Une rencontre impromptue et hop !

Et hop ! A l'orée d'une clairière je tombais sur un chasseur. Les mains en l'air, je lui dis.

-         Ne tirez pas, je ne suis pas un sanglier !

Le chasseur me regarda droit dans les yeux et avec un franc sourire, il me répondit, nonchalamment.

-         Ils disent tous cela !

Je me suis alors aperçu que ce chasseur avait une belle prestance, grand, fin, un visage avenant et un beau fusil de chasse ciselé entre les mains. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans les bois, l'homme au beau fusil a toujours une meilleure prestance que l'homme au bâton tout tordu de Pellerin.

A cet instant, un perdreau, à qui on n'avait, pourtant, rien demandé, en profita pour s'envoler d'un bosquet dans le bruissement de casseroles caractéristique à l'envol de tous perdreaux. Je m'attendais, en me contractant sur moi-même, car je n'avais pas amené mon amoureuse pour me contracter sur elle, bref je m'attendais à entendre la détonation du tir qui allait suivre… mais rien… que le silence… puis le chien d'arrêt qui aboie pour engueuler le chasseur qui n'a pas fait son boulot de chasseur, alors que lui, avait fait son boulot de chien de chasse.

-         Vous ne tirez pas les perdreaux ?

-         Si, mais celui-ci, était trop petit, j'ai oublié mes lunettes à la ferme.

-         Ce n'est pas un peu dangereux de chasser sans lunettes ?

-         Non, je ferme les yeux quand je tire, j'évite ainsi tous retours de plombs intempestifs !

-         Cela ne vous gêne pas pour viser ?

-         Oh, moi, je ne vise jamais, monsieur, je tire tout à l'intuition.

-         Et ça marche ?

-         Des fois, pas toujours ! A la dernière chasse, j'ai fait une belle pièce. Un VTT rouge et noir, très joli !

-         Et le cycliste ?

-         Oh, lui, il est parti en courant, je l'ai raté, car il zigzaguait comme un lièvre entre les arbres, on aurait dit qu'il faisait une descente de slalom géant.

-         Il était à ski ?

-         Oui, mais comme il n'y avait pas de neige, ses skis le ralentissait en l'encombrant plus que de l'aider. J'ai toujours mis le vélo dans ma gibecière.

Donc, ce chasseur qui avait de l'humour et un esprit caustique en plus de son bel accent du terroir, fit partie de ces brèves rencontres avec un inconnu  qui font plaisir. Ensuite nous avons discutés plus sérieusement des problèmes des campagnes qui se vident plus vite qu'elles ne se remplissent. Du blé qui est trop sec et de la pluie qui n'est pas assez humide. Enfin vous voyez, des problèmes quotidiens de braves gens simples attachés à leurs terres.

J'aime bien le monde rural, j'y trouve la vie plus authentique que dans nos grandes villes et les échanges entre les gens plus sincères et naturels que dans les salons où l'on cause à refaire le Monde. Les paysans, eux, aimeraient juste conserver encore un peu, l'ancien tel qu'ils le connaissaient d'avant. Le Monde d'antan pour y faire pousser la nourriture de l'Homme d'aujourd'hui.