une cravate pour deux (concours polar)

hectorvugo

Une cravate pour deux : synopsis

Deux hommes, deux destins, deux trajectoires, deux points communs : une cravate et une mèche de cheveux.

Thor est un artiste peintre. C’est le nouveau chouchou de l’art contemporain, une découverte d’un galeriste peu scrupuleux : Romain Douche. Si ce jeudi d’avril, ce dernier n’avait pas vu ses 5 petits tableaux, Thor serait resté un secrétaire comptable traumatisé par son licenciement.

Tout à réellement changé un soir de printemps, l’homme de couleur, noir de peau qui enchaine les entretiens d’embauches et les échecs devient, en l’espace d’un vernissage, Thor Ignasson  l’as du pinceau.

Lors de ce fameux vernissage à la galerie de Romain Douche, Thor croise un couple d’homos, des experts comptables : Paul et Julien, deux anciennes connaissances de sa vie d’avant. L’un l’a engagé au sortir de ses études, l’autre l’a viré avec perte et fracas. Depuis le jour de son départ du cabinet, Thor rêve de se venger de Julien. Il rêve de lui faire la peau.

Ce rêve se réalise en fin de soirée, Thor assassine Julien en l’étranglant avec une cravate puis, sans savoir pourquoi lui coupe une mèche de cheveux.

Hubert est un coiffeur homo. A la suite d’une grande déception sentimentale, il devient un tueur en série. Il supprime les bruns aux yeux verts portant des boots noires. Il ne les supporte pas depuis que son ex (Richard) l’a quitté pour un brun aux verts portant des boots noires.

Son mode opératoire est toujours le même : étrangler ses victimes avec une cravate, leur couper une mèche de cheveux en souvenir.

Dans les rues du Marais, on sait qui est le coiffeur et on en a peur.

Le soir où Julien fut tué, Hubert n’était pas sur Paris.

Tout le monde pense que ce meurtre est un coup du coiffeur, sauf le coiffeur.

Qui a osé prendre sa place ? Qui a osé le copier ? Hubert part à la recherche de ce tueur jumeau.

Le hasard fera que ses deux hommes fréquentent les mêmes endroits et les mêmes personnes. Tôt ou tard ils se rencontreront.

Thor et Hubert deux hommes, deux destins, deux trajectoires, deux points communs. L’un des deux doit mourir.

 Une cravate pour deux

 Chapitre un : On vous rappellera

 On vous rappellera. Je connais la formule par cœur au point de l’anticiper. Combien de fois l’ai-je entendu depuis mon licenciement. ? Trop, beaucoup trop. Je me lasse à force. J’en viens même à me demander si j’ai bien fait d’épouser la carrière de secrétaire.

Les études, ce n’était pas mon truc. Je perdais mon temps, ce qui m’intéressait plus c’était le dessin, la gym et éventuellement la biologie quand on disséquait une grenouille. A part ça rien de très excitant. En quatrième je jetais l’éponge, ras le bol ! Direction l’enseignement professionnel, la voie de garage, le cul de sac. Me jugeant pas manuel pour un sou, la conseillère d’orientation abandonnait la piste de la mécanique, de l’électricité, de la plomberie, de la cuisine, de la boiserie. La comptabilité alors ? Non les chiffres me saoulaient. Et le secrétariat ? Pourquoi pas. Il y avait un max de filles et on bossait  un minimum. Bonjour les présupposés ! J’étais jeune.

Voilà comment je suis tombé dans cette branche. Un accident, une bavure. Une erreur d’aiguillage ? Quand même pas !

La preuve un cabinet comptable me recrutait à la sortie de mes études. Son patron, un presque retraité, était homo. Je me souviendrais toujours de sa mine réjouie quand il me vit pour la première fois. D’emblée il me dit : « enfin un homme ! Quel dommage que vous soyez noir. Personne n’est parfait. »

Je ne vous raconte pas les trésors de charmes utilisés pour être embauché. Malgré mon handicap j’avais plu au vieux, c’était son surnom au bureau

Les gens étaient jaloux. Beaucoup me crurent l’amant attitré du patron. L’adjoint du DRH en était persuadé.

