Un moment de grâce.

arzel


                Il est des images dont on se souvient. Le temps a beau passer, les jours s'effilocher, elles restent dans la mémoire comme des signes de beauté ou d'humanité qui réconcilient avec la vie même si elle est souvent âpre, même si elle nous affiche le spectacle affreux d'un monde violent.. Le souvenir de ce soir de juillet plane dans ma tête comme un instant de beauté magique.

C'était un très beau soir de juillet. Je revenais du cinéma à Quimper. La campagne était baignée de lune mais la lumière artificielle des réverbères en ville ou dans les villages traversés, les phares éblouissants sur la route m'empêchaient de goûter la belle lumière de cette nuit d'été. C'est pourquoi, avant de rentrer chez moi, je décidai de faire un détour par la côte pour admirer le clair de lune sur la mer.

A Ti Anquer, je me garai sur le parking face à l'océan. J'éteignis mes phares et je restai là à contempler le spectacle. Ici pas de lumière intempestive  et le seul phare , celui de Tévennec, balayait l'horizon de son rayon lointain. La marée était basse et toute l'étendue de sable était très claire, d'une clarté presque mystérieuse, sauf sur la gauche où l'île Salgren projetait son ombre.

Et c'est , sortant de cette ombre, qu'apparut soudain, un couple de renards. L'un des deux était grand et doré par le clair de lune, il dominait nettement celle que je supposais être une femelle , beaucoup plus menue. Il balançait en marchant sa queue très fournie et penchait la tête vers sa compagne, ils semblaient converser comme de grands amis. Ils marchaient tranquillement. Cela n'avait rien à voir avec les renards stressés et affolés qui parfois traversent la route devant la voiture ou filent dans les champs parce qu'il y a des chasseurs dans les parages. Non, ici, ils étaient chez eux et ils respiraient le bonheur de vivre leur vie de renard.

Ils avançaient dans ma direction. Je ne faisais aucun bruit mais j'avais un peu peur qu'ils devinent ma présence et que cela les fasse fuir. Mais non, ils montèrent sur le parking et se dirigèrent vers la poubelle où ils espéraient sans doute trouver quelque chose à manger. Le plus grand grimpa sur le rebord, fourra sa tête à l'intérieur mais il n'y avait semble-t'il rien d'intéressant. Ils firent demi-tour, longèrent ma voiture sans me voir et s'éloignèrent de leur démarche dansante pour regagner l'île Salgren où ils disparurent bientôt dans l'obscurité.

Toute la scène avait duré dix minutes tout au plus, mais ces dix minutes restent dans ma mémoire comme un instant de grâce où l'élégance de ces animaux sauvages s'accordent si bien à la beauté du paysage marin baigné de lune.

  • Des minutes de bonheur ! A Nice, pas de renards, mais je ne me lasse pas de regarder le vol splendide, harmonieux, des mouettes et goélands !

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

  • Un vrai moment de grâce! C'est si bien écrit!

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Coucou plage 300

    aile68

  • Quel joli moment !!
    Il y a quelques années déjà, je promenais ma chienne le matin, avant l'aube, à l'orée d'un bois, lorsque je me suis trouvée nez à nez avec un de ces superbes animaux. Juste à quelques centimètres. Il ne m'avait pas vu, ni flairé. Son lumineux regard s'est planté dans le mien. Deux secondes d'étonnement surpris, pour l'un comme pour l'autre. Ce fut bref, car il disparut dans l'instant, et je ne vis même pas dans quelle direction il était parti. Mais, quels beaux yeux si expressifs.
    Heureusement que ma chienne était attachée, car elle l'a flairé, après coup, et le cherchait, furieuse.
    Je n'ai jamais oublié ce fugace, mais magique, instant.

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Et c'est vrai que la nature nous réconcilie avec la vie. Un bain de Jouvence !!

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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