Une douleur passée

Ça allait bien, tout allait bien jusqu'à ce que je clique sur cette photo. Nouvelle photo, publiée il y a quelques jours. Il a l'air d'être heureux, un verre à la main, avec sa meute d'amis que je connais par cœur. Il a l'air d'être heureux, avec ses cheveux bouclés dans lesquels j'ai longuement passé ma main, il a l'air d'être heureux, et ce sont ses yeux bleus océan qui me le disent. Son regard azur qui, autrefois, me dévorait, me déshabillait. Ce regard qui me faisait tant frissonner semble me narguer "Hey, tu as vu, je m'en sors magnifiquement bien sans toi, hey tu as vu, toi tu es malheureuse, alors que moi, tout va bien". Han, putain, ce qu'il est beau avec cette expression du visage. Han, ce qu'il est sexy, avec son écharpe jaune, son air éberlué, tombé du ciel. Attends, attends. Son écharpe est jaune, un peu trop féminine à mon goût. Ah, je comprend, elle doit appartenir à sa nouvelle copine, à sa nouvelle conquête, à sa nouvelle femme. Putain, ce que j'aimerais qu'il revienne. Putain, pourquoi je lui ai fait promettre de ne jamais me dire s'il avait une nouvelle nana ? Je pensais avoir fait mon deuil depuis le temps, je ne pensais plus éprouver cette douleur au ventre en le voyant, je ne pensais plus avoir les larmes aux yeux rien qu'en l'imaginant, je ne pensais vraiment plus avoir froid en me rappelant sa voix, son souffle. Je ne comprend pas. Je ne comprend plus. J'ai toujours été là, mais ça n'a jamais suffit. Je n'ai pas été au top, je l'avoue, mais j'étais amoureuse comme c'est interdit de l'être. A l'heure où j'écris, les larmes coulent sur mes joues, mon corps a la chaire de poule, je frissonne, je compense mon mal de ventre en appuyant violemment avec mes mains. Rien y fait, je souffre. J'ai l'impression de mettre pris une claque magistrale. Putain, ce que j'ai mal, merde. C'est stupide, de dire tout ça, d'écrire tout ça, à mon âge. Je suis si jeune, si jeune pour vivre ça. Je n'ai pas 60 ans, je ne suis pas veuve, j'ai toute ma vie pour être heureuse. Mais si, finalement, j'étais vraiment amoureuse ? Et si cet homme avait été mon coup de foudre le plus violent ? Je me rappelle, de ces mercredis où je mentais à mes parents sur ma destination, et où je le retrouvais, les yeux cernés de noir, l'angoisse d'être mal-coiffée. Et je me sentais bien, légère, quand il posait ses yeux sur moi, quand j'avançais vers lui. Je me sentais heureuse dans ses bras, contre lui, à l'embrasser, à fumer avec lui. La seule chose qui me reste de lui, à présent, est un médiator et une étiquette de pomme. Honteux, n'est-ce pas ? C'est stupide, vraiment stupide.  J'ai trop mal, j'ai envie d'hurler, de gueuler ma douleur, j'ai envie de partir, de m'évader, de m'exiler, de me foutre en l'air, de mourir. L'imaginer dans le lit d'une autre, dans les bras d'une autre, dans le parfum d'une autre. Putain, non, putain. J'ai mal. Ces après-midi qu'on passait au soleil, dans l'herbe, à se murmurer des menaces, des douceurs sucrées, des niaiseries dignes d'un film à l'eau-de-rose. Putain, j'ai mal alors que je ne le devrais pas.  J'en ai marre messieurs, mesdames, j'aimerais bien que quelqu'un me fasse passer la pilule, ça me changerait d'en avaler. 

Et encore un écrit qui ne fait que me vider l'esprit, je devrais me lancer dans une histoire qui tient la route, je ne sais pas.