Troubadour
Maud Garnier
Messire,
Donnez-vous la peine d'entrer en ma demeure... je suis certaine que vos poèmes, vos ritournelles et vos chants d'amour, viendront toucher mon cœur qui déjà s'affole.
Nul doute qu'un troubadour tel que vous saura l'enflammer mieux qu'un tison ardent, car il me semble reconnaître en vous un ami cher, perdu par-delà le temps et l'espace, qui toujours hante ma mémoire, et emplit mon esprit d'une douce nostalgie.
Aussi, je vous écouterai avec cette langueur délicieuse et mélancolique propre à cette époque moyenâgeuse, sachant que vous partirez vers d'autres belles, qui déjà vous attendent...
Ainsi, cette attente déjà se glisse en moi, alors que vous êtes pourtant céans, souriant et enjôleur, et vous prenez sans peine mon cœur…
Gente Dame,
Les autres belles n'auront pas mes ritournelles,
J'en suis fort ému d'enflammer votre cœur de tourterelle
Mais je rêve de froisser vos dentelles
Et mon âme n'aura de repos
Qu'à pouvoir toucher votre peau
Et goûter à votre eau
Ouvrez-moi ce calice
Caché entre vos cuisses
Que nos cœurs et nos corps s'unissent
Dans ce délicieux supplice
L'écheveau des mots piquait telle une fine lame
L'esprit et le cœur de la dame
La chaleur des tisons,
le velours des chansons
Changeait la morne saison d'hiver
Apportant gîte et couvert
A notre jeune trouvère
Et, au mitan du lit
La chaleur de sa douce amie
- Le mois de mai agitait ses odorantes clochettes
Et les brasées de lilas enivraient les cœurs en fête -
Noble dame, les châteaux m'ont espéré cet hiver
Pour distraire leur ennui délétère
Je me dois de poursuivre ma route
Avant que ne m'assaille le doute
Je ne puis rester céans au creux de votre couche.
On vous trouvera un noble seigneur en épousailles
Un pauvre trouvère, voilà une belle affaire
Ne pèsera d'aucun poids au jour des fiançailles.
Je me dois de vous quitter ma tendre amie
Je garderai au cœur toutes vos douceurs alanguies
Et de ma douleur je ferai des chansons
Qui feront pleurer des plus endurcis, les cœurs attendris
Comme quitter cette demeure me crève le cœur,
J'emporte vos larmes ma mie
Elles me seront compagnies lors des soirs trop gris
Ou je pleurerais vos douceurs perdues
Fi ! Messire… cessez donc ces billevesées
Épargnez-moi vos vilénies éhontées
En vérité, votre cœur est girouette,
de mes bras vous vous êtes lassé
et désirez poursuivre votre quête.
Exercer votre séduction emplie de fausseté
Auprès d'une tendre jouvencelle
Qui comme moi, croira se découvrir des ailes
Et voyager sur vos troubles mots
Ce jourd'hui vous ne me bailler que de vils maux
Trouble amour
Ce jour je pleure vos désirs envolés
Ces douloureux souvenirs nourriront ma morne mélancolie
Au fil décousu de ma vie déflorée
Je fermerai désormais et mon cœur et mes cuisses
Que plus jamais ne jouissent
De mes beaux et tendres atours
Ménestrel, trouvère, troubadour
belle envolée médiévale gente dame !
· Il y a environ 7 ans ·Patrick Gonzalez
Grand merci messire ;-))
· Il y a environ 7 ans ·Maud Garnier
Joli, il ne manque plus qu'une musique médiévale.
· Il y a environ 7 ans ·Francis Fried
voilà c'est réparé ;-))
· Il y a environ 7 ans ·Maud Garnier
Waouh ! Quel texte, il nous transporte en d'autres lieux, en d'autres temps ! Très joli, bravo Maud !
· Il y a environ 7 ans ·Louve
Merci beaucoup Martine, le tien aussi !... :-) bisous
· Il y a environ 7 ans ·Maud Garnier