Un jour à la Plage

On se retrouvait chaque après-midi sur cette plage,sur notre coin de plage. On arrivait le sourire aux lèvres en sachant qu'on passerait une journée formidable. Le sable était si chaud que l'on s'empresait de jeter nos serviettes colorées dessus pour que nos pieds puissent se reposer. Alors on se saluait,un léger vent et le bruit des vagues nous accompagnaient. C'était de ces moment hors du temps durant lesquelles on se prenait pour les maîtres du monde,ces petits riens qu'on oublierait pas.

Vincent n'avait qu'une idée en tête : les filles,mais malgré lui les filles n'avaient pas Vincent en tête...A l' amusement général il se prenait à jouer aux dragueurs de plage et revenait lentement la tête baissée,trainant derrière lui, sur la sable bouillant son égo blessé. Mais tout ça était tellement drôle entre nous,la plage ne résolvait pas nos problèmes : Vincent serait toujours un dragueur fumeux, Axel toujours aussi fou, Anthony toujours si timide, Phil devra retourner bosser en fin d'après-midi et Neil serait toujours fou amoureux de la belle Julie,pourtant...Pourtant plus rien n'avait d'importance ici.

Notre après-midi se déroulait au rythme de la samba, de nos parties de volley (ponctuées des coups de sang de Neil),de ces minutes à regarder les filles déambuler sur la plage,de ces étranges personnages improbables; que penser de ce vieillard au slip bleu et au chapeau troué se pavanant fièrement son cigare au bec ? Voilà notre incroyable journée.

On jouait au football au milieu des autres gens, qui se recevaient parfois le ballon dessus,provoquant évidemment nos rires,on se fichait du monde autour et du bruit,il n'y avait que nous sur la Plage.Puis on courait se jeter dans l'eau fraîche,un fantastique ramdam accompagné de ploufs et autres éclaboussures qui pleuvaient et arrosaient les quelques inconscients au bord de l'eau restés secs.

Je restais assis sur ma serviette et me prenais à imaginer la vie de ces hommes et de ces femmes,eux aussi sur cette plage.

Que faisait donc cette famille,ce père,cette mère et leurs deux petis enfants ? Et ces deux trourtereaux au regard langoureux allongé au bord de l'eau , ces enfants virevoletant sous le soleil de plomb comme des électrons libres...J'imaginais leur vie...Eux aussi profitaient de la plage,oubliaient le temps et enterraient leurs soucis à coté de leurs patés de sable...Cette fille aussi,une nymphe naissant hors de l'eau,une crinière blonde aux reflets dorés et des yeux comme des pierres précieuses provenant d'un trésor perdu des mers...L'écume sinclinait à ses pieds...La Plage c'est ça : des amis, des amours à la sauvettes,des vies que l'on se prend à rêver derrière ses lunettes de soleil et le vendeur ambulant qui vous arrache de vos rêves pour vous demander si vous lui allez lui achter un bracelet ou un chapeau.

Neil déseperait toujours à faire venir Julie dans l'eau,Vincent abordait les filles avec..plus ou moins de succès..."Eh les filles vous êtes boliviennes ou quoi ? Parce que votre bronzage whaou !" Il suffisait d'entendre cette phrase pour imaginer la suite...Phil qui tapait gaiment la discute avec les passants...Et Axel qui se mit à pisser sur cette caravane...Toujours aussi baré et incontolâble...On parlait de choses tellement banales...La vie de tous les jours,les études,le boulot,les bêtises de tous les jours,la pluie et le beau temps,les jolies filles et les grosses voitures...Pourtant ici tout ça devenait passionnant, amusant...Puis on recommençait : on parlait,on s'amusait,d'autres amis communs nous rejoignaient,on rencontrait du monde,Chronos nous offrait quelques heures de grâce ici sur cette plage au sable chaud et à la mer turquoise.

Le soleil se couchait,c'était le temps qui reprenait ses droits,il nous envoyait un joli signal sous la forme d'un soleil orangé de fin d'après-midi.On se saluait de nouveau et on laissait derrière nous une petite vie vécue l'espace d'un après midi,on laissait au chaud,dans le sable ces vies imaginées,ces instants figés.

On rechaussait nos tongues,enroulait nos serviettes,rangeait nos affaires tandis que les dernières vagues de la journée roulaient et laissaient entendre ce léger bruit qu'on leur connaît si bien...On quittait alors la Plage,reconnaissant, puis chacun jettait un dernier regard vers la Plage,en signe d'Au Revoir.