intégration HTML…

16 : 19
Et pourquoi pas les deux ?

16 : 20
Je pose la question indirectement à Alex.
Qui me réponds qu’elle n’a jamais sniffé.
J’aime (pas) provoquer, alors « je ne te proposerai pas ».
Mais elle est tentée.
Hors cadre professionnel, elle a sa réputation à tenir : je sais plus dans quel film (Last Séduction avec Linda Fiorentino je crois), l’héroïne disait que « si l’amant d’une femme est connu dans l’entreprise, elle perd de sa crédibilité ». Y’a peut-être de çà. En tout cas, pour cette fin de semaine, j’ai le choix entre un plan Q avec une nana de 35 ans bien foutue et une de mon âge avec qui ça pourrait évoluer…
Bon, finis d’abord ton PhotoShopage mon petit Etienne avant de voir plus loin.

16 : 24
C’est décidé : le thé sera herbivore ou ne sera pas !

16 : 48
Hop, j’ai fini. Enfin presque. Les deux trois couilles-merdes qu’il y a seront réglées lors de l’intégration. Pas besoin de se galérer sur un « document de travail », ce qui compte c’est le résultat final et visible. Mantra nécessaire pour pouvoir réussir dans sa vie professionnelle. Y’a que quelques cas où cette règle ne peut pas et ne doit pas s’appliquer : dans le cas de contrats où votre document de travail sert de base au résultat final effectué par quelqu’un d’autre. Dans ce monde de caméléons exhibitionnistes, mieux vaut couvrir ses arrières.

16 : 49
Rapide revue des pages, ça va, j’aime bien et je trouve ça pas mal. J’en n’ai pas honte, donc c’est bon pour la pause avant le découpage. Je préviens Alex, qui me dit qu’elle me rejoint dans cinq minutes. Juste le temps d’aller rouler mon joke dans les toilettes. J’en profite pour me regarder dans la glace : ça passe !
Hop, une minutes pour l’effritage et le mixage, une minute pour l’équilibrage/tassage et le roulage, et l’histoire est dans la feuille !

16 : 53
Merde, coup de fil du client : je dois lui envoyer les maquettes. Histoire de voir. Photoshop > Ouvrir > GirlsNextDoor_home.psd > Enregistrer sous > Compression .jpeg niveau 8 > GirlsNextDoor_home.jpg
Et ainsi de suite, sur la home, la page de vidéos, celle de photos, de webcams, etc etc…

16 : 57
Pause enfin.
Je vais me chercher un café d’abord, et après Alexandra !
Auparavant, les chiottes, roulage.
A force, les mecs du taf doivent croire que j’ai des incontinences urinaires et/ou fécales.
Pensée pour Sirius : et si mon chat prenait lui aussi de la coke ? Ou de l’herbe ? Ça expliquerait pourquoi je rentre le soir et que je trouve un chat super speed (l’enculé, il a sniffé toute ma neige) ou au contraire, complètement zoné dans le canapé (le salaud, il a bouffé toute la beuh).
Ceci explique donc cela.
Je le savais : ce chat est un drogué. Et alcoolique. Et américain (je crois que c’est le seul chat capable de se nourrir de McDo…)
Je me marre tout seul en tassant mon joint : je suis limite allumé dans ma tête. Pas grave. Jusqu’ici, tout va bien.

17 : 05
Je descends enfin. Et jalouse. Alexandra discute avec un des stagiaires. Grrr.
Je pense que « connard tu vois pas que c’est chasse gardée » et que « chérie, pourquoi tu parles à ce type ? » tandis que je m’approche et fais un grand sourire en disant « Greg, ça va ? »
Bref, Grégoire a fini son café, donc pas d’excuse pour trainasser et donc il se casse, me laissant seul avec Alex.
C’est rigolo comme l’homme est un chasseur face à un gibier qui le manipule. Je me sens tout con dans ma parade amoureuse, et préfère marmonner un « go ? » pour le joint.

