Un piano dans les Alpes.
Marc E.
Novembre 2013, un an après.
Emma B. ne s'est pas suicidée. Le 10 novembre n'était qu'un souvenir, un crépitement exhalant le parfum cendré de sa fin. Un cliché flou, à l'instar des sentiments envers son mari Charles, fut retrouvé dans ses dossiers.
Une femme encore amoureuse, ne sachant de qui. Une femme ennuyée, cherchant quelque excitation dans les rencontres inouïes ; joueuse quand un sursaut la prenait, comme elle me laissa dans une fantaisie douteuse un jeu de chiffre épistolaire qui présageait de sa première mort, le 12 septembre.
J'attendis alors pour la pleurer, par respect pour la famille, par respect pour le monde qu'elle ne voulait dévoiler ; j'attendis pour la femme que j'eusse aimée, et peut-être aussi pour en faire la muse d'un article quelconque, en crayonnant quelques traces de sa vie. En octobre, j'allai me recueillir, et m'aperçus de son mensonge ; aussi, désirant la comprendre, je me rendis chez elle.
Sa maison était propre, les pièces rangées, Emma, comme un meuble anodin, y mimait une fonction, sans expression, sans un mouvement plus original qu'un autre. Je lui promis de l'aider à rembourser ses dettes banales et inavouées qu'elle devait à quelque créancier de Valence. Je n'en fis rien, peu enclin à l'aider dans sa clandestinité.
Après avoir laissé la joie d’un samedi à sa fille, se consumant devant mon oisiveté, elle souffla sur ses braises le 10 novembre, tombant sous les rideaux opaques de sa cuisine, brûlants au couchant et parfaitement symétriques.
M.E
J'aimais beaucoup ce texte. Bravo pour le concours.
· Il y a environ 11 ans ·Cléo
Cleo Ballatore
C'est très sympathique à vous de me le faire savoir. Je vous félicite également pour vos trouvailles qui ont été justement récompensées.
· Il y a environ 11 ans ·Marc E.