Une fleur de trottoir

Michele Hardenne

Une fleur de trottoir

Je n’étais qu’une graine, lorsque le vent est venu me chercher.

Je ne me souviens pas de mes parents, j’ignore même si je ressemble à ma mère, ou à mon père.

Parfois, à la tombée du jour, lorsque mes pétales se posent sur mon cœur, je pense à eux.

Elle, vivant dans un terreau humide, bien nourri. Elle est haute sur sa tige bien droite, ses feuilles sont du velours, sa robe pastel se couvre de perles scintillantes aux premières lueurs du jour, et lorsque le soleil la caresse, elle lui montre son cœur, et répand ses fragrances sucrées dans l’air qui vient la frôler.

Dans un jardin de ville, elle en est la reine et suscite tant d’admiration.

Lui, je l'imagine au bord de mer. Ses racines plongées dans une terre pauvre et sèche, sa tige rugueuse et forte se balançant au gré du vent salé, son feuillage découpé, épineux glauque avec des reflets argentés se laissant parfumer par les embruns.

Il a la couleur d’un ciel azuré et dans une nature sauvage, il pousse en liberté.

Au lever du jour, plantée entre deux pavés , je me redresse fièrement  et je remercie le destin de me permettre d’exister.

Dans ce milieu urbain, ma robe couleur soleil chasse le gris du ciel et du béton.

Je n’exhale pas les senteurs sucrées de ma mère, je n’ai pas la force de mon père, mais moi, petite fleur de trottoir, je suis un sourire pour les poètes !

M.H.(Michèle Hardenne)

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