17 : 38
Chat. Soirées tranquilles. Cinéma et DVD. Films cultes. BO. Musiques. Musique électronique. Club & party. Livres. Revues. Graphisme print. Graphisme web…
C’est chaud de se rappeler d’une conversation basée sur le jeu du « Coq à l’âne »…
Mais instructif : on se découvre plein de points communs pour des conversations futures.

17 : 39
Deux choses :
Arrivé à mon bureau, messenger d’Alex : « j’suis fatiguée vivement ce soir…. » et juste après « on se voit ? »
Me suis fait une trace de C juste avant de retourner à mon bureau. Gentleman, start the (des)integration…

18 : 44
Ca peut être chiant comme ça peut être sport, tout est question de point de vue et de moment.
Ça ne vous parle pas ?
C’est pas grave, je trouvais juste cette pensée réalistement jolie.

18 : 49
Allez, encore une heure de boulot, le fignolage demain.
Etienne passe en mode « E ».
E comme ecsta tiens.
Pas bien.
La drogue, pas bien, je me speede de finir, j’ai envie de me poser un peu avant de retrouver Alex à 22h.

19 : 19
J’en peux plus, je bâcle le code source.
Ecrire des trucs genre « Elles se fait prendre par tous les trous et elle aime ça » ou « Douche de sperme pour jeunes chattes mouillées », c’est trop dur un vendredi.
Vendredi.
Le retour du Jeudi.
J’suis con : je ne peux pas terminer demain, vu que je bosse pas le samedi.
O rage, ô désespoir.
Je suis mon propre maître, et afin de garantir un service de qualité , le chef de projet a estimé qu’il était préférable de reporter à lundi 14h la mise en ligne du site GirlsNextDoor, afin d’éviter une communication d’image de marque désastreuse si une erreur était présente.
C’est beau non ?
En gros : j’en ai ma claque et je me casse.
Shutdown Dell.

20 : 00
Coooooooool.
J’suis chez moi.
PC. Winamp. Armand van Helden vs FatBoy Slim. Verre de vodka ananas. Messenger on. Roulage d’u spleef de Jack, tranquille.
Caresse à Sirius qui se barre, fier comme un chat qui sait qu’il est « beau gosse ». Queue dressée, ronronnement, miaulement et démarche de fauve de la jungle urbaine.
Affalement dans le fauteuil.
Now, it’s breaktime.

20 : 23
SI-RIU-SSE !
Môssieur a faim.
Donc Môssieur vient d’aller dans la cuisine.
Et Môssieur vient de faire tomber le paquet de croquettes. Et essaye de s’auto-servir.
Y’en a pu beaucoup.
Ça fait un bruit.
Relou le chat, vraiment relou.
Je me lève, prends le paquet, en sort deux trois et les mets dans ma paume. Fouteur de waï professionel mon chat. Que dalle ouais, lui ce qu’il veut, c’est dans le paquet. Et ben non, je lui redonne fermé. En désespoir de cause, Sirius revient bouffer les deux croquettes, puis me suis pendant cinq bonnes minutes en miaulant et en me marchant sur les pieds. Il a les crocs je crois. Je craque, revient vers son bol, lui en verse une bonne rasade, à la tienne mon gars, et jette le paquet par terre : ça lui fera un jouet. Olfactif le jouet.

20 : 31
Re-roulage.
La nana de 35 ans est on, elle me demande si elle m’attire. On va dire que oui. L’home est un humain comme les autres… Putain, comme j’aurais envie que mon meilleur pote se connecte. Pas eu le temps de lui parler aujourd’hui, et pourtant j’ai grave envie.
Eh mec ! T’es où ?

21 : 09
Et merde. Déjà neuf heures. Je n’ai rien foutu. Motivation suprême, je vais me préparer. Opération qui consiste à : sortir du fauteuil où je me suis vautré après mon périple internetien, me raser, me doucher et me rhabiller. Parce que je me suis déshabillé, cqfd. C’est un peu la blague de l’éléphant et de la girafe.
Je m’arrache péniblement, ralentis jusqu’à mon placard où je contemple béat mes fringues. Qu’est ce que je vais bien pouvoir me foutre sur le cul ? J’opte pour un Levis 505 usé mais so confortable (in english please), un tee-shirt TshirtHell.com et prend un caleçon et une paire de chaussette.
Hop la douche.
Après rasage. Et avant l’après rasage Voodoo.