Cette situation malsaine ne dura pas longtemps. Une collègue me mit le grappin dessus. Aline me forma au métier et à l’amour. J’étais franchement en retard à l’époque.

Le vieux, lui, eut un autre préféré, plus jeune, plus blanc, plus conforme à ses aspirations.  Il s’appelait Julien. Ce type, je ne le sentais pas. Aline avait la bouche ouverte à chaque fois qu’elle le croisait. Il avait un charme fou, un timbre de voix à tomber et un vocabulaire digne de Cyrano. Je ne pouvais pas lutter. Heureusement les femmes ne l’attiraient pas, mais pas du tout. Certaines avaient tenté leur chance, sans succès. Le bellâtre n’avait qu’un objectif : succéder au vieux. Je voyais clair dans son jeu, l’arriviste dans toute sa splendeur, ambitieux au possible. A force de travailler le vieux au corps, Julien obtint satisfaction Il se pacsa avec lui, partit en voyage de noces à Bangkok et enfin prit les rennes du cabinet.

3 jours et 18 minutes après son intronisation, il lança un plan de restructuration dont je fus l’une des premières victimes On me vira comme un malpropre avec un minuscule chèque de dédommagement. Ouste les secrétaires entre autres.

On se débarrassa des vieux, des anormaux, des incapables, des arabes, des noirs, des jaunes. Exit l’informaticien chinois, la technicienne de surface Congolaise, l’hôtesse d’accueil Kabyle, le comptable encarté à la CGT ; Il fallait nettoyer l’endroit, le rendre plus apte à la sacro sainte blancheur du métier. Quand on est clean avec les chiffres, il faut être clean tout court. Je ne rentrais plus dans cette stratégie. Julien me donna le coup de grâce en me disant :« Un homme secrétaire cela ne devrait pas exister, d’ailleurs vous n’existez plus, dehors ! ».

Dans l’heure on me signifia que je devais mettre mes affaires dans un carton et partir. Aline m’aida à plier bagage sous le regard hilare de jeunes stagiaires efféminés qui venaient d’être engager  pour l’été.

Qu’importe j’allais retrouver un boulot j’allais rebondir. Tu parles ! Je compris très vite que ma couleur de peau serait un obstacle difficile à franchir pour obtenir une place ailleurs. Les lettres, les CV envoyés furent nombreux, les réponses négatives et les entretiens sans suite aussi. Mais je tenais bon, j’avais la rage. Aline m’encourageait, elle me prodiguait soutien et affection. En retour je lui donnais peu d’attention. Je me focalisais sur un désir maladif de vengeance. Julien paierait. Je voulus tout savoir de lui. Je fis des recherches sur le net. Google, Facebook, Twitter, les sites de rencontres homos. Je trouvai une foule d’informations à son sujet, les endroits ou ils partaient en vacances à deux, voir seul car, il avait une idée bien à lui de la fidélité. Chaque été il faisait deux voyages, un dans chaque hémisphère, en couple au nord, en célibataire au sud. Il n’était pas rare qu’il revînt, de ses périples en Asie du Sud Est avec un partenaire occasionnel à son bras. Il importait ses amours comme on importât une montre bon marché ou des paquets de cigarettes. L’homme était un jouisseur et se foutait bien du qu’en dira t’on.

 Je passais des journées entières à espionner son domicile de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie. 

Que de temps perdu à guetter l’opportunité de me retrouver seul, nez à nez,  face à cette ordure et lui régler son compte. Le bougre sortait toujours accompagné qu’il fût avec le vieux (son régulier) ou un autre amant.  Je rentrais tard le soir. A suivre ce régime de fou je perdis ce à quoi je tenais le plus. Aline n’en pouvait plus. Je reçus un sms de rupture. Un lapidaire je me casse mit fin à ma première et sans doute ma seule histoire d’amour.

