Un dimanche à Honfleur

jalon

Le rêve d'un petit employé aux écritures en haut d'une falaise devant la mer

Promenade à Honfleur

Un dimanche à Honfleur

- Voyez-vous, Madeleine, j'ai toujours eu ce tempérament aventureux. Lorsque je vois cette mer devant moi, ces collines ondoyantes, toute cette végétation sauvage, cette ville blanche à nos pieds, lorsque je sens sur mes lèvres l'âcre goût de sel et d'iode de cet air du large, je me dis que si ma mère ne me l'avait pas interdit, j'aurais été un grand voyageur, un navigateur plein d'audace. Je n'ai jamais été effrayé par une vie sauvage.

Ce pourrait être devant nous Alger la blanche, Rio de Janeiro, Valparaiso, je ne sais où encore. J'étais bâti , le croiriez-vous, pour écumer les mers, ouvrir mon chemin à travers les forêts encore vierges à coups de machette, escalader infatigablement les sommets les plus élevés osant me faire obstacle ou que sais-je encore.

J'aurais appris des centaines de langues exotiques pour guider mes porteurs indigènes à travers la brousse. Le soir, au campement, je les aurais envoûtés en psalmodiant dans leur jargon le récit de mes aventures et de mes conquêtes, de ma geste en un mot, accompagné par le sourd grondement de leurs tam-tams primitifs . Ils m'auraient offert leurs femmes pour que, un jour, je pusse choisir d'en féconder l'une ou l'autre et enrichir leur race de mon sang d'homme blanc. Peut-être, même, m'auraient-ils divinisé.

Madeleine, rassurez-vous, je ne vous aurais pas trahie, je n'aurais fait que mon devoir de porteur de la civilisation. Ne tremblez pas Madeleine, j'aurais traversé sans coup férir tous les dangers pour revenir me jeter à vos pieds et nous aurions fougueusement fait l'amour pour bénir notre union de trois, quatre, peut-être cinq garçons qui auraient pris ma succession dans mon œuvre civilisatrice.

M'entendez-vous Madeleine ?

- Ne rentrons pas trop tard, mon ami. Ne l'oubliez pas, Claude, nous sommes invités ce soir chez votre chef de bureau. Il serait mauvais pour votre avancement de le contrarier.

Promenade à Honfleur

Un dimanche à Honfleur

- Voyez-vous, Madeleine, j'ai toujours eu ce tempérament aventureux. Lorsque je vois cette mer devant moi, ces collines ondoyantes, toute cette végétation sauvage, cette ville blanche à nos pieds, lorsque je sens sur mes lèvres l'âcre goût de sel et d'iode de cet air du large, je me dis que si ma mère ne me l'avait pas interdit, j'aurais été un grand voyageur, un navigateur plein d'audace. Je n'ai jamais été effrayé par une vie sauvage.

Ce pourrait être devant nous Alger la blanche, Rio de Janeiro, Valparaiso, je ne sais où encore. J'étais bâti , le croiriez-vous, pour écumer les mers, ouvrir mon chemin à travers les forêts encore vierges à coups de machette, escalader infatigablement les sommets les plus élevés osant me faire obstacle ou que sais-je encore.

J'aurais appris des centaines de langues exotiques pour guider mes porteurs indigènes à travers la brousse. Le soir, au campement, je les aurais envoûtés en psalmodiant dans leur jargon le récit de mes aventures et de mes conquêtes, de ma geste en un mot, accompagné par le sourd grondement de leurs tam-tams primitifs . Ils m'auraient offert leurs femmes pour que, un jour, je pusse choisir d'en féconder l'une ou l'autre et enrichir leur race de mon sang d'homme blanc. Peut-être, même, m'auraient-ils divinisé.

Madeleine, rassurez-vous, je ne vous aurais pas trahie, je n'aurais fait que mon devoir de porteur de la civilisation. Ne tremblez pas Madeleine, j'aurais traversé sans coup férir tous les dangers pour revenir me jeter à vos pieds et nous aurions fougueusement fait l'amour pour bénir notre union de trois, quatre, peut-être cinq garçons qui auraient pris ma succession dans mon œuvre civilisatrice.

M'entendez-vous Madeleine ?

- Ne rentrons pas trop tard, mon ami. Ne l'oubliez pas, Claude, nous sommes invités ce soir chez votre chef de bureau. Il serait mauvais pour votre avancement de le contrarier.

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