21 : 41
Je vois pas en quoi une meuf met du temps à se préparer. Les mecs, c’est pareil pour peu qu’on leur en donne les moyens…

21 : 49
TshirtHell or not TshirtHell ? That’s the question… D’un autre côté elle les voit quasiment tous les jours pour peu qu’elle fasse gaffe. Bon. On va la jouer plus « intime » : je chope le tee-shirt Levi’s/Flat Eric qui a au moins 5 ans. Vintage Etienne, vintage !

21 : 56
Retour dans mon fauteuil pour lire le SMS que je viens de recevoir. Alex sera un poil en retard, donc… je regarde ma boite magique, mon ordi, re-ma boîte magique, re-mon ordi et décide de laisser le trip pour une autre fois.
La dernière fois que j’en ai pris un c’était grave. J’étais avec mon meilleur pote, on avait passé le vendredi et le samedi dehors tout le temps, ne rentrant que pour dormir, se doucher et se changer. Et prendre un café accessoirement. Cafetière, mon amie. Bref, on se lève le dimanche vers 15h30 et on se dit que « tiens, une journée glande high level ? ». Ce qui fut dit fut fait, et (fort) bien fait ma foi. Tellement bien qu’après le café, on s’est collé devant « La Guerre des Etoiles »… Et qu’au bout d’une heure, en cherchant une clope dans le pantalon de la veille, Maxime a retrouvé deux trips. Soit un chacun, j’ai toujours été fort en calcul mental, je sais. Au bout d’une heure, il a fallu changer pour « L’Empire contre-attaque ». Et au moment où Yoda commençait son training, le trip a fait son effet : Yoda nous a expliqué à Max et à moi, que « the force is all around you »…
Ça fait bizarre de voir un Maître parler à deux péquenots comme Max et moi. Mais ça fait aussi plaisir. « Heureux les fêlés car la lumière les traverse. ». Oui. Aussi. Plus l’esprit est poreux, plus l’intercommunication des informations se fait de façon aléatoirement étrange.

22 : 18
Dring.
Juste au moment où je tasse mon joint.
C’est pas un signe ça ?

22 : 22
Ça s’annonce plutôt pas mal avec Alexandra. Elle est habillée dans la veine sexy-soft qui lui va bien : pantalon baggy mettant en valeur son cul, tee-shirt serré noir marqué « You’re a naughty boy ? Come in my room… » (si ça c’est pas une proposition) et une veste parka genre clocharde, mais griffée Miss Sixty quand même…
En plus, elle s’est installée naturellement : assise sur le canapé, les pieds sous elle, les chaussures par terre. Tranquille quoi. Mais attirante.
Le joint tourne, nous faisons les singes sur la corde à linge.
Et décidons que ce sera pizza livrée, histoire de pouvoir passer une soirée VRAIMENT zen…

22 : 25
Pizza Hut bonsoir !

22 : 29
Votre commande arrive dans ¾ d’heure monsieur…

22 : 30
Problème : qu’est ce que j’ai commandé ? Et ça fait combien ? Mmmeeerrrdddeee…

22 : 42
On parle depuis cinq bonnes minutes de Sirius. Monsieur le Chat est en mode « bordeladonf ». Course dans l’appart, départ arrêté, rampement en dessous de la couette, attaque de poster… Un vrai gamin. Alex et moi bloquons tandis que nous nous échangeons nos histoires de chats.
Je me décide à la jouer romantique : allumage des chandelles, chandeliers constitués de bouteilles de bière « Delirium Tremens » ou d’alcool « Malibu ». L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
Quelle classe !