Vint une dépression Cela dura un an à traîner comme un boulet. Puis petit à petit je refis surface, je bougeai à nouveau, au propre comme au figuré : un voyage en Lozère, un stage de remise à niveau pour l’outil informatique entre autres.

Aujourd’hui je n’ai ni oublié, ni pardonné. Je cherche un poste et je suis dans une salle d’attente, une de plus. Je ne fais pas d’illusions. Je suis professionnellement atypique et je suis noir. Que croyez vous que l’on regarde en premier ? La couleur pas le parcours !

Un hasard si je suis là. D’habitude aucune annonce du Figaro ne me correspond. Je l’achète quand la une m’intéresse. Ce lundi le quotidien titre sur un meurtre dans le quartier du marais, un coiffeur tueur en série. J’ai survolé l’article, les pages opinions, pour la forme j’ai lu le cahier « emploi ». Et là oh miracle je suis tombé sur la dernière annonce : L’organisation humanitaire « Espoir Afrique » recherche à mi temps un ou une secrétaire confirmé niveau bac. Expérience requise 5 ans. J’ai presque le profil, j’ai tenté le coup. Quand j’ai déposé mon CV sur le bureau de l’accueil, l’hôtesse a ri nerveusement et m’a dit :  « Vous savez lire une annonce ? On demande 5 ans d’expérience, pas 8 ans. Ce que les gens sont bêtes. Vous devez être blond à ce niveau de bêtises ». Elle a levé la tête, a vu mon visage, mes cheveux crépus. Elle a crié : « un candidat black on aura tout vu, asseyez vous là bas ».

Je suis le seul homme dans l’assistance.

Coincé entre une anorexique blanche et un fil de fer aux cheveux rouges, je tue le temps. J’observe. On se croirait dans la salle d’attente d’un cabinet de psy. Que de cas particuliers ! Une déclinaison étrange de femmes modernes pré ménopausées avec du charme mais plus suffisamment pour que l’on se retourne à leur passage. Blondes, brunes, auburn, rousses, châtains, un aspirant coiffeur aurait trouvé son bonheur, pas un recruteur.

A une cadence effrayante je les vois rentrer une à une dans cette pièce du fond avec ce sourire forcé et cette appréhension dans le regard, identique à celle que nous avions tous connus un jour d’examen. En règle générale, l’entretien dure le quart d’heure pas plus. Elles sortent la mine défaite, le rimmel désintégré par des larmes. C’est bientôt mon tour, je sais que l’espoir est mince, aussi mince que ma voisine anoxémique qui donne le change en écoutant, casque sur les oreilles volume au maximum, le dernier opus de Tony Bennett. Elle a une tête ni à écouter un crooneur, ni à coucher avec.

Le recruteur est un homme je l’aurais parié, un physique aride et sec, une sorte de haricot souffrant de malnutrition. Il porte des lunettes, regarde mon dossier, soupire : « on ne trouvera jamais… ». « Vous espérez franchement obtenir le poste ? Vous rêvez. Ne perdons pas de temps voulez vous. La porte est là bas. ».

Pour une fois que je n’entends pas le sempiternel on vous rappellera. Je le regarde droit dans les yeux, il s’attend à ce que je fonde en larmes. Je saute de joie : « enfin un peu de sincérité dans ce foutu monde ! Merci Monsieur ! ». Je me jette sur lui et manque de lui rouler un patin.

Mieux vaut en rire. Je rentre chez moi en prenant le bus. Le prix de l’essence a eu raison de ma voiture. La ligne traverse le centre ville et frôle une citée sensible, frôle seulement. « Les blancs sont sécurisants et solvables » me confie le chauffeur. Il s’excuse : «  vous c’est différent, je vous connais vous êtes fiable, pas comme les autres  ».

Je descends à l’avant dernier arrêt, celui le plus prés de la « campagne » un quartier très vert avec quelques petites bâtisses qui se collent une à une.

Mon seul bonheur est cette solitude, ce silence qui ne me demande rien. Chez moi personne ne me dira quoique ce soit. Souvent je repense à Aline, à ce dialogue improbable si elle avait été là.

