Trop courte liste des dernières fois

Tu es là, dans mes bras. Tremblant de peur, de douleur ou simplement de vide ; plus jamais on ne saura. La porte s'ouvre devant nous. Le froid brise mes derniers espoirs. Un dernier regard en arrière ; tout ira bien. Une larme qui coule, un baiser lancé au dernier moment par une âme apeurée. Des sanglots en bruit de fond. Et toujours ce calme, ce stoïcisme qui me bouffe de l'intérieur. Un sang froid à toute épreuve. Et ici commence la triste série des dernières fois. La dernière fois que tu passes cette porte, la dernière fois que la portière claque derrière toi. Les dernières caresses, peut-être perdues dans ton inconscience. Et pas de larmes, juste cette sensation que ces derniers instants sont importants. Juste une attitude trop solennelle peut-être. La route qui défile, pour la dernière fois en ta compagnie. Ton souffle saccadé, dans mes bras pour toujours. De nouveau cette portière qui se ferme. Un pas, deux, trois. Un peu plus hésitants à chaque fois. Et toujours pas de larmes.

Une dernière caresse, un regard professionnel lancé au hasard. Un dernier câlin.

Promis, tout ira bien. Promis, c'est fini maintenant.

Le liquide qui coule ; dernière contraction, dernière sensation. Et te voilà parti. Envolé.

Puis les larmes, le manque. Comme un grand craquement, comme si les fondations s'étaient effondrées sous la pression. Un au revoir, un peu trop tard. Tout a basculé.

Le chemin retour, parsemé de multiples regards en arrière. Détruite. L'absence trop présente déjà. Un trou dans le cerveau. La porte qui claque, trop violement. Une maison sans aucune âme, vide  de tout sens. Un creux. Des bras, mais je n'en veux pas. Cloitrée, enfermée. Brisée.