22 : 43
Je bloque sur la bouteille de « Delirium Tremens ». Mon oncle est mort d’une cirrhose du foie.
C’est dire si je suis concerné par le problème.
Bonjour je m’appelle Etienne, et je bois une demi bouteille de rosé par jour.
Ça va ? me demande Alex
Bien sur que ça va. Je me sens parfaitement bien. Mais l’incompréhension continue de m’interroger : pourquoi l’alcool est-il légal et la marijuana illégale ?
Je n’ai jamais compris.

22 : 56
C’est pas tout ça, mais Alex enchaîne un écrasement de joint avec un roulage de son clone.
Histoire de.

23 : 07
Et voilà, le mec de Pizza Hut est arrivé à bon port. Ou plutôt à la bonne porte.
On fait notre petit deal, et vas y que je te file 23€ contre une giga pizza, une bouteille de coca et des chicken wings. La bouffe rapide à domicile, sauveteuse de nombreux célibataires… Je suis bon prince, limite grand seigneur et lui octroie royalement 2€ de pourboire. Tout ça parce que je n’avais qu’un billet de vingt et un de cinq. Lui fait un sourire, lui aussi, il doit fumer à voir comme son nez frémit à l’odeur (et je doute fort que ce soit les pizzas qui lui fasse palpiter le museau comme ça). Bisous livreur fantasmatique de pizzas, à la prochaine…
Je rentre, pose le bordel sur la table de la cuisine et sors le vin.
Radioguidé par l’odeur du poulet, Sirius arrive, en mode « moi aussi je veux de la bouffe humaine, j’suis un chat-humain ! ».

23 : 15
A mon tour de fumer, implicitement on a décidé de manger après. Ça relaxe.
Vais lui proposer de la C. Ou un trip, faut que je vois.
J’aime les expériences.
Un peu pour ça que je me suis acheté la PS2 plutôt que la Cube : à cause d’une campagne de pub super bien foutue… Je suis un digne enfant du XXIème siècle, foncièrement contre la mondialisation, mais totalement accroc au marketing de masse.

23 :29
Rien à redire de la bouffe Pizza Hut : on baffre comme des morfales, tout en regardant le DVD de « Qui a tué Pamela Rose ? La série ».
Franchement, on retourne à nos instincts primairement animaux dès fois. Surtout dans certains cas, genre la bouffe ou la baise. A croire que là,
J’en déduis donc que l’homme descend du singe, certains plus vite que d’autres, là est la seule nuance !

23 : 46
Roulage time.
Etienne versus Alexandra.
Qui va faire le plus beau joint ?
Qui va finir le premier ?
A la clé : le perdant du concours du plus beau joint offre quelque chose au gagnant, et celui qui finit le premier gagne le droit d’attendre l’autre.
En cas de double victoire, le cadeau est doublé.
Intéressant.
Je compte bien tricher, et je laisse de la marge à la miss, passant cinq bonnes minutes à effriter ma tête. Ça me rappelle la poudre, la poudre me rappelle la C tout en me remémorant Amsterdam et le coffee shop du dauphin bleu. Dilemme. Tout en mixant la beuh et le tabac, je lance un « ‘tain comme j’aurais envie d’une trace de ma cousine làààà », mi-provoc, mi-autosuggestion.
La réaction ne se fait pas attendre : Alex enchaîne et me demande si j’ai déjà testé. Avant de sourire et de se répondre à elle-même que « oui bien sûr ».
Je la regarde, stoppe mon travail, hausse un sourcil (le droit), fais un sourire à la Joker et lui rétorque que si elle veut essayer bahhh…
Elle veut.
Je dis « ok ». Et finis mon roulage.

23 : 51
End of the battle time.
Alexandra a fini grande première, avec un super joint faisant dans les 13cm de long, au filtre “100p100 made in tobacco” et à l’équilitassage presque parfait.
Elle gagne donc un cadeau. Double puisque multiplié par deux (je vous ai déjà dit que j’étais très fort en maths ? )
Je souris, allume mon joint tout en marmonnant que « les cadeaux physiques, ça compte ??? ».
Sourire.
Léger…
Hochement vague de la tête.
« Pourquoi pas ? »
« Ouais d’accord » rigolai-je tout en me levant pour choper la boite magique.

