Tu ne voudrais pas me baiser, un peu ?

eemmaj

Elle sera en retard, ce matin.

« Tu ne voudrais pas me baiser, un peu ? »

 

Les mots lui sont venus comme ça, sans y penser. Le réveiller. Lui faire comprendre. Maintenant, oui, maintenant, à huit heures du mat', elle a envie. Et elle le dit.

 

Ça marche. Sa tête émerge des profondeurs de la couette. Il la regarde.

 

« Hein ? »

 

« Tu ne voudrais pas me baiser, un peu ? »

 

Elle se répète, elle le confronte. Elle ne veut plus attendre. Elle ne veut pas refouler son désir, une fois de plus, attendre à côté de lui, se blottir contre lui, tenter de lui faire comprendre, le caresser, un peu, attendre qu'il se réveille, se heurter à son dos, à un vague grognement, à son sommeil, à ses rêves sombres. Elle le veut. Maintenant.

 

Il la regarde, il est déjà mieux réveillé, ses yeux se sont allumés, il est amusé. Il la regarde. Sous la couette, elle le sent s'étirer, se rapprocher.

 

« Mais… tu ne risques pas d'être en retard ? »

 

« Et alors ? »

 

Sa phrase se perd sur ses lèvres. Elle l'embrasse. Leurs langues se mêlent, se caressent, ils s'enlacent, elle lui caresse le dos, il empoigne ses fesses. Son corps s'embrase ; tout l'excite, sa bouche, ses lèvres, ses dents, sa langue, même son odeur, le goût de leurs étreintes, elle le connaît par cœur, mais c'est toujours la même lame de fond qui l'emporte, qui la prend là, au creux du ventre, elle est à lui, qu'il se serve d'elle, elle le veut, maintenant, pas plus tard, comme si c'était la dernière fois, on ne sait jamais, on ne sait jamais s'il y aura le temps, plus tard.

 

Il glisse un doigt dans sa bouche, puis deux, puis trois, elle les lui lèche, consciencieusement, un par un, puis les trois, de la base au sommet, goulûment, elle sait comment l'exciter, l'attiser, elle sent que ça l'excite. Il récupère ses doigts. Déboutonne son jean, déjà habillée, déjà prête pour la journée, il se fraie un passage. Son index atterrit juste au-dessus de son sexe. Humide de sa salive à elle. Il descend, caresse sa fente, la sent trempée, remonte, il la masse, la palpe, la stimule, elle sent son sexe grossir, son cerveau se détendre, elle voudrait se perdre dans cette chaleur, cette vague, son autre main lui malaxe le sein, sa bouche se rapproche, trouve son téton, ses dents s'y perdent, s'y accrochent. Elle gémit. Elle cache son visage dans son cou, penchée contre lui, elle le lèche, le mord, prend la chair à pleines dents, et puis ses mains à elle entrent en action, descendent le long de son torse. Elle trouve son sexe, l'entoure, le tient, le sent durcir encore. Lentement, elle fait glisser ses doigts, ouvre sa paume, l'enveloppe, le sent frémir. Elle le sent ici, avec elle, heureux, désirant, au présent. Comme au début. Comme avant

 

« Tourne-toi. »

La tête dans l'oreiller, elle le sent s'accroupir, s'emparer de son sexe. Son gland se pose sur ses fesses, contre son anus, s'y attarde légèrement, une toute petite poussée. Lui aussi est mouillé. Il se place tout contre elle, tout contre sa fente. Elle n'en peut plus. Sexe contre sexe, il prolonge encore son attente.

« Viens ! »

Il est en elle. Il la remplit ; la submerge, l'enveloppe. Le plaisir la gagne, elle succombe peu à peu, elle sent ses doigts revenir contre ses lèvres, elle les prend en pleine bouche, il gémit, retourne la caresser, elle est serrée, emprisonnée, son sexe d'un côté, ses doigts de l'autre, prisonnière du plaisir, de ses sens, de son corps, elle veut qu'il la baise, qu'il la baise, qu'il la baise, qu'il la baise, qu'il la…

 

« Ca va mieux ? »

Son ton moqueur la ramène à la vie.

Il embrasse son cou, sa nuque, son dos. Se sépare d'elle. Lui caresse la joue.

Á demi-nue, un léger mal de tête, elle sort du lit.

 

Se doucher, se rhabiller, se recoiffer, sortir dans la rue. Le métro. Serrée contre la foule, les autres gens, leurs odeurs, leurs aisselles, leurs voix.

Il s'est déjà rendormi.

Elle sera en retard, ce matin.

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