Troubadour

Maud Garnier

comme il n'était plus lisible ici je publie à nouveau ma version (paru en trois parties au départ) en regard du texte de Louve http://welovewords.com/documents/la-damoiselle-et-le-damoiseau

Messire,

Donnez-vous la peine d'entrer en ma demeure... je suis certaine que vos poèmes, vos ritournelles et vos chants d'amour, viendront toucher mon cœur qui déjà s'affole.

Nul doute qu'un troubadour tel que vous saura l'enflammer mieux qu'un tison ardent, car il me semble reconnaître en vous un ami cher, perdu par-delà le temps et l'espace, qui toujours hante ma mémoire,  et emplit mon esprit d'une douce nostalgie.

Aussi, je vous écouterai avec cette langueur délicieuse et mélancolique propre à cette époque moyenâgeuse, sachant que vous partirez vers d'autres belles, qui déjà vous attendent...

Ainsi, cette attente déjà se glisse en moi, alors que vous êtes pourtant céans, souriant et enjôleur, et vous prenez sans peine mon cœur…

 

Gente Dame,

Les autres belles n'auront pas mes ritournelles,

J'en suis fort ému d'enflammer votre cœur de tourterelle

Mais je rêve de froisser vos dentelles

Et mon âme n'aura de repos

Qu'à pouvoir toucher votre peau

Et goûter à votre eau

Ouvrez-moi ce calice

Caché entre vos cuisses

Que nos cœurs et nos corps s'unissent

Dans ce délicieux supplice

 

L'écheveau des mots piquait telle une fine lame

L'esprit et le cœur de la dame

La chaleur des tisons,

le velours des chansons

Changeait la morne saison d'hiver

Apportant gîte et couvert

A notre jeune trouvère

Et, au mitan du lit

La chaleur de sa douce amie

 

- Le mois de mai agitait ses odorantes clochettes

Et les brasées de lilas enivraient les cœurs en fête -

 

Noble dame, les châteaux m'ont espéré cet hiver

Pour distraire leur ennui délétère

Je me dois de poursuivre ma route

Avant que ne m'assaille le doute

Je ne puis rester céans au creux de votre couche.

On vous trouvera un noble seigneur en épousailles

Un pauvre trouvère, voilà une belle affaire

Ne pèsera d'aucun poids au jour des fiançailles.

Je me dois de vous quitter ma tendre amie

Je garderai au cœur toutes vos douceurs alanguies

Et de ma douleur je ferai des chansons

Qui feront pleurer des plus endurcis, les cœurs attendris

Comme quitter cette demeure me crève le cœur,

J'emporte vos larmes ma mie

Elles me seront compagnies lors des soirs trop gris

Ou je pleurerais vos douceurs perdues

 

Fi ! Messire… cessez donc ces billevesées

Épargnez-moi vos vilénies éhontées

En vérité, votre cœur est girouette,

de mes bras vous vous êtes lassé

et désirez poursuivre votre quête.

Exercer votre séduction emplie de fausseté

Auprès d'une tendre jouvencelle

Qui comme moi, croira se découvrir des ailes

Et voyager sur vos troubles mots

Ce jourd'hui vous ne me bailler que de vils maux

 

Trouble amour

Ce jour je pleure vos désirs envolés

Ces douloureux souvenirs nourriront ma morne mélancolie

Au fil décousu de ma vie déflorée

Je fermerai désormais et mon cœur et mes cuisses

Que plus jamais ne jouissent

De mes beaux et tendres atours

Ménestrel, trouvère, troubadour

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