-          Alors ton entretien mon chéri? Ca s’est bien passé

-          Bof un échec, un de plus

-          Qu’est ce que je vais faire de toi ! et patati et patata….

Aline c’était le phare de ma vie, le point d’arrimage. Sans elle je dérive. Je parle aux murs, leur avarice dans la conversation vaut bien celle des moines. Aline savait parler, et mieux encore écouter.  Elle ressemblait à ma mère à part qu’elle n’avait pas ses excès de fureur Ma mère un sacré personnage. C’était une tornade de tendresses. Elle me couvait trop. Imaginez, à chaque fois que j’allais quelque part, elle me préparait un kit de survie avec une trousse à coudre, un encas, et ses coordonnées à elle au cas où je me perdrais.

Ce réflexe est tellement conditionné en moi qu’à chaque fois que je sors, j’emmène ce fameux kit. A quoi sert une trousse à coudre ? Si je vous disais le nombre de fois où j’en ai eu besoin. Un bouton est si vite arraché, un ourlet de pantalon cède en peu de temps.

L’année de mes 23 ans, ma mère disparut dans un accident de voiture.

Le jour de ses obsèques tout le quartier vint. Pour la première fois de ma vie, je compris que la plupart des hommes était bon, hypocrites pour certains. Le résultat d’une éducation catholique qui donnait le meilleur et le pire.

Quelques semaines plus tard j’héritai de la maison, là même où je vis aujourd’hui.

Je dors dans la chambre de ma mère, je rêve dans ses draps. Au dessus du lit, un crucifix fait face à une série de petits tableaux accrochés au mur, des virgules toutes issus de mon imagination féconde.

Vous n’imaginez pas de quoi sont faites ces œuvres, simple cadeau de fêtes des mères : des coups de crayons et des cadavres de moustiques. Elles ont une valeur sentimentale à défaut d’avoir une valeur artistique.

Chapitre deux : A chacun sa notion du beau

Elle a versé 6000 euros pour l’avoir. Vous vous rendez compte ! Cette série de  tableaux ne vaut pas une somme pareille. Elle est restée une bonne demi-heure devant, à scruter chaque détail, à s’en émerveiller. Tout cela sous le regard du patron de la galerie.

Par son intervention la série des virgules est passée d’une valeur sentimentale à une valeur marchande. Il y a cru dès le moment précis où il l’a vue.

Nous n’aurions jamais dû  nous croiser. Notre rencontre est le fruit du hasard tout simplement. Voyez plutôt. Sa mère est ma voisine, on se fréquente peu. Notre relation se borne à quelques conversations que je lui accorde par charité. Je n’attends rien en retour.

Ce premier Jeudi d’avril j’ouvre la fenêtre de ma chambre en grand pour aérer la couette et accessoirement aussi la pièce, A cette heure de la journée la lumière du soleil donne sur le mur et les cinq petits tableaux. On ne peut pas les rater. Sur ce arrive un homme d’une cinquantaine d’années, les cheveux grisonnants, le regard vide, un brin antipathique. Sa voix venue d’outre enfance délivre un « bonjour maman » aussi charmant que désarmant. Ma voisine l’enlace, l’embrasse et fond en larmes. Les vieilles sont d’impayables chouineuses.  L’homme, il s’appelle Romain Douche, se tourne, me salue, puis fixe longuement par-dessus mon épaule. Il a vu les tableaux.

Pendant une semaine, il passe tous les jours jetant un œil sur la fenêtre de ma chambre

Le vendredi, il frappe à ma porte.

-          Il me dit tout de go : Ce que vous avez sur votre mur de votre chambre c’est magnifique. C’est de vous? 

-          Oui

-          Vous avez du talent et de l’or sans le savoir sur les doigts. Vous pouvez me croire

Je crois à peine en Dieu, alors vous pensez en un homme. Quand il m’assure : « ils peuvent se vendre à 5000 euros voir plus » je me suis moqué de lui.

