Vagabond

clouds6

Un rien nous acable, un tout nous désarme.

Les années ne calment en rien nos ardeurs passionnées ; toujours fiévreux à l’idée de se donner corps et âme dans cette quête interminable, toujours le pied à terre et les cœurs à l’envers, mais après tout quoi de plus romanesque que ces nuits dans tes bras qui sont toujours ouverts mais qui pourtant ne me serrent pas assez fort, peut-être attends-tu simplement un moyen de mieux m'étouffer, certainement par tes mots, que j'avale, que je gobe sans même chercher à voir s'ils sont sincères ou non, sans même chercher à comprendre ce qu'ils veulent dire, mais c'est plus fort que moi, tu m'hypnotises, et je sens toutes les lettres descendre dans ma tranchée les unes après les autres, incessamment, jusqu’à tomber comme des billes de plomb au fond de mon estomac, je les sens remuer, atteindre mes parois gastriques et les calciner tant elles sont acides, tant ces mots que tu me jettes à la face sont faux ; et tes yeux, tes yeux mon amour, ils ne font qu’hurler leur désarroi, confus de ne pas savoir s’ils doivent apprécier ce qu’ils voient ou non ; puis regarde tes mains, chéri, regarde donc ces maigres bistouris, si peu agiles et peu gracieux auxquels ma peau ne résiste pas, venant constamment danser frôlant les lames glaciales et tranchantes ; maintenant prends une minute et observe tes jambes, vois-tu combien tu peines à les déplacer, combien elles semblent ne plus vouloir te supporter, toi et ton cœur de pierre ; et, enfin, regarde-moi bien, regarde-moi partir, clopinant vers l’horizon, des échardes plein les pieds d’avoir voulu jouer avec le feu, mais désormais je pars, au hasard, je disparais pour simplement mieux me retrouver.

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