Un enfant de la guerre

Nina Jéhanno

  L'enfant guette à sa fenêtre, calme, à la recherche d'un tout ou d'un rien. L'enfant guette à sa fenêtre, mais ne voit guère grand chose, sa vue est brouillée par la fumée et la poussière qui étouffent malencontreusement l'air de ses maigres poumons. La fumée et la poussière proviennent des fusils de guerre, qui émettent un terrible bruit que guette l'enfant. L'enfant est pauvre mais son esprit est riche. L'enfant guette, mais ne trouve rien. L'enfant a les yeux secs et humides à la fois. Secs parce qu'il guette. Humides parce qu'il voudrait pleurer, pas parce qu'il est triste, mais parce qu'il est allergique à la fumée et à la poussière. Mais son allergie ne lui empêche pas de guetter à la fenêtre cette guerre qui n'en finit plus. Il guette, en espérant voir une fleur rouge au cœur de la fumée et de la poussière, mais il n'aperçoit que des corps ensanglantés, sur un sol rougi par le sang, et noirci par la cendre. L'enfant guette à sa fenêtre, pendant que les fusils guettent sa poitrine. Mais perché à sa fenêtre, l'enfant guette cette guerre qui n'en finit plus. Il voudrait tout changer, mais ce n'est qu'un enfant.

Un enfant de la guerre. 

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