Triple plaisir

Aux quatre coins de la pièce un triple soupirs

Derrière ces murs, une trinité de plaisir

Comme si un tête à tête prenait une autre dimension

Quand un troisième coeur cesse de faire figuration

Echangeant plusieurs sourires complices

Les amants sous-entendent leurs vices

Dévissant les bonnes moeurs sous leurs caresses

Le corps à corps triangulaire se nomme ivresse

Quand les morceaux de tissus chutent

Leurs battements de coeur s'accélèrent

Risquant de frôler l'arrêt cardiaque, chut

Il ne faudra pas confondre passion et colère

Deux chutes de rein s'accordent effrontemment

Comme des ondes qui s'échouent sur le mur du son

Sans voix, sans bruit, elles se touchent, chimériques

Comme des poupées de porcelaine ou de plastique

Donnant à voir la douceur de leurs caresses habiles

Elles électrisent celui qui perd le contrôle... le fil

De main en paume et de paume en doigt

Elles se font expertes, suscitant son émoi

Une pression sur le bout d'un sein durçit

Une virgule qui ponctue cette mélodie

Des étreintes qui défient la loi de l'apesanteur

Deux corps flottants et prenant de la hauteur

Douce alchimie qui voit deux corps qui s'explorent

Quand en sursis, homme devient objet pour leurs corps

Attraction fatale de deux sirènes

Vers celui qui rompra leurs hymens

Vierges et innocentes, elles le découvrent

Otant de son épiderme, ces tissus plein de soufre

Brûlant d'envie, il est sous tension perpétuelle

Quand l'une d'elle l'effleure, il s'émerveille

Et si le rythme de leurs baiser s'emballe

L'antre de ces demoiselles soudain s'enflamme

Elles accentuent alors leurs moindres gestes

Transformant le cyanure de leur jus en peste

Contaminant de bouche en bouche, de sexe en sexe

Les terminaisons nerveuses dans un inédit contexte

Et quand les langues des jeunes filles deviennent expertes

Touché, il ne peut que capituler et acter sa perte

Glissant de haut en bas et de bas en haut sur son glaive

Les deux langues dansent, le propulsant dans un rêve

Arc-bouté fièrement, il est au centre de toutes les attentions

Quatre mains qui s'activent dans une tornade d'émotion

L'envie de les goûter prend une toute nouvelle ampleur

Quand la perte de contrôle l'invite à la fureur

Les verrous des tabous sautent sous son envie

De les posséder une à une mais pas à demi

Tantôt spectatrices, tantôt actrices,

Elles le poussent à une terrible folie

Jamais passives ni simulatrices

Elles se donnent quand leurs corps se lient

Accordant du temps à leurs étreintes

La nuit file sous leurs douces plaintes

Plusieurs fois, il se sentira totalement défaillir

Au creux de leurs ventres, et puis cent coup férir

Accélérant ses pulsations sous ses coups de rein

Elles s'ennivrent jusqu'à gémir, saluant leur dessein

Quand tout à coup, du fond de leurs entrailles

Le volcan en irruption ouvre ses failles

Des coulées de jouissance et d'ivresse

S'écoulent de leurs corps en liesse

Les trois corps semblent soudés, fiévreux

Comme si de leur faiblesse ils avaient fait aveu

Désarticulés, en fusion, la parenthèse se clôt

Cette nuit, une vague de plaisir a porté ce trio

Ivres de bonheur, trois corps reprennent leur indépendance

Même si à l'inverse, leur coeur aspire à la dépendance