Un homme -7-

Aujourd'hui Gérard, le collègue "Billard" et le boss vont visiter un futur chantier. Il ne comprend pas pourquoi il a été choisi pour accomplir cette tâche qui demande tout de même d'être expert en la matière. Son boss dit qu'il présente bien, et qu'il met en confiance les futurs partenaires avec qui il va travailler (pour cela il doit quitter son vieil imper!), mais c'est surtout pour faire plaisir à son père. Ce dernier, bien qu'à la retraite depuis trois ans, veut que son fils soit formé sur le terrain, qu'il acquiert de solides compétences dans l'immobilier. Le chantier en question est un futur centre commercial, projet méga important pour lequel ils doivent discuter de différentes modalités: démolition de la structure actuelle, superficie du centre, des différents locaux, matières utilisées, on privilégie le bois pour les différentes devantures, on veut construire un centre à dominante écologique, ce qui plaît énormément à Gérard. Comme tout homme amoureux, il veut impressionner Marie-Claude, il a déjà fait ses preuves mais il veut faire plus. Cette fois-ci il veut se démarquer, quitte à faire du zèle. Mais il est perdu dans ses pensées, il ne suit pas entièrement la conversation, il est obligé de faire répéter ses futurs collègues, le boss lui fait les yeux noirs par en-dessous. "Billard" en profite pour rattraper le coup en disant que Gérard et lui avaient discuté de la structure en bois, que le mieux était de trouver un compromis entre le poids et la résistance du bois, que le sapin et l'épicéa étaient un bon choix. Gérard approuve l'intervention du bon "Billard" d'un: "Oui, c'est cela, tout à fait!".  L'art et la manière de faire illusion, Gérard l'acquiert au fil du temps, il n'est plus ce lycéen qu'il faut dégrossir. Il tient bon jusqu'à la fin de la discussion, il sait que le boss ne lui dira rien, c'est la première fois qu'il est distrait lors d'une visite à l'extérieur. Dans la voiture Gérard fait un clin d'oeil à "Billard" en douce, ce dernier est le collègue providentiel qu'il faut avoir à tout prix. Une fois arrivé au bureau, notre amoureux va poser sa serviette à sa table de travail en jetant un coup d'oeil à la place de Marie-Claude. Surprise! Elle n'est pas là. Serait-elle partie plus tôt? Ma foi, il ne dit rien et s'en va manger, le coeur contrit comme un collégien.