23 : 52
Ca fait un moment que je n’ai pas vu mon chat.
Logique.
Monsieur se repose dans mon lit et sous la couette.
Trop dure la vie de chat…

0 : 01
Echange de bons procédés, en l’occurrence Alexandra me passe son joint tandis que je fais tourner le mien.
Proposition de tirage d’une latte à Monsieur Sirius, qui nous regarde d’un œil interrogatif avant de se rendormir, suite à un bâillement exténuant.
Tout en fumant, je prépare deux traces, fines et régulières.
Et explique les effets de la coke. Plus puissante que l’héro. Moins que le crack. Pas de descente mode « too hard ». Ce qui est appréciable. J’explique aussi le cérémonial lié, ou plutôt donne des indications tout en préparant les traces.
Hop c’est prêt.
Je sais que je vais passer au moins deux heures avec. Et je lui propose de dormir ici, pas la peine de prendre la voiture après…
Elle accepte, réfutant même ma proposition de dormir dans deux lits séparés. Le feu passe au vert pour un rapprochement corporel entre elle et moi…
Je finis mon joint, me rapproche d’elle et me mets accroupi à côté d’elle. Elle se baisse, tend son joint, fusion des lèvres suite à une avancée spectaculaire de sa part. Mix linguistique, un warm up en quelque sorte.
Au bout de 30 secondes, nos bouches se séparent, doucement, on se regarde et je lui tends une paille noire (en fait, une paille à cocktail chopée au Queen à Paris, coupée en deux, fait un super aspirateur à coke).
Regards complices, « ensemble ? », je lui montre le mode d’administration de la poudre d’ange et c’est parti.

0 : 08
En fait, je l’ai laissé sniffer en première, histoire de surveiller.
Faut pas croire ni déconner avec ça.
J’incite pas, mais tant qu’a faire, je pense que plutôt qu’une première tentative en solitaire, il vaut mieux en faire une avec filet.
Dans le cas d’Alex, je joue le rôle du filet.
Elle prend la paille, la met dans sa narine gauche, bloque sa narine droite, et inspire doucement. Pas assez pour tout prendre, donc elle refait un passage. Et est obligée d’inspirer un grand coup pour que la dope accède à son cerveau. Je pose ma main sur son cou, doucement, signifiant par là qu’elle ne doit pas brusquer les choses. Point trop n’en faut, et à force d’y aller trop fort, elle risque de s’exploser le nez et de saigner. Pas dramatique, mais pas sexy et révélateur.
J’avais un pote comme ça, Richard… Suffisait qu’il aille aux chiottes et qu’il en revienne pour qu’on soit capable de dire ce qu’il avait fait. Soit il avait pissé et ça passait, soit il avait sniffé et dans ce cas, son nez était sanglant. Lui aussi d’ailleurs.
Le vol C0K à destination de Euphoria vient de décoller, vous pouvez vous relaxer : Alexandra se carre confortablement dans le fauteuil, un léger sourire au lèvre, les yeux mi-clos.
Bing. Bang. Badaboum, je la regarde, murmure un « Alex ? » et me rapproche d’elle, face à face, mes bras encadrant ses jambes. Je l’embrasse, elle réagit, continue, semble passer un test dont dépend sa vie. Test concluant en tout cas, je me retire et expérimente le théorème de Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». La coke passe de l’état poudreux sur ma table à l’état moléculeux dans mon sang et mon cerveau.
Je rejoins Alex dans le canap’…

0 : 12
N’allez pas croire que la coke rend stone.
Simplement, le fait d’avoir (trop) fumé avant anesthésie l’effet.
Patience, we’re coming back…

0 : 15
Qu’est ce que je disais ? Alex se rapproche de moi, pose sa tête sur mes genoux, allongée sur le canap’ et me propose de sortir.
C’est aussi à ça qu’on reconnaît un drogué mondain.
Tout est à proximité.
Sans usage obligatoire de la voiture, éh oui.
Conclusion ? Le pub « The Four Rooms » est à dix minutes de rampement de chez moi, on décide d’y aller.
Main dans la main, comme des mômes, on (re)découvre l’environnement terrestre de l’espace.

1 : 57
Back in flat.
Comme Eric.
Flat Eric, vous voyez pas? Mais si, l’espèce de gant de toilette jaune pelucheux. La pub Levi’s… C’est bon, vous situez ?

2 : 00
Double roulage.
Le pub était tranquille, et le nom nous a donné le point de départ de notre conversation : « The Four Rooms », donc Tarantino.
Nouvelle tentative de remémoration de la conversation, je vais finir par être super bon au Burger de la Mort, le jeu de Chabat …
Donc : The Four Rooms / Tarantino / Pulp Fiction / Samuel L Jackson / Le 51ème état / Robert Carlysle / James Bond / Madonna / Britney Spears & Madonna / MTV / Michael Jackson / Thriller / Vampires / Anne Rice / Brad Pitt / Seven / Fight Club / David Fincher / Alien quadrilogy / Hollywood et les prequels-sequels / séries / Batman / Kad&O / Eric&Ramzy / Guignols / Chirac / Bush / Californie / American Psycho / Canada / avion /…
J’en oublie sûrement.
En tout cas, discussion passionnément animée, et somme toute suivie, même si nous étions dans les limbes de notre cerveau embrumé par la fumée de marijuana coupée de nappes de cocaïne.

2 : 23
Tandis que je me dirige vers ma chambre, dernières vérifications et améliorations avant le dodo, Alex zappe sur mes DVD, à la recherche du Graal perdu.
C’est un peu le bordel.
Voire le foutoir.
Fous l’darwa zarma.
Je retourne me chercher une bouteille d’eau Evian® déclarée source de jeunesse pour mon corps (mais qu’est-ce qu’elle en sait de l’âge que j’ai celle là ???)
Au passage, je jette un coup d’œil à la préselection de la miss, easy, y’a qu’un seul dvd : « Matrix ». Oldies ? Sûrement. Goodies ? Absolument. Ça me botte et un « ouais » mode motivé m’échappe.

2 : 28
Je retourne dans la chambre, l’appart’ prenant ses quartiers de nuit.
Sirius me suit, il sent que c’est l’heure du dodo et que donc… lui va faire mumuse. C’est pas contrariant un chat, du moment que vous vivez au même rythme que lui.
Ce qui est plus ou moins le cas : je lui balance la souris, et Sirius se charge de me la rapporter histoire que je lui relance et qu’il me la rapporte afin que je lui relance pour la rapporter afin de pouvoir lui relancer dans le but qu’il me la rapporte.
Fin du jeu lorsqu’il percute de plein fouet Alex, suite à un démarrage arrêté en trombe mais mal cadré.
Vexé, il miaule et se fout dans un coin tandis que le logo Warner Bros apparaît à l’écran.
Je diminue les lumières, les éteins carrément et laisse celle d’Habitat qui diffuse une lumière orangée.
Je me retourne, Alex se couche, ne gardant qu’un string et son débardeur, le tout formant un ensemble mignonnement sexy. La classe cette fille.

2 : 33
33, l’âge du Christ. 33, donc 806.
Roulage d’un dernier joint. Le fameux et célèbre joint dit « du dodo » (dodo comme sommeil, pas comme ces animaux de l’âge des glaces disparus depuis moult).
Et rejoins Alex, ne gardant que mon caleçon.

4 : 42
J’appuie machinalement sur le bouton veille de la télécommande.
Alex dort déjà dans mes bras, sa tête sur mon torse, calmement et détendue.
J’avoue : on n’a pas fait que regarder le film. Jeux entre adultes consentants…
Le début de quelque chose ? No sé. On verra demain…

Signaler ce texte