-          On se retrouve à la galerie dans trois jours. Mardi, j’organise le vernissage d’une expo scandinave. Vos œuvres rentrent tout à fait dans le style. Tenez voici ma carte, je compte sur vous.

L’homme est parti avec ma série de moustiques et de traits en me laissant un chèque  d’acompte de 600 euros à mon ordre.

 Place des Vosges, un mardi soir. J’ai la sensation de ne pas être à ma place. Trop pauvre pour être là. Le jour tombe. Les premières lumières scintillent à l’étage du bâtiment qui fait face à moi.  Combien d’appartements abrite-t’il ? Peu à en croire les deux silhouettes distinctes qui les habitent. Je n’ose pas imaginer la note d’électricité mensuelle qui sanctionne ce spectacle. Il me faudrait plusieurs mois pour la payer.

Je traverse un jardin, je passe devant une fontaine. J’observe les gens. Ont-ils les mêmes soucis que moi ? Non les leurs sont d’un autre ordre. Ce bobo, assis sur un banc, s’engueule au téléphone avec sa petite amie, ce trentenaire court à toutes enjambées pour rattraper une contractuelle, cet autre trentenaire attend bouquet de fleurs à la main, cette femme fait son jogging avec des lacets défaits, ce senior promène son chien à moins que ce ne soit son chien qui le promène. Ont-ils l’angoisse financière des fins de mois difficiles ? Non. Ont-ils à subir le regard déviant devant votre couleur de peau ? Non Ont-ils le poids de l’inactivité professionnelle sur leurs épaules ? Non. Ont-ils la sensation que rien ne leur fera changer de route, que le destin les marque au fer rouge ? Non. Ils sont blancs, riches et bien portant comme je suis noir, fauché et enrhumé.

J’ai mis mon plus beau costume. Il faut croire que cela ne suffit pas. J’ai failli être refoulé à l’entrée de la galerie. L’onction du propriétaire, Romain Douche, a changé la donne.  Quand il m’a apostrophé d’un « vous voilà enfin, je commençais à m’inquiéter » le visage de l’agent de sécurité s’est décrispé.

Douche me propose un verre de champagne et me présente à l’assistance. Là encore j’ai l’impression de faire tâche. Une veuve de banquier, un banquier, un producteur de cinéma, un industriel avec une belle plante, un français et son ami m’entourent. Je les connais ces deux là, je suis surpris de les voir ici. Ils feignent de ne pas me reconnaître. Ils sont experts comptables tous les deux, l’un est efféminé, l’autre aussi. L’un est à la retraite, l’autre pas, l’un m’a embauché, l’autre m’a viré. Comme on se retrouve. Je suis sur le point de repartir, avoir en face de moi Julien m’est insupportable. Je le sens mal à l’aise, je le vois à son regard fuyant. Douche me rattrape discrètement. Il me supplie de ne pas faire de scandale. Il me demande de jouer un rôle. Cela peut rapporter gros s’empresse t’il d’ajouter. Pourquoi dois-je passer pour un peintre islandais, un certain Thor Ignasson ? Je l’ignore. Douche me glisse à l’oreille : « improvisez, faites confiance à votre instinct. De toute façon ils sont stupides, seul leur porte monnaies est intelligent. A part l’exception Basquiat, ces gens-là n’ont pas encore saisi qu’un noir pouvait tenir un pinceau et avoir du talent. Soyez persuasif, jouez la carte de l’exotisme ». Pour l’instant nous sommes loin de la peinture, la conversation tourne autour de ce coiffeur tueur en série qui sévit dans le Marais. Le couple d’homos n’est pas rassuré, Julien dit : « on sort très peu depuis qu’il a fait à nouveau parler de lui la semaine dernière, encore un brun étranglé au pied de son domicile. J’ai si peur pour Paul. J’ai entendu dire que le coiffeur coupait une mèche de cheveux de ses victimes.» Mon dieu qu’il est touchant. Personne ne surenchérit sur le sujet alors Douche embraye sur son domaine de prédilection : l’art pictural. Il parle comme un livre, je suis impressionné.

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