Victor Victoria

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 Le film « Victor Victoria » qui date tout de même de 1982, est un peu l'exception qui confirme la règle en ce qui concerne mes gouts cinématographiques. La raison est certainement mon admiration pour cette actrice merveilleuse et radieuse qu'est Julie Andrews. Nous la connaissons tous pour son rôle culte de Marry Poppins (1964). Julie Andrews a dû renoncer au chant suite à une intervention chirurgicale des cordes vocales à la fin des années 90. Elle est cependant toujours restée active et s'est partagée entre le cinéma, l'écriture de contes pour enfants, la présentation d'émissions télévisées ou le doublage dans de nombreux films d'animation. Elle était également l'épouse de fe Blake Edwards (qui a  d'ailleurs réalisé ce film) et est aujourd'hui âgée de 82 ans. Il est clair que le couple ne faisait plus partie de la jet set médiatique depuis un moment et c'est peu dire, cela dit, Blake Edwards et Julie Andrews, méritent au moins un hommage et la reconnaissance de leurs œuvres.

 

« Victor Victoria » aura aidé l'actrice à se défaire de cette image d'éternelle nounou bienveillante qu'elle était restée depuis son rôle dans Marry Poppins. Elle affectionne particulièrement ce personnage de Victor Victoria et l'a adapté au théâtre quelques années plus tard. Il s'agit du remake d'un film allemand de 1933 « Viktor und Viktoria » (dont on se doute de la vive censure qui a suivie) et qui était un des rares à parler librement d'homosexualité et de travestissement à cette époque. Il était surtout un des premiers à aborder librement la condition muselée de la femme dans un monde d'hommes et est en cela, assez remarquable d'un point de vue historique.

 

Synopsis...

 

Dans les années 1930 à Paris, Victoria Grant, une chanteuse classique, ne trouve plus aucun contrat. Alors qu'elle touche le fond, elle rencontre un homosexuel quinquagénaire, Carroll Todd dit Toddy, qui imagine de la faire passer pour un homme, spécialisé dans les spectacles de travestis. Sous le nom de Victor Grazinski, elle connaît un immense succès dans les cabarets parisiens, au point d'attirer l'attention de King Marchand, un producteur de spectacles venu d'Amérique, en lien avec la mafia de Chicago, grand amateur de femmes et qui est extrêmement troublé de se sentir attiré par celle qu'il croit être un homme. (Wikipédia)

 

 

Victor Victoria est donc l'histoire d'une femme qui se fait passer pour un homme qui se fait passer pour une femme ! Une idée originale pour un scénario tout de même assez basique aujourd'hui, il faut l'avouer. Je ne sais pas vraiment pourquoi j'apprécie autant ce film. Le plaisir de voir Julie Andrews très certainement (et oui, à chacun ses icones !), mais je crois aussi et surtout pour le côté naïf et somme toute assez pudique pour le sujet traité. La retenue et la censure ou plutôt l'auto censure de Blake Edwards sur un sujet aussi tabou pour l'époque, à savoir l'homo et la bisexualité, l'ambigüité du côté androgyne et très esthétique que dégage Julie Andrews dans ce film. « Es tu troublé parce que tu es persuadé que je suis une femme ou parce que tu te surprends à l'idée que tu pourrais être séduit par un homme ? » La fameuse réplique à King Marchand (James Garner) qui résume bien la substantifique moelle de cette histoire. Blake Edwards, cinéaste de talent (disparu en 2010) aura d'ailleurs exploré un grand nombre de sujets dans sa longue carrière avec toujours cette pudeur respectueuse qui caractérise son époque et d'avoir fait finalement passer beaucoup de choses avec un humour adroit (la panthère rose, la party, diamants sur canapé, pour ne citer qu'eux).

 

Les points positifs du film sont son côté esthétique, les strass et les paillettes et bien sur sa BO, à l'opposé du côté sobre et épuré de certaines scènes et décors aujourd'hui  légitimement devenu un peu kitchs, la musique est cependant toujours un régal. Il y a aussi la bêtise et la petitesse d'esprit de certains personnages qui sont aussi les points forts comiques de l'histoire. Il en reste surtout un film très intemporel (Je pensais d'ailleurs qu'il était bien antérieur à 1982 avant de le revoir!) qui se regarde sans prises de têtes, bref un petit plaisir qui aime se moquer de l'étroitesse d'esprit sans être moralisateur, qui se complait parfois dans des sitcoms un peu lourdingues et qui se vautre dans des quiproquos un peu téléphonés à la Feydeau, bref, un très joli divertissement. Je dirais qu'aujourd'hui, « Victor Victoria » serait à « Cabaret » et à Lisa Minnelli ce que Johnny English serait à James Bond et à Daniel Craig ! C'est assez paradoxal, mais avouons que depuis, le sida est passé par là et que quelques révolutions ont balayé certains à priori, quoique... Victor Victoria a pris une grosse claque avec une morale qui peut sembler assez légère aujourd'hui, mais cela reste toujours un spectacle plaisant.

 

Coté critiques …

 

J'ai re-revu ce film récemment et j'ai été un peu déçu par certains de ses aspects. Le film vieillit mal et c'est un peu dommage, même s'il gardera sans doute son charme premier pour l'éternité. Son petit côté moralisateur s'estompe paradoxalement avec le temps car le sujet est traité, époque oblige, avec trop de pudeur, même s'il reste et a toujours été une comédie finalement sans réelle prétention. J'ai trouvé aussi que James Garner était finalement une grosse erreur de casting. Il fait souvent plus homme désespéré et victime de l'amour et est très peu convaincant en mafieux. James Garner a d'ailleurs souvent du mal à convaincre au cinoche dans les rôles de gros dur dont on l'a souvent affligé. Si la narration est assez bonne et rythmée durant la première partie du film, elle s'effondre un peu durant la deuxième moitié qui essaye d'emboiter trop de choses de façon assez maladroite. Le personnage du détective privé, plus proche de Mister Bean (encore Rowan Atkinson !) que du Docteur Watson, auquel il arrive une tonne de bricoles sensées déclencher l'hilarité du spectateur, agace plus qu'il n'amuse car il nous détourne finalement assez maladroitement du sujet premier… Mais, ne l'oublions pas, le film tout comme son humour, ont déjà 36 ans ! On lui pardonnera donc certaines maladresses qui ce seront révélées au fil du temps.

 

« Victor Victoria » est un classique trop méconnu qui brille encore aujourd'hui surtout grâce à Julie Andrews, pétillante comme du Champagne, radieuse comme une boule à facettes et d'une beauté singulière. Oui, je n'y peu rien, elle m'a toujours fait kiffer, entre la nounou idéale, la femme de mes rêves et une maitresse intemporelle, elle restera à jamais radieuse grâce au cinéma et malgré le temps qui passe :o)

 

Nostalgie quand tu nous tiens ! 

 

 

 

Julie Andrews est Comte Victor/Victoria Grant

 

Robert Preston est Carroll Todd

 

James Garner est King Marchand

 

Lesley Ann Warren est Norma Cassady

 

 

Prenez soin